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Allons voir chez les Grecs… par Georges FELTIN-TRACOL

Le 25 janvier 2015 restera à coup sûr dans l’histoire contemporaine grecque comme une rupture. Le bipartisme qui, depuis 1974, structurait la vie politique, explose et s’efface à l’avantage de nouvelles forces. Longtemps adversaires avant de former un cartel lié aux intérêts bancaires et financiers, la Nouvelle Démocratie (N.D.) conservatrice et le PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) sont vaincus par le parti de gauche radicale Syriza. Si les conservateurs arrivent deuxième avec 27,81 % des suffrages (76 députés), le PASOK s’enfonce à 4,68 % (13 élus).

De nombreux commentateurs ont rappelé que, sept ans plus tôt, Syriza attirait moins de 4 % des électeurs alors que ce parti atteint désormais 36,34 % et frôle la majorité absolue (151 sièges) à la Vouli (le Parlement unicaméral) avec 149 députés. Si ce triomphe incontestable est dû au ras-le-bol compréhensible du peuple grec écrasé par les mesures démentes de la Troïka (F.M.I – Commission européenne – B.C.E.), Syriza le doit aussi à son jeune tribun, le quadragénaire Alexis Tsipras. Cette victoire fait d’Athènes le centre de toutes les attentions de la part des « gauches de la gauche » européennes (portugaise, allemande, irlandaise…).

Un réformisme révolutionnaire social-démocrate ?

Dès l’annonce du résultat, la gauche française d’opposition – cette mouvance qui va de Besancenot aux « frondeurs » du P.S. en passant par des Verts critiques, le P.C.F., Jean-Luc Mélanchon et le Front de gauche – se prit à rêver d’une performance semblable dans l’Hexagone, ignorant que la France n’est pas la Grèce. L’exemple grec encourage dans toute l’Europe une contestation croissante. Le 31 janvier, à Madrid, le jeune mouvement protestataire de gauche radicale Podemos (« Nous pouvons ») réussissait une impressionnante démonstration de force. Serions-nous à la veille d’une révolution « rouge » sur tout le continent ? Relativisons car, plus que vraiment révolutionnaire, « le Syriza de 2009 était une force post-communiste protestataire aux forts accents “ mouvementistes ”, en réalité une confédération très hétéroclite de petites organisations de gauche. Cette confédération était peu cohérente sur le plan programmatique et parfois sectaire sur le plan idéologique. L’attitude protestataire et l’« ultra-anti-néo-libéralisme » rhétorique […] furent les deux fondements d’une radicalité politique anticapitaliste dépourvue de profondeur idéologique et programmatique. […] L’identité actuelle de Syriza est, sur le plan de l’organisation et de la composition de ses membres, caractéristique d’une partie de la nouvelle gauche radicale, alors que ses propositions de politique économique et européenne intègrent des éléments forts de réformisme social-démocrate. […] Syriza représente une sorte de social-démocratie de gauche aux accents populistes et “ mouvementistes ” (1) ».

Abrupt, ce jugement n’en est pas moins pertinent. Jusqu’en 2014, Syriza n’était qu’une simple Coalition de la gauche mondiale comprenant diverses formations d’extrême gauche dont la Gauche du renouveau écologique et communiste, le Mouvement de la gauche unifiée dans l’action, les Citoyens actifs, la Gauche ouvrière internationaliste qui s’en retira ensuite) souvent rivales, mais néanmoins réconciliées en 2004 grâce au Synaspismos (Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie) d’où provient Tsipras, et qui exista entre 1993 et 2013.

L’histoire récente de la gauche radicale grecque est très agitée. Dans un espace électoral dominé par le PASOK et où les blessures de la Guerre civile de 1946 – 1949 demeurent vives, elle se déchirait avec violence. Syriza résulte des péripéties internes du communisme hellène. En 1968, lors de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, le P.C. grec, alors clandestin et interdit par la junte des colonels, se fracture entre les partisans de l’intervention, futurs membres du Parti communiste de l’Extérieur, pro-soviétique (l’actuel P.C., en grec le K.K.E.) et ses détracteurs. Ces derniers, pro-italiens et eurocommunistes, fondent un Parti communiste de l’Intérieur. Avec le temps, l’écart entre les deux P.C. devient irréversible en dépit d’une brève réunification au début des années 1990. Si le K.K.E. ne cache pas son aversion pour l’O.T.A.N., l’euro et l’Union (pseudo-)européenne et revendique un caractère marxiste-léniniste et néo-stalinien marqué (2), ses concurrents communistes de l’Intérieur adoptent une démarche réformiste et pro-européenne au point de participer de juillet 1989 à avril 1990 à des gouvernements d’union nationale (3).

