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Crise à l’IUT de Saint-Denis: quand les étudiants racontent la dérive du système

Menaces de mort, salle de prières clandestine et malversations financières, l’Institut Universitaire de Technologie de Saint-Denis traverse une crise sans précédent, au détriment des étudiants. 

Un groupe de jeunes étudiants s’avance dans la rue Jean Marcenac pour aller en cours. Ils longent le bâtiment principal de l’Institut Universitaire de Technologie (IUT), un gros bloc gris posé face à la place du 8 mai 1945 en plein centre-ville de Saint-Denis, pour s’approcher de l’entrée. Il est 9 heures, ce mardi 20 mai au matin et les grilles sont plus fermées que d’habitude, le contrôle des cartes d’étudiants plus strict. Depuis les révélations de RTL ce lundi sur la quinzaine de menaces de mort reçues par le directeur Samuel Mayol et la découverte, lors d’une alerte à la bombe, d’une salle de prière clandestine dans les locaux, l’IUT de Saint-Denis est en crise ouverte. 

Ce coup de tonnerre intervient alors que le chef du département «Techniques de commercialisation» de l’IUT, Rachid Zouhhad, a été destitué en avril pour dysfonctionnements majeurs et soupçons d’emplois fictifs. 

Nommé en septembre 2012, l’homme aurait changé à la rentrée 2013 la moitié des 120 vacataires habituels de l’année précédente, certains remplacés par des proches. Selon RTL, 4800 heures seraient concernées pour un montant total de 200.000 euros. Le groupe d’étudiants qui arrive en cours est directement concerné par ce scandale. 

Matières pas au programme, absences à répétition 

Ils sont tous en première année dans ce département de techniques de commercialisation et subissent de plein fouet les conséquences des malversations administratives. «Tout allait bien au début de l’année scolaire» raconte l’un d’eux. «Mais on a rapidement vu que la situation n’était pas normale». 

Matières enseignées qui ne sont pas au programme national, absences à répétition de professeurs... Finalement, les étudiants sont envoyés en stage au premier semestre, alors qu’ils ont normalement lieu en seconde partie d’année. Et pour couronner le tout, le premier semestre, un des étudiants soupçonne l’administration de «trafiquer les notes» pour compenser l’absence de cours et ainsi les augmenter. 

Face aux dysfonctionnements à répétition, la situation s’envenime. Des graffitis «Zouhhad dehors» font leur apparition sur les murs de l’établissement et les étudiants font circuler une pétition, massivement signée, réclamant le départ du chef de département. Mais au mois de janvier, pas d’amélioration. Les étudiants se voient alors offrir près d’un mois de vacances car l’IUT est incapable d’assurer leurs cours. Seule explication fournie par l’administration: des «restructurations» sont en cours. «C’est le contraire qui s’est passé» s’indigne Alicia. «On nous envoie un nouvel emploi du temps toutes les semaines mais ça change tous les jours». «Quand on vient ici, on n’est jamais sur d’avoir cours» rajoute un autre étudiant. «On peut nous demander de venir à 8h30 et ne pas avoir cours avant 11h». 

Cours de ‘compta’, le compte n’y est pas 

Depuis, Rachid Zouhhad est parti, «remercié» en avril. Mais son départ n’a pas arrangé les choses car certains enseignants sont partis avec lui. Le professeur de comptabilité, anciennement directeur des études, ne s’est pas présenté aux élèves depuis le mois janvier. «Il soutient ouvertement monsieur Zouhhad et enchaine les arrêts maladie» s’indignent les étudiants. «Notre nouvelle responsable pédagogique tente d’améliorer les choses», explique une étudiante, sans trop y croire. Pour rattraper le retard, les étudiants du département vont devoir enchaîner les cours dans certaines matières et ils s’inquiètent pour leur avenir. «On n’avance pas, on n’apprend rien, on est déçu» disent-ils en choeur. La semaine prochaine, ces étudiants devront rendre un dossier pour leur cours de comptabilité. Or, au second semestre, ils ont assisté à leur premier cours de cette matière... hier. 

Concernant la salle de prière clandestine, découverte par la police lors d’une alerte à la bombe en février dernier, les étudiants se font moins diserts, voire bottent en touche. Ils étaient au courant pour la salle de prière mais n’ont pas particulièrement ressenti de prosélytisme au sein de l’IUT, expliquent-ils. On sent néanmoins que le sujet de la religion n’est pas facile à aborder dans cet établissement et que les étudiants sont mal à l’aise. Comme le résume l’un d’eux de manière laconique, «la parole de Dieu est importante ici».

Source : http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/crise-a-l-iut-de-saint-denis-quand-les-etudiants-racontent-la-derive-du-systeme-5412/

http://www.oragesdacier.info/2014/05/crise-liut-de-saint-denis-quand-les.html

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