Lu dans Présent :
"Le fédéralisme des États-Unis a toujours été l’un des piliers institutionnels du pays, sans cesse soumis à deux sortes de pressions antagonistes : l’une, partie de Washington, cherchant à rogner sournoisement la marge de manœuvre dont jouit légalement chaque État ; l’autre, issue des États fédérés, souhaitant protéger leur autonomie face aux pulsions expansionnistes du pouvoir fédéral. Les Pères fondateurs avaient prévu cet inévitable bras de fer. Et d’ailleurs, les présidents successifs ont tous eu, plus ou moins, les mêmes réflexes centralisateurs aux dépens des petites républiques que représentent les cinquante Amériques en miniature. Mais l’histoire de la rapacité washingtonienne nous apprend que c’est Barack Obama qui est allé le plus loin dans les attaques contre les principes fondamentaux du fédéralisme. Le 20 novembre dernier, il annonça qu’il allait – par simple décret – permettre à plus de cinq millions d’immigrants illégaux de devenir, à plus ou moins brève échéance, des citoyens à part entière.
Cette décision présidentielle, qui a toutes les allures d’un véritable diktat puisqu’il marginalise complètement le Congrès, fit l’effet d’une bombe non seulement dans le monde politique, mais dans le pays tout entier. Chaque État se sentit humilié dans ses prérogatives et meurtri dans sa définition. De plus, toucher à un dossier aussi brûlant, c’était du même coup faire preuve d’arrogance et même de provocation.Dix-sept États décidèrent de poursuivre devant la justice l’État fédéral représenté par Obama. Une initiative peu commune qui montre bien le degré d’exaspération atteint par la mosaïque américaine. Dix-sept États – pour l’instant – dont le courroux s’exprime à travers cinq griefs condamnant le trop fameux décret : il viole la Constitution car il court-circuite les élus sur un problème crucial ; il va provoquer une nouvelle marée de clandestins le long de la frontière méridionale ; il augmentera dans chaque État les charges financières provoquées par la présence d’étrangers ; il détourne le pouvoir fédéral de sa véritable mission qui est de faire appliquer les lois existantes ; enfin, il pervertit l’esprit des institutions qui donnent au Congrès – et non au Président – la responsabilité des arsenaux législatifs.
Parmi les dix-sept États plaignants, on trouve les deux Carolines, l’Alabama, la Louisiane et surtout le Texas. C’est lui qui a pris cette initiative judiciaire au nom de sa propre vulnérabilité face à l’invasion permanente du tiers-monde. Un Texas écœuré par l’inertie des pouvoirs publics de Washington et furieux de constater que le seul geste d’Obama, dans cette affaire d’immigration, est un geste non seulement contraire aux principes fondateurs, mais également contraire aux intérêts du pays. L’attorney general(ministre de la justice) du Texas, Greg Abbott, a donc été chargé de déposer la plainte commune devant une cour fédérale. Abbott semble être un personnage à suivre. Il est à ce poste depuis 2002, mais le 4 novembre dernier il se présenta à l’élection devant prolonger ou renouveler le pouvoir exécutif local. Abbott rafla une substantielle majorité de voix grâce à ses positions nationalo-droitistes et notamment à sa ferme défense de la vie. Voilà donc Abbott futur gouverneur du Texas. Il prendra ses fonctions le 20 janvier 2015. Et promet d’être, au cours des deux prochaines années, l’un des plus irréductibles adversaires d’Obama."