Une alliance détonnante

Dès les résultats connus, Syriza pouvait s’allier au K.K.E. (15 députés, 5,47 %) et bénéficier d’une solide majorité parlementaire. Mais le K.K.E. refuse toute participation, voire tout soutien officiel, au nouveau gouvernement en raison des contentieux passés. Se doutant de la réponse, Alexis Tsipras a finalement monté en un temps record un gouvernement grâce à un accord explosif : Syriza s’entend avec les 13 députés (4,75 %) An.El. (Grecs indépendants) de Panos Kamménos. Créés en février 2012 par une dizaine de parlementaires de la N.D. exclus pour avoir voté contre le gouvernement de Papadimos, les Grecs indépendants sont un mouvement de droite souverainiste, conservatrice et populiste anti-austérité. Les médiats français les comparent volontiers à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, ce qui est approximatif. Par les thèmes défendus, ils se rapprocheraient plutôt de la « Droite populaire » de Thierry Mariani au sein de l’U.M.P. (4).

On peut supposer que les négociations avec Alexis Tsipras commencèrent bien avant la dissolution du Parlement. Comme Syriza refusait de s’entendre avec les partis qui ont approuvé les plans d’austérité (la N.D., le PASOK), montrait de la réticence à discuter avec To Potami (« La Rivière ») de l’ancien présentateur télé, Stavros Théodorakis, dont le programme est à la fois anti-corruption, favorable à l’austérité et libéral-libertaire et ne pouvait pas envisager la moindre approche avec Aube dorée, la solution la plus simple passait par un compromis avec les Grecs indépendants. Les négociations ont dû s’accélérer quand Antonis Samaras avança la date du scrutin présidentiel à la fin du mois de décembre 2014. Malgré de fantastiques pressions et des tentatives incroyables de corruption, les élus An.El. ne soutinrent pas le candidat unique présenté par la N.D. et entraînèrent l’arrêt prématuré de la Vouli.

Si Syriza et An.El. partagent la même hostilité à l’égard de l’organisation de Bruxelles, leurs divergences sont totales sur l’immigration, la séparation de l’État et de l’Église orthodoxe, la réforme de la nationalité et l’établissement du droit du sol, l’homoconjugalité… Les premières décisions du nouveau gouvernement indiquent que la priorité porte sur les questions économiques, sociales et financières. Alexis Tsipras a aussi montré un grand talent de tacticien politique en offrant au président des Grecs indépendants, Panos Kamménos, le ministère de la Défense. An.El dispose au total de deux ministères, de trois secrétaires d’État et de la gestion de la Macédoine et de la Thrace. Athènes maintiendra donc une position intransigeante en refusant toute adhésion macédonienne à l’O.T.A.N. tant que la République de Skopje continuera à se nommer « Macédoine », terme que les Grecs estiment leur appartenir en propre. En Thrace vivent les Pomaques, une minorité de confession musulmane protégée par le traité turco-grec de Lausanne en 1923. Certes, Panos Kamménos a à ses côtés un secrétaire d’État Syriza, le syndicaliste Kostas Issychos, et que son grand partenaire a fait élire sur ses listes trois candidats d’origine musulmane, mais la nomination de Kamménos devrait rassurer une armée grecque guère enthousiaste à l’idée d’être commandée par un admirateur du Che. Alexis Tsipras a-t-il aussi voulu ménager l’« État profond » grec ? Peut-être ? « Au cœur des institutions se cache aussi ce que les Grecs appellent le parakratos : le “ para-État ” ou l’« État souterrain », c’est-à-dire un réseau informel hérité de la guerre froide, composé de hauts fonctionnaires, de policiers, de militaires et de magistrats, prêts à tous les coups tordus pour éviter l’arrivée des “ rouges ” au pouvoir. Un tel réseau, appuyé par les services secrets américains, avait minutieusement préparé le terrain au coup d’État de la junte des colonels en 1967 (5). »

Brève histoire du « droitisme » grec

Ce parakratos joue-t-il en outre sur les différentes factions nationalistes grecques ? Possible. Aux dernières législatives concourraient  plusieurs formations patriotiques et nationales, y compris au sein de la Nouvelle Démocratie avec Adonis Georgiadis. Le nationalisme grec n’a jamais disparu depuis le retour de la « démocratie » en 1974. Pensons par exemple dans les années 1980 à l’Union politique nationale (E.P.En) qui eut un député européen siégeant au groupe des « Droites européennes » de Jean-Marie Le Pen. Dans la décennie 1990 se manifesta le Printemps Politique, lancé en juin 1993 par Antonis Samaras, démissionnaire de son poste de ministre des Affaires étrangères et de la N.D., parce qu’il prônait une ligne anti-macédonienne. Ce nouveau parti obtint 4,9 % aux législatives de 1993, soit une dizaine de sièges. Aux élections européennes de 1994, il parvint à envoyer deux élus à Strasbourg – Bruxelles avec 8,7 %. Puis vint le temps du déclin et un effondrement rapide si bien que Samaras réintégra bientôt le giron de la N.D.

