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Economie : la France s'asphyxie

Philippe Crevel, fondateur de la société d'études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, spécialiste des questions macroéconomiques, des questions relatives à l'épargne et à la retraite, écrit dans Le Figaro :

"[...] Nos quarante années de déficits publics ne seraient pas en soi condamnables s'ils étaient la traduction de dépenses d'investissement rentables. Or, au fil des années, l'investissement se contracte au profit des dépenses de fonctionnement. En multipliant les équipements publics, en élargissant le périmètre des prestations sociales sans jamais réellement effectuer des redéploiements, la France s'asphyxie peu à peuAvec 56 % de dépenses publiques, il est surréaliste de constater que certaines collectivités publiques sont au bord de la faillite. Certes, l'État a sa part de responsabilité en ayant transféré des dépenses sociales à forte croissance sans pour autant avoir attribué une véritable autonomie aux collectivités locales. Il faut également souligner que malgré de conséquents transferts de personnel, le nombre de fonctionnaires d'État reste identique au fil des années à quelques nuances près. En contrepartie, la fonction publique locale est passée de 1,1 million en 1990 à 1,862 million en 2012. Sur 242 milliards d'euros de dépenses, les collectivités locales consacrent près de 60 milliards d'euros pour payer leurs fonctionnaires. Les effectifs des départements s'élèvent à 360 000 (organismes départementaux compris) contre 170 000 en 2000. Au niveau des régions, plus de 80 000 fonctionnaires y travaillaient en 2010 contre 10 000 en 2000. Si les communes sont relativement sages en matière de création d'emplois avec 1,3 million de fonctionnaires, en revanche, les organismes intercommunaux sont en plein boom. Les organismes intercommunaux employaient, en 2012, 360 000 fonctionnaires.En France, plus de 5,5 millions de personnes travaillent pour l'État, les régimes sociaux ou les collectivités locales. Malgré une forte augmentation des effectifs, les Français jugent sévèrement la qualité du service rendu. L'enchevêtrement des compétences, les 35 heures, le caractère kafkaïen rendent difficiles les relations avec les citoyens même s'il faut le souligner l'administration française est plutôt en pointe dans le domaine du digital.

La France, avec une dette publique de plus de 93 % du PIB, avec un déficit public voisin de 4 %, est sur la mauvaise pente faute d'avoir réussi à maîtriser ses dépenses publiques courantes d'autant plus que nous devons faire face au défi du vieillissement.Les dépenses liées à la retraite, à la dépendance et à l'assurance-maladie pourraient s'accroître de 4 à 6% du PIB d'ici à 2030. Si aucun redéploiement n'est opéré d'ici trois à cinq ans, la France court de véritables risques. Actuellement, les faibles taux d'intérêt permettent au pays de s'endetter à faibles coûts mais cette situation n'est pas éternelle et pourrait vite se retourner si des doutes apparaissaient sur la capacité du pays à faire face à son passif social."

Michel Janva

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