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Scandale à la Mamounia

Il s’agit ici d’un ministre des Affaires étrangères. Un grand enfant un peu maladroit comparé à l’illustre Roland Dumas. Nommé à la tête du Quai d’Orsay le 2 juin 2005, Philippe Douste-Blazy, vieux routier de la politique (à droite), ne multiplie-t-il pas les maladresses ? « Mister Bluff », comme le surnomme en 2006 un article du Monde, confond Taïwan et la Thaïlande, décore un célèbre écrivain du titre de « chevalier des chiffres et des lettres » (au lieu des « arts et lettres »...) ou s’étonne, au musée Yad Vashem de la Shoah à Jérusalem, qu’aucun Juif britannique n’ait été déporté pendant la Seconde Guerre mondiale... Ses ennemis le moquent comme « Mickey d’Orsay », ou « Con d’Orsay », ce qui n’est guère flatteur. Mais quelles que soient ses bévues, un ministre des Affaires étrangères se doit de bien se comporter à l’étranger et d’y donner une certaine image de la France. 
     Or, ce soir-là, le 31 décembre 2005, c’est un vaudeville qui se joue à la Mamounia, célèbre palace de Marrakech. Philippe Douste-Blazy se retrouve en petite tenue dans les couloirs du troisième étage. La raison ? Une violente dispute avec sa compagne, la productrice de télévision Dominique Cantien, qui l’insulte copieusement. Le ministre devra se réfugier dans la chambre de l’un de ses gardes du corps avant de prendre, à l’aube, le premier avion pour Paris. Quand Le canard enchaîné révèle l’affaire, le 22 mars 2006, c’est la consternation à l’Élysée. D’autant que la chambre aurait été ravagée, la querelle du couple occasionnant, selon le rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique, Claude Angeli, 30 000 euros de dégâts. « Mais il faudrait défoncer la salle de bains au marteau-piqueur pour atteindre cette somme ! », s’étrangle l’ex-ambassadeur à Rabat, Philippe Faure. Philippe Douste-Blazy reconnaîtra une « violente dispute comme il y en a dans tous les couples », mais démentira le moindre dégât. 
     Le summum de l’impunité, mais aussi de la décontraction, de nos élus, un article du Nouvel Observateur le résume parfaitement. Nous sommes à l’été 2003 et la journaliste Sophie des Deserts, sous le titre « Ceux qui osent tout », consacre un long sujet à l’échangisme, dans lequel elle multiplie les interviews de femmes et d’hommes dans les clubs spécialisés. Mais c’est un encadré signé Hubert Prolongeau, titré « Le ministre doit venir », qui apporte une information de taille, non datée : « Ce soir, il y a un plus, le ministre doit venir. Un vrai ministre. ‘C’est un des plus assidus’, dit un participant qui l’a rencontré dans une autre soirée. Personne n’a voulu le croire. [...] ‘Tu te rends compte, un ministre, le risque ?’ [...] Quand soudain, il arrive. C’est bien lui. Un léger frémissement parcourt les couples. Deux jeunes femmes l’accompagnent, jeunes, grandes et minces. [...] ‘Il fait plus gros qu’à la télé.’ Sans s’attarder aux mondanités, il s’engouffre dans la pièce du fond, traînant derrière lui ses deux compagnes, dont l’une commence à le lutiner chaudement dans le couloir. [...] Les dames se précipitent. [...] Le malheureux, un temps débordé, maîtrise la situation : une femme sur le sexe, l’autre sur le visage, il s’active. ‘Tu crois vraiment qu’il peut devenir président ?’ » En tout cas, en 2006, il était candidat à la candidature... 
François Malye, Histoire secrète de la 5ème République

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