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Les fractures internes à l'UMP ne cessent de se réaffirmer

Guillaume Bernard écrit sur le Figarovox :

"Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la dernière présidentielle et la campagne interne de l'automne 2012, le bateau UMP tangue dangereusement. La sévère défaite de la gauche aux municipales (et, par contrecoup, la victoire décuplée de la droite) a, un temps, laissé croire à une accalmie. Mais, outre les querelles de personnes et leurs tactiques de positionnement en prévision de 2017, ce sont les fractures internes à la droite qui ne cessent de se réaffirmer.

La déclaration d'Henri Guaino affirmant qu'il ne voterait pas pour la liste UMP dans la région Ile-de-France lors des prochaines élections européennes en est l'un des révélateurs. La dureté des propos à son égard tenus par Alain Juppé, soutenu par Jean-François Copé, lui intimant quasiment l'ordre de rentrer dans le rang ou de quitter le parti, révèle le malaise de cette formation politique:réunir une pluralité de sensibilités permet de capter différents segments électoraux, mais peut également conduire à une implosion lorsque les divergences sont trop profondes. Pour l'heure, l'UMP table, principalement, sur le rejet de l'Exécutif national socialiste et, subsidiairement, sur une dose d'intimidation intellectuelle (il n'y aurait pas d'autre Europe possible que l'actuelle UE) pour résister à la désertion d'une partie de ses électeurs vers l'abstention ou le FN.

Toutefois, même si ses résultats aux prochaines européennes devaient être satisfaisants, cela ne fera pas disparaître la triple fracture que connaît l'UMP; celle-ci est d'ordresociologique, idéologique et stratégique. Sociologiquement parlant, ladistorsion entre les électeurs et les éluss'est explicitement manifestée, l'année dernière, à l'occasion de la contestation de la loi Taubira ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels.Effarée, toute une partie de la droite s'est rendue compte qu'elle était représentée par un personnel politique qui ne partageait pas ses idées. Mais, l'évolution des mœurs et les questions de bioéthique ne sont pas les seuls sujets pour lesquels il existe une divergence profonde entre le «peuple de droite» et son élite politique. En 2005, le non (majoritairement de droite) l'avait emporté lors du référendum sur le TCE(Traité établissant une constitution pour l'Europe) alors que le Congrès avait voté, par anticipation, la révision de la constitution que la ratification de ce traité aurait rendue nécessaire et que, par la suite, le traité de Lisbonne l'a, pour l'essentiel, repris.

Henri Guaino affiche d'autant plus volontiers ses positions souverainistes qu'il sait pouvoir compter sur l'oreille attentive d'une large part des sympathisants de l'UMP. [...] 

Les dirigeants de l'UMP se retrouvent donc confrontés à ce que j'ai proposé d'appeler le «mouvement dextrogyre».[...] Les idées de droite, qui jusqu'à présent avaient été comprimées par le sinistrisme, se redéployent, regagnent du terrain et repoussent vers la gauche les idées qui occupaient son espace politique.Qu'ils l'approuvent ou non, le mouvement dextrogyre met les hommes politiques classés à droite devant une alternative: droitiser leurs programmes pour se maintenir sur leur créneau électoral ou accepter de glisser sur leur gauche s'ils entendent maintenir leur discours (dont les idées sont, en partie au moins, issues de la gauche). La «ligne Buisson» consiste dans la première option ; un éventuel retour de Nicolas Sarkozy au centre-droit incarnerait la seconde. Il semblerait que, peut-être à son corps défendant, Henri Guaino fasse partie de ceux qui, à l'UMP, se «buissonnisent».

En tout cas, les organisations partisanes classées à droite sont idéologiquement composites. Pourront-elles longtemps faire l'économie d'une réorganisation sur la base de positionnements idéologiques clairement identifiés?"

Michel Janva

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