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Délinquance et « victimation » : manipulations médiatiques et statistiques

« Tout va très bien, madame la marquise… tout va très bien » : les médias à l’unisson se sont félicités de la publication du dernier rapport de victimation de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénale (ONDRP).

 

Et pour cause ! Tous n’ont que deux sources qu’ils recopient gentiment : l’AFP et le chargé de communication de l’observatoire, Cyril Rizk, un attaché administratif, ancien communicant de la mairie socialiste de Poitiers.

Et l’article de l’AFP est truffé d’approximations et d’erreurs.

L’une est de grande taille : tous les médias, à la suite de l’AFP, ont parlé de chiffres de 2014, sous-entendant que la situation ne s’est pas dégradée avec les socialistes. Or, l’enquête a été conduite début 2013 et porte sur les années 2011 et 2012…

Si stabilisation il y a eu, elle est donc antérieure à l’avènement de François Hollande, Valls et Taubira.

Au demeurant, cette stabilisation est douteuse. Il faut lire la page 62 du rapport intitulé « point méthodologique » : on y apprend que le nombre de « répondants » a baissé, tombant à 14.500 au lieu de 17.000 les années précédentes. Parce que le « taux de collecte », c’est-à-dire le nombre de gens qui acceptent de répondre par rapport au nombre de logements de l’échantillon, a nettement baissé. Et curieusement, c’est en Île-de–France, où la délinquance est élevée, que le taux chute inexplicablement de 65 % de répondants à 35 %.

Sans importance, bien sûr, car aucun « journaliste » ne s’est reporté à la source originale (62 pages, plus de 50 tableaux). Et, d’ailleurs, le lien numérique vers celle-ci n’est indiqué nulle part [PDF].

C’est vrai, c’est dangereux, Internet : les Français pourraient y découvrir des choses qu’il convient de leur cacher. Par exemple, que le nombre de ceux (sous réserve de la validité statistique) qui sont victimes de violences hors de chez eux s’élève en 2011/2012 à 1.626.000. S’il y a une « accalmie », elle est à un niveau élevé : 12,3 % de la population des plus de 14 ans.

À la lecture du rapport, les Français auraient pu découvrir que beaucoup d’évolutions dont on leur a parlé ne sont pas « statistiquement significatives ». En revanche, la progression du « sentiment d’insécurité dans les quartiers et les villages » progresse bel et bien de manière statistiquement significative selon les auteurs : 22,1 %, en augmentation de 11 % par rapport à 2007. Or, le sentiment d’insécurité, c’est ce qui limite la liberté d’aller et venir et donc le risque d’être agressé à l’extérieur de chez soi…

L’analyse des chiffres montre aussi la très grande faiblesse des infractions les plus médiatisées : ainsi les injures à caractère « raciste, antisémite, xénophobe ou homophobe » (hou, hou comme c’est vilain !) ne représentent que moins d’une injure sur cinq… et stagnent malgré leur médiatisation frénétique.

Bref, dans cette affaire comme dans d’autres, les « experts » gouvernementaux ont montré tout leur art de l’enfumage : échantillon biaisé, étude opportunément synthétisée et commentée de manière orientée, temps d’avance donnée à l’AFP et non-médiatisation du lien numérique.

Quant aux « journalistes » des médias de l’oligarchie, ils ont montré toute l’étendue de leur talent : la paresse au service de la propagande.

Jean-Yves Le Gallou

Boulevard Voltaire :: lien

http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuElkluyFEOfGSIYJr.shtml

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