A plus de deux ans et demi du premier tour de la présidentielle, il faudrait être bien sots ou naïfs pour tirer des conclusions définitives des sondages concernant les probables acteurs majeurs de la course à l’Elysée en 2017. Tout juste peut-on sentir, quand on en discute avec les Français, ce que les enquêtes d’opinions indiquent aussi, à savoir que Nicolas Sarkozy n’est pas attendu comme le messie. A l’image d’un Chirac affublé avant lui du surnom de « Super menteur», décrit en 2002 par Lionel Jospin comme «usé, fatigué et vieilli », ce qui certes n’avait pas empêché le Premier ministre socialiste de mordre la poussière, le mari de Carla Bruni ne fait pas (plus) rêver le peuple de droite. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié samedi, 75 % des personnes interrogées jugent que son retour en politique est «raté», constat partagé par 57 % des sympathisants de droite (contre 41 %) et même 48 % des sympathisants de l’UMP. 77 % des sondés estiment aussi qu’il n’a fait aucune proposition intéressante pour la France, dont 58 % des sympathisants de droite et une majorité encore plus écrasante des sympathisants du FN et de l’UDI. Seuls 54% des sympathisants de l’UMP sont d’un avis contraire alors qu’ Alain Juppé voit sa cote de confiance se confirmer au détriment de M. Sarkozy(45 %, soit + 2 points par rapport à il y a un mois, contre 24 %, soit – 4 points).
Les partisans de Nicolas Sarkozy se plaisent à imaginer qu’Alain Juppé connaitra au final le sort d’un Edouard Balladur face à Chirac en 1995. Pour autant, les sondages en hausse dont jouit l’ex calamiteux Premier ministre et tout aussi médiocre ancien ministre des Affaires étrangères (« le meilleur d’entre nous » , sic), révèle en creux la désaffection vis-à-vis de Sarkozy. Il apparait au fil de ses réunions rongé par les tics, les mauvais gimmicks, utilisant des formules attrape-tout déjà testées en 2007 et 2012 avec l’insincérité que l’on sait. Il est devenu sa propre caricature et cela les Français le perçoivent.
A contrario, signe que nos idées sont en phase avec les attentes de nos compatriotes, qu’elles sont clairement perçues comme une alternative à la pensée unique et bien évidemment preuve du grand talent de la présidente du FN, selon un sondage Ifop pour le JDD, 60% des Français estiment que Marine Le Pen est la personnalité qui s’oppose le plus à François Hollande.
Cette enquête pointe surtout l’écart entre Marine et ses adversaires pour incarner ladite alternative au socialomondialisme. Car à cette même question «parmi les personnalités suivantes de droite, laquelle s’oppose le plus selon vous dans ses propos et ses actions à François Hollande? », Nicolas Sarkozy ne recueille que 21%, Alain Juppé 8%, François Bayrou et François Fillon 4%…
Tout aussi révélateur de ce clivage qui ne cesse de se creuser entre le peuple de droite et ceux qui affirment en être les représentants légitimes, parmi les sympathisants de l’UMP, ils sont 59% à avoir cité Marine Le Pen, 25% Nicolas Sarkozy et 10% Alain Juppé. Un véritable coup de massue dont les effets ne vont pas manquer de se faire sentir dans les rangs de la droite courbe…
A gauche c’est Jean-Luc Mélenchon qui est cité comme premier opposant au hollandisme , devant Martine Aubry (22%), Arnaud Montebourg (14%), Cécile Duflot (12%) et Benoît Hamon (5%).
Dans un entretien donné au JDD, Marine constate qu’ «aujourd’hui, il n’y a plus de président de la République en France. Son prédécesseur faisait en sorte que cela se voit moins, mais c’est la même chose ». Elle pointe la «fracture entre le peuple et l’exécutif» et en en appelle une nouvelle fois à la «dissolution de l’Assemblée nationale, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen » et parce qu’il faut « purger le malentendu gigantesque né de la mise en œuvre d’une politique rejetée par une majorité de Français ».
Faut-il s’étonner dans ces conditions de la chute colossale du nombre d’adhérents au PS ? Le site d’Europe 1 indique qu’au 31 juillet, le Parti socialiste avait enregistré 60 % de déperdition du montant de ses recettes d’adhésion. Et ce, « avant le remaniement, et avant l’affaire Thévenoud ».
« A titre d’exemple Europe1 a sondé une quinzaine de fédérations socialistes. Résultat : il y a des pertes partout. Dans « la fédération du Nord, l’une des plus importantes», «dans certaines sections», notamment «à Dunkerque (…), on a perdu la moitié des adhérents».
« En Charente-Maritime, sur les 1 000 militants, à ce jour, 500 participent effectivement à la vie du parti. En Gironde, certaines sources évoquent un effondrement de 4 000 à 2 000 cartes. Dans le Rhône, on prévoit 500 adhérents perdus sur 4 000. Et dans l’Isère, ce sont 1 000 adhérents sur 2 000 qui n’ont pas repris leur carte. Et la liste est loin d’être exhaustive ».
Une érosion très nette aussi à l’UMP. Les adhérents trahis, tapés au portefeuille par le Sarkothon, écœurés par l’affaire Bygmalion, les salaires somptuaires des apparatchiks , la guerre des chefs, l’absence de ligne politique claire devraient aussi être extrêmement nombreux à ne pas renouveler leur cotisation. Une réalité déjà avouée par les dirigeants de ce parti lorsque le scandale Bygmalion a éclaté.
Officiellement l’UMP comptait 300 000 adhérents en 2007 et encore un peu plus de 268 000 adhérents actuellement. Un chiffre totalement bidonné. Le 16 juin dernier L’Express citait « une source à l’UMP» qui faisait état de «125 000 adhérents à jour de cotisation», plus de deux fois moins que le chiffre avancé aujourd’hui par la direction de ce parti !
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, indiquait au lendemain de la déculotté des européennes que son parti avait perdu «25 000 adhérents» en deux ans. En 2012 le site internet du PS revendiquait encore «plus de 200 000 adhérents»…mais seulement 160 000 adhérents à jour il ya quelques mois . Un nombre qui apparait encore bien trop élevé pour être honnête, mais il est vrai qu’il y a trois ans le MoDem revendiquait 35 000 adhérents, EELV 16 000 et le PC «70.000 à jour de cotisation»…
Le Front National lui, a pendant longtemps pratiqué la discrétion sur le nombre de ses adhérents. Au motif que les partis du Système gonflant indûment le chiffre de leurs encartés, l’opposition nationale n’entendait pas entrer dans cette surenchère mensongère.
Juste avant la terrible scission mégrétise de décembre 1998, le FN comptait environ 50 000 adhérents, chiffre tombé à 6000-7000 en 2000. En janvier, pour le congrès de Tours, le FN comptait 22 000 adhérents à jour de cotisation. En janvier 2012, le secrétaire général Steeve Briois indiquait le chiffre de 40 000 .
Fin 2012 indique le Huffington Post qui vient de consacrer un article à la progression fulgurante du nombre des adhérents frontistes, «en pleine crise interne de l’UMP, Marion Maréchal-Le Pen assurait que le FN enregistrait une explosion des adhésions« avec près de 600 adhésions jour. Entre le premier tour de l’élection présidentielle, qui a dopé les ralliements, et le psychodrame de l’UMP, le Front National affirmait être passé de 50.000 à 61 000 adhérents.»
« Selon les informations du Huffington Post est-il écrit, le parti de Marine Le Pen compterait à ce jour 83 000 adhérents. Un chiffre qui correspond à quelques centaines près au corps électoral qui sera habilité à voter lors du prochain congrès de la fin novembre, indique une source frontiste au site d’information ».
Prenons à titre d’exemple le département du Var. Le journal Var matin qui consacrait un article à la visite de Marion Maréchal-Le Pen au sénateur-maire David Rachline et au SD du FN 83 Frédéric Boccaletti, cite celui-ci. Le département compte en effet « près de 4 200 adhérents à jour de cotisation », alors qu’ils étaient «moins de 500 en 2010». Une dynamique qui renforce l’enracinement local: « après le lancement récent d’un journal», d’un «nouveau site Internet dans quelques semaines », « de nouveaux bureaux vont par ailleurs être ouverts à Hyères », ville où s’est présentée Bruno Gollnish aux élections municipales et législatives.
Il existe bien sûr une corrélation entre le poids politique d’un parti et son nombre d’encartés. Le cercle vertueux adhésion-implantation-développement que l’on voit se confirmer peut être en effet perçu comme le suggère un article du Figaro comme un effet de «vase-communicant», le résultat de la désaffection d’ex adhérents et électeurs de l’UMPS. Tout cela est de très bon augure pour les futures échéances électorales note Bruno Gollnisch. Mais nous le savons aussi, notre accession au pouvoir est aussi grandement conditionnée par notre faculté à attirer à nous dans les urnes la grande masse des abstentionnistes qui ne croient plus depuis longtemps en la capacité d’une formation politique, quelle qu’elle soit, à sortir notre pays de l’ornière. C’est aussi à eux que nous devons nous adresser prioritairement.