« Il est aujourd’hui évident qu’un démantèlement des systèmes financier et commercial internationaux est en cours, mais il est encore possible de l’arrêter. » a déclaré ce vendredi le premier ministre russe Dmitri Medvedev dans son discours prononcé devant le « Forum international d’investissement » de Sotchi.
Effectivement, avec ou sans l’Occident qui semble ne rien voir venir tout en étant si satisfait de lui-même, le monde est petit à petit en train de changer.
On pense inévitablement au méga-contrat de 400 milliards de dollars sur 30 ans conclu entre Gazprom et la China National Petroleum Corporation (CNPC) et dont les transactions ultérieures devraient être libellées en monnaies nationales (russe ou chinoise) plutôt qu’en dollars américains. L’usage du rouble et du yuan est également envisagé plus largement pour tous les échanges commerciaux entre les deux puissances.
Il y a deux mois, en juillet, la Turquie demandait à son partenaire russe que les deux pays se débarrassent progressivement du dollar dans leur commerce réciproque afin de n’utiliser, à terme, que leurs monnaies respectives.
Il est également prévu que, dans un proche avenir, les transactions entre la Russie et l’Iran se passent définitivement du dollar.
Ce jeudi, c’est l’Argentine qui a proposé à la Russie de passer aux échanges commerciaux en devises nationales.
Pensons également à la volonté affichée des BRICS de s’émanciper du FMI et de la Banque mondiale.
Enfin, face à la gesticulation du parlement européen ayant voté hier une résolution appelant à exclure la Russie du réseauSWIFT – vote sans aucune conséquence juridique étant donné que SWIFT est une entreprise privée –, la Russie ne manque pas de faire savoir que, quoiqu’il en soit, sa banque centrale se prépare déjà depuis début août à une éventuelle déconnexion des services de SWIFT (à l’instar de ce qui s’est passé avec Visa et MasterCard) en commençant à élaborer un analogue russe de SWIFT.
Lentement mais sûrement, le monde change et échappe peu à peu à la domination arrogante de l’Occident en déclin.
Baudouin Lefranc