C'est un nouveau mot hybride (venu de "ça va péter") de l'un de nos meilleurs observateurs économiques, Éric Le Boucher. Un mot qui fait mal !
D'habitude, il est plutôt avare de mots, ce qui ne l'empêche pas d'en inventer. Chroniqueur aux Échos, à L'Opinion et à Europe 1, Éric Le Boucher a écrit un premier livre solo en 2005, Économiquement incorrect (éd. Grasset). Le second, Les Saboteurs, est paru en septembre dernier (éd. Plon). C'est dire que le bonhomme pèse ses mots dans un métier de journaliste économique où l'on a tendance à encombrer les linéaires spécialisés des librairies. Ce que nous dit Éric Le Boucher dans ce dernier opus, c'est que, après des décades de non-sens économique, la France est devenue la victime d'une classe politique qui a saboté le pays "en l'enfermant dans le passé et en attisant nos peurs". Qu'il est "temps de trouver des dirigeants qui osent tourner la France radicalement et positivement vers le XXIe siècle", et que "les saboteurs [doivent être] renvoyés".
Il n'est pas le seul à tenir ce discours, mais, dans sa chronique du 19 décembre dans Les Échos, il va encore plus loin, estimant que le pays est maintenant à la veille d'une explosion : "Encore deux ans et demi à tenir, comme ça, avant 2017 ? Est-ce possible ?" écrit-il, ajoutant : "Dans les rangs des déprimés, aux déclinistes s'ajoute aujourd'hui une nouvelle catégorie : les çavapétistes [qui] pensent que ça ne peut plus durer [et que] ça va péter." L'auteur constate que le pays glisse irrémédiablement vers le bas et que "ses corps constitués sont arthrosés et paralysés" et sa classe politique "prisonnière du déclin, voire incompétente et couarde".
5 scénarios pour une catastrophe
Arrivé à ce stade de sa réflexion et prenant en quelque sorte à son compte les arguments des "çavapétistes", Éric Le Boucher nous annonce cinq scénarios possibles pour l'explosion de la grande colère qui monte.
1. La rue : une "coagulation" des exaspérations est toujours possible.
2. Les jeunes : en 1968, tout était parti d'un feu de broussailles de jeunes étudiants de la fac de Nanterre manifestant parce qu'on leur interdisait l'accès au dortoir des filles.
3. La surprise : les Bonnets rouges ou les "zadistes" écolos qui veulent "bloquer toute atteinte aux grenouilles des marais"... L'étincelle peut venir de partout.
4. Les marchés financiers : "La France joue avec un autre feu : celui des taux d'intérêt [...]. Regardez en Russie, tout se passe très vite [...], la crédibilité de la France peut aller au tapis en quelques jours et le gouvernement avec."
5. Dernier scénario : une victoire de Marine Le Pen, scénario catastrophe s'il en est. Elle mettrait le pays à genoux en quelques mois avec ses dévaluations massives et ses nationalisations forcées. Les vrais réformistes de gauche et de droite pourraient alors se réunir autour d'un projet commun, et du "chaos" pourrait "renaître une France redevenue normale".
Évidemment, tout cela fait peur, et particulièrement ce dernier scénario. Éric Le Boucher conclut ainsi sa chronique sur le "çavapétisme" : "Il est bien triste d'en arriver à souhaiter la crise. Le pays n'a-t-il plus assez de forces, d'atouts, de responsables courageux pour s'éviter une catharsis ?" Et là, on dirait qu'il n'y croit plus...
Jean Nouailhac
source : Le Point
http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuEAkypZFVktLgtWVC.shtml
(l'auteur du blogue n'est pas d'accord avec l'article, il est osté à titre d'info...)