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La politique n'admet ni l'amateurisme ni le romantisme

De Frédéric Pichon dans Présent :

"« La politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. »

Si cette phrase de Richelieu n’est pas “thomiste” elle n’en souligne pas moins l’urgence de deux impératifs :

- La politique est un art.

- La politique s’attache non pas aux fins dernières mais à la nécessité.

La bonne volonté si elle est nécessaire n’est pas suffisante.L’amateurisme ou le romantisme en politique sont des écueils souvent rencontrés dans les milieux de droite. La politique est un art qui suppose une méthode, une connaissance du terrain ainsi que des forces en présence.

Le Christ lui-même le rappelle : « Quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille ? S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. »

La politique implique donc un rapport de force et envisage la possibilité de composer avec des personnes ne partageant pas l’intégralité de ses convictions.

Force est de constater que beaucoup de catholiques dits intransigeants ne réalisent pas que nous vivons dans une époque profondément déchristianisée. S’il reste quelques vestiges culturels et même quelques valeurs chrétiennes sécularisées, l’argument d’autorité ne suffit plus. Les cœurs et les intelligences sont blessés et ce ne sont pas les arguments péremptoires qui feront changer les choses : au contraire.

Par conséquent,si la politique peut être indirectement un instrument d’évangélisation pour les chrétiens, il ne s’agit pas de sa fin propre.

La fin propre du politique est la recherche du bien commun. Dans une société profondément éclatée, il s’agit de retrouver ce qui contribue à la concorde des citoyens sans qu’aucuns, en particulier les plus faibles,  ne soient sacrifiés. Bien entendu, il ne s’agit pas de transiger avec la vérité mais pour que celle-ci soit audible, il faut du temps, de la persuasion et de la patience.

Le rôle du Prince en politique n’est pas de jouer à l’infirmier mais d’éviter les malheurs publics. A l’Eglise, à la société civile, aux associations, aux familles d’assurer les bonnes œuvres et de panser les plaies des corps et des cœurs.

Quand les catholiques de droite disent qu’il faut défendre les “valeurs”, ils ont tout à fait raison. Mais ils oublient deux choses : la première c’est d’être cohérents et exemplaires auprès de ceux qui souffrent et qui n’ont pas reçu autant qu’eux. Et de ne pas apparaître seulement comme les défenseurs d’un communautarisme en concurrence avec les autres, mais comme les véritables défenseurs de la cité. Car le communautarisme n’est pas seulement une plaie pour le bien commun, il est aussi, s’agissant des catholiques, un obstacle à une véritable évangélisation.

L’ouvrier d’Hénin-Beaumont ou de Forbach ne fait peut-être pas de la lutte contre le “mariage pour tous” sa priorité, même s’il est fondamentalement contre car comme le disait Orwell, la “morale commune” (ou “common decency”) est plus répandue chez les classes populaires, qui sont plus saines que les élites. Mais il subit déjà les foudres de la mondialisation : délocalisation et immigration de masse. Et c’est sans doute là sa priorité.

Jaurès lui-même le disait : « A ceux qui n’ont plus rien la Patrie est le seul bien. »

Or, aujourd’hui, si elle est confrontée à un déclin d’ordre moral, culturel et spirituel, la France s’est vue dépouiller des attributs de sa souveraineté au profit de l’Union européenne et d’une oligarchie financière mondiale (qui va étendre ses pouvoirs avec le traité transatlantique) et de son identité par une immigration de masse encouragée par cette même oligarchie sans scrupule.

De sorte que les impératifs liés au combat pour les valeurs ne peuvent être dissociés de la défense de la souveraineté de la France, de son identité nationale et de la justice sociale.

Dans ce dosage, certains  trouveront qu’on n’accorde peut être pas suffisamment leur place aux valeurs. Il leur appartient de les porter sans arrogance et de faire fructifier le talent qu’ils ont reçu par leur baptême."

Michel Janva

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