L’essayiste Pascal Bruckner a souhaité réagir à l’affaire Zemmour ainsi qu’à l’attaque qui a frappé le commissariat de Joué-lès-Tours samedi dernier.
Que vous inspire l’«affaire Zemmour»?
Cet incident dérisoire est révélateur de l’état du débat en France qui est pratiquement devenu impossible. On ne discute plus, on scrute les moindres propos des personnes publiques. On traque le dérapage et la sphère politico-médiatique se transforme en club de sémanticiens fous. Le moindre mot qui porte à contestation est immédiatement soumis au tribunal de la correction politique. Tout ça se fait au détriment de la liberté d’expression. Je suis pour ma part un libéral à l’anglo-saxonne, opposé à toute restriction de l’expression publique et de la parole. Même les plus bêtes et les plus odieuses. D’autant que la censure aboutit inévitablement au résultat inverse de ce qu’elle recherche.
Que vous inspire l’attentat de Joué-lès-Tours?
C’était malheureusement prévisible. Dans une interview au Figaro, au lendemain de la mort d’Hervé Gourdelle, j’avais annoncé de telles tragédies. L’État islamique a commandé explicitement à tous les croyants de tuer à n’importe quel prix. De Sydney à Joué-lès-Tours et de Peshawar à Londres, la planète entière est devenue une zone à risque. Le nihilisme djihadiste menace partout et tout le temps et d’abord les musulmans eux-mêmes. L’année 2014 restera celle où nous avons pris la mesure de cette menace concrète et mondiale