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Comment les banques centrales affament les pauvres !

En ce moment, je reçois beaucoup de questions sur l’inflation, en particulier aux USA où certains prix, tels le pétrole et la nourriture, commencent à monter. Pour beaucoup de gens, il semble que l’inflation soit la solution à l’endettement généralisé et que la politique américaine ait enfin réussi à faire redémarrer l’inflation.

J’ai donc pensé qu’il serait utile de rappeler quelques vérités premières sur ce qu’est ou n’est pas l’inflation.

La première réalité à bien comprendre est la suivante :

L’inflation en aucun cas ne crée de la richesse, elle ne fait que transférer de la richesse d’un agent économique à un autre, de celui qui prête à celui qui emprunte, de celui qui n’a que sa force de travail à offrir à celui qui a des actifs et/ ou qui produit des biens de façon quasi monoblastique.

Pour une banque centrale qui voudrait organiser ces transferts, le plus simple est de maintenir des taux d’intérêts réels négatifs, le but étant de procéder à ce que Keynes appelait « l’euthanasie du rentier ». Pour un keynésien en effet, tous les malheurs du monde viennent toujours d’un excès d’épargne qu’il faut corriger en la pénalisant pour forcer les épargnants à sortir leur argent de dessous leurs matelas. Malheureusement, et comme le disait Bastiat, en économie, il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas.

Prenons la situation actuelle.

Depuis bientôt 6 ans, la banque centrale américaine, la Fed, suit une politique parfaitement keynésienne en maintenant des taux réels négatifs sur les taux courts, ce qui veut dire en bon français que celui qui achète des bons du trésor US voit le pouvoir d’achat de son capital baisser au travers du temps.

A l’heure actuelle, la hausse des prix aux USA avoisine les 2 % et les taux à 3 mois sont à zéro, ce qui veut dire que le pouvoir d’achat du rentier baisse de 2 % par an. Des taux réels négatifs sont donc en fait un impôt sur le capital, imposé non pas par les autorités fiscales mais par la banque centrale. Ce n’est pas la première fois que la Fed suit cette politique.

Toutes les périodes de taux réels négatifs ont coïncidé avec des fortes hausses de deux produits essentiels : le pétrole et la nourriture. En revanche, dans les périodes de taux réels positifs, les prix de ces matières premières baissent ou restent stables.

Pourquoi ? Quelques mots d’explications sont nécessaires ici.

Le prix de ces matières est libellé en dollars US. Lorsque nous avons des taux réels négatifs, le taux de change du dollar US baisse. Les prix des matières premières s’ajustent à la hausse, pour compenser cette baisse du dollar. Cette hausse acquiert assez rapidement un caractère durable dans la mesure où la Fed annonce à qui veut bien entendre que les taux vont rester négatifs pendant encore très longtemps.

Et donc, les matières premières montent… Mais c’est là que nous retrouvons « ce qui se voit et ce qui ne se voit pas ».

Qui en effet souffre le plus de cette hausse des matières premières ? Ce sont ceux que j’appelle « les petites gens », c’est-à-dire tous ceux qui ont des revenus en dessous de la moyenne. Pour eux, les dépenses énergétiques et de nourriture représentent une part très importante de leur budget et ce sont des dépenses absolument indispensables. Pour eux, une hausse des prix dans ces deux postes est exactement équivalente à une hausse des impôts. Leur revenu disponible, après impôts, loyer, nourriture et énergie (toutes dépenses absolument nécessaires) baisse de façon catastrophique.

Et du coup, leur consommation sur les autres produits, qui représente une part importante de la consommation nationale, baisse très fortement. Ce qui entraîne bien évidemment un ralentissement économique dans tous les secteurs qui vendent en priorité à cette catégorie de population.

Ainsi, Wal-Mart, le Carrefour américain, qui vend en priorité à cette clientèle, voit ses ventes baisser d’une année sur l’autre tandis que ceux qui vendent à la partie la plus fortunée de la population voient leurs ventes s’envoler, puisque le prix des actifs détenus par ces gens monte fortement.

Dans le fond, une politique de taux réels négatifs est une immense subvention à ceux qui contrôlent des actifs financiers ou immobiliers et la note est payée par ceux qui n’ont que leur force de travail à offrir. Ce que fait la Fed, c’est de subventionner les riches en taxant les pauvres. Il s’agit en fait d’une politique extraordinairement régressive socialement et humainement, qui ne fait que creuser l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, ce qui politiquement ne peut pas ne pas amener à de graves problèmes.

Mais cela va s’arrêter le jour où cette baisse du niveau de vie des plus pauvres aura été suffisamment forte pour que cela déclenche une récession, par insuffisance de la demande, ce qui peut apparaître paradoxal dans la mesure où toute la politique a été faite pour « stimuler la demande », mais qui est la réalité.

Et lorsque cette récession arrivera, le prix de tous les actifs baissera sèchement et ce sera le tour des riches d’être appauvri. Et il est à parier que le prix du pétrole et le prix de la nourriture, à ce moment là, baisseront aussi et que le dollar montera. Si appauvrir les riches pour transférer leur argent aux pauvres n’est jamais une solution, appauvrir les pauvres pour transférer de l’argent aux riches devrait être encore moins envisageable. Et pourtant, c’est le résultat inéluctable de la politique suivie

Pour résumer :

- Certains prix sont orientés à la hausse, ce qui est la conséquence des taux réels négatifs aux USA.

- Ces prix font baisser le niveau de vie d’une grande partie de la population, ce qui amène à une baisse de la consommation.

- Cette baisse de la consommation va déclencher une baisse des prix d’abord sur tous les produits non indispensables que les « non riches » avaient l’habitude d’acheter, puis sur tous les autres au travers d’un ralentissement économique, voire d’une récession.

- Et il est à craindre que la Fed à ce moment-là ne décide qu’il faille continuer avec la politique des taux réels négatifs plus longtemps encore, en vertu du bon principe technocratique selon lequel la politique appliquée est la bonne, mais elle n’a pas été mise en œuvre avec suffisamment de vigueur….

Le cercle vicieux par excellence.

Charles Gave

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