La place fut vite reprise par le parti La.O.S. (Alerte populaire orthodoxe) dont le sigle signifie aussi « Peuple » en grec. Fondé en 2000 par un journaliste, Georgios Karatzaféris, exclu de la N.D. Le succès commence en 2007 où il recueille 3,8 % et 10 sièges. En octobre 2009, le La.O.S. accroît son audience  en réalisant 5,63 %, soit 15 députés. Les journalistes et politiciens français comparent La.O.S. au F.N. Or jamais les députés européens du La.O.S. n’ont siégé avec les élus frontistes. Au Parlement européen, La.O.S. participait au groupe Europe des libertés et de la démocratie aux côtés de Philippe de Villiers. La.O.S. serait en fait l’équivalent du villiérisme. Les succès électoraux s’enchaînant tournèrent-ils la tête de Georgios Karatzaféris au point de commettre une erreur politique irréparable ? En novembre 2011, La.O.S. entre dans une coalition gouvernementale PASOK – N.D. conduite par Luka Papadimos. Hostile à un nouveau plan d’austérité,  La.O.S. s’en retire cependant quelques mois plus tard. Mais le mal était fait. Cette brève participation ministérielle provoqua un recul électoral important dès 2012, concrétisé en 2015 (1,03 %).

La désaffection des électeurs pour La.O.S. favorisa en réaction la percée d’Aube dorée au discours nationaliste radicale. En décembre 1980 paraissait une modeste revue intitulé Aube dorée. Sa rédaction comprenait de jeunes nationaux-socialistes, d’anciens militants du Parti du 4-Août et Nikolaos Michaloliakos, alors responsable de la jeunesse de l’E.P.En. Un an plus tard, la revue constituait un mouvement politique, la Ligue populaire. Nikolaos Michaloliakos se démarqua en 1985 de cette ligue et fonda un Mouvement national populaire – Aube dorée. Comme pour tout parti groupusculaire, les tiraillements internes furent fréquents. En 2005, Aube dorée renonçait à la politique, privilégiait le culturel et adhérait à l’Alliance patriotique qui périclita. Deux ans plus tard, Aube dorée redevint un parti, relança sa revue éponyme et se présenta aux scrutins. En 2010, Nikolaos Michaloliakos recueille 5,3 % et devient conseiller municipal d’opposition. Aube dorée entra ensuite au Parlement en 2012. Outre une vision ouvertement panhellénique favorable à la « Grande Idée » (6), au soutien des Grecs de l’Épire du Nord en Albanie et de Chypre et à un ultra-nationalisme résumé par le slogan « Pour une Grèce qui appartiendra aux Grecs », Aube dorée a su couvrir les quartiers pauvres d’un solide maillage social et convivial. Les parlementaires versent une part de leur indemnité aux œuvres sociales du mouvement qui finance de cette façon distributions de vêtements et soupes populaires. Mieux encore, sur un simple appel téléphonique, les robustes gaillards de son service d’ordre accompagnent les personnes âgées qui retirent en toute quiétude leur pension à la banque, ou nettoient les zones de non-droit des trafiquants de drogue et autres immigrés clandestins qui nuisent à la tranquillité publique.

Cette proximité auprès de la population a effrayé la caste politicienne, d’autant qu’Aube dorée franchissait les 10 % selon certaines intentions de vote. Il importait par conséquent de briser nette cette ascension électorale. En septembre 2013, la police grecque arrêta Nikolaos Michaloliakos et quatre autres députés au mépris de leur immunité parlementaire sans que cela ne suscite une quelconque indignation internationale. C’est donc derrière les barreaux que les dirigeants d’Aube dorée ont fait campagne dans des conditions guère favorables. Son maintien en tant que troisième force politique nationale est déjà en soi une belle victoire qui repose sur la fidélité d’électeurs acquis grâce à l’action sociale et caritative. Attaquée et diffamée, Aube dorée résiste ! C’est un bel exemple de courage politique européen (7).

Par ailleurs, il serait faux de croire que Syriza incarne toute la gauche radicale. Outre le K.K.E. se présentait aux élections Ant.Ar.Sy.A ou Front de la Gauche anticapitaliste qui est passé en moins de deux ans d’environ 21 000 voix à plus de 39 000 (0,64 %). Cette coalition rassemble en mars 2009 huit formations de sensibilité trotskiste, altermondialiste et éco-socialiste (dont le Parti socialiste des travailleurs). Ce front n’est pas le seul à contester l’hégémonie de Syriza puisque s’activent hors de sa prédominance le Parti communiste marxiste-léniniste de Grèce, le Parti révolutionnaire des travailleurs, le l’Organisation communiste internationaliste de Grèce ou la Libération démocratique du peuple grec.

Genèse d’un axe Athènes – Moscou ou Acropole – Wall Street ?

Les premières annonces économiques du nouveau gouvernement grec témoignent d’une volonté certaine d’affronter l’aberrante politique d’austérité altanto-mondialiste. S’agit-il des gesticulations ou d’une vraie détermination ? Yanis Varoufakis, le nouveau ministre des Finances, a la double grecque et australienne. Parfait anglophone, il a travaillé pour des entreprises d’économie virtuelle et conseillé un temps le socialiste Georges Papandréou. Prévoyant la large victoire de Syriza, le Financial Times faisait preuve d’une stupéfiante neutralité et reconnaissait à demi-mot l’inanité de la cure d’austérité. Par ailleurs, Tsipras vient d’engager le financier français de gauche, Matthieu Pigasse de la banque Lazard pour qu’il restructure la dette grecque. Le gouvernement grec se ménage plusieurs solutions. Va-t-il finalement obtempérer aux injonctions de Bruxelles et de la B.C.E. ? Un assouplissement de sa position économique serait-il compensé par un durcissement diplomatique envers l’atlantisme ?

De manière inattendue, des sévères frictions sont apparues entre Athènes et Bruxelles au sujet de sanctions renforcées contre la Russie. Quelques heures après sa nomination, Alexis Tsipras désapprouvait le communiqué anti-russe de l’U.E. et recevait pour l’occasion l’approbation du K.K.E. et d’Aube dorée… La vraie surprise vient en fait des Grecs indépendants dont le député européen siège dans le groupe C.R.E. (Conservateurs et réformateurs européens) animé par les tories britanniques, les nationaux-conservateurs polonais de Droit et Justice, des eurosceptiques tchèques, des Vrais Finlandais, l’A.f.D. allemande ou les nationaux-centristes flamands de la N.V.A. La charte constitutive de ce groupe affirme clairement l’engagement du Vieux Continent à ce leurre mortifère qu’est l’O.T.A.N. Comme la quasi-totalité des États européens (hormis la Russie, le Bélarus et, à la rigueur, le Liechtenstein), la Grèce est en fait un pays à souveraineté très limitée. Cette souveraineté restreinte est ancienne et perdure depuis la naissance de la Grèce moderne placée dans la zone d’influence anglo-saxonne (d’abord de la perfide Albion, puis de l’Oncle Sam).

En 1916 – 1917, la Grèce connut son « Schisme national ». En 1915, le Premier ministre Vénizélos, favorable à l’Entente, démissionne, car le roi Constantin Ier défend une stricte neutralité. En 1916, appuyé par Paris et Londres, Vénizélos établit à Salonique un gouvernement rebelle qui dépose en 1917 le roi : la Grèce entre en guerre contre les Empires centraux. En 1947, Londres et Washington aident massivement l’année royale grecque contre l’Armée démocratique de la Grèce du communiste Markos. Le 21 avril 1967, le putsch des colonels est en partie fomenté par la C.I.A. Mais, en novembre 1973, le général Dimitris Ioanidis renversa la junte de Georges Papadopoulos et tenta l’Enossis, l’union de la Grèce à Chypre, ce qui déclencha l’intervention militaire turque et la chute du régime militaire. Pour Georges Prévélakis, « en 1973, Papadopoulos aurait été renversé par Ioannidis manipulé par la C.I.A. à cause de son refus d’accorder aux Américains l’utilisation de l’espace aérien grec pour soutenir Israël (pendant la guerre du Kippour). Beaucoup d’officiers qui soutenaient Georges Papadopoulos étaient très influencés par le colonel Kadhafi (8) ». Mais  ce qui est possible à Bruxelles ne l’est pas sous le ciel athénien…

L’arrivée de Nikos Kotzias à la tête du ministère des Affaires étrangères n’a guère ravi tant à l’intérieur de Syriza que dans les ambassades occidentales. Ancien du K.K.E. rallié à Syriza, cet universitaire francophone est aussi russophile. Il y a deux ans, il invita à son université Alexandre Douguine. « En septembre 2013, un autre membre de Syriza, Dimitris Konstantakopoulos, a quémandé auprès de Douguine le soutien du pouvoir russe à son parti (9). » Isabelle Lasserre rapporte aussi qu’« il suffirait donc que la Grèce abatte son veto pour faire imploser la politique européenne de sanctions envers la Russie. Le ministre grec des Affaires étrangères a brandi la menace jeudi : “ Quiconque pense qu’en raison de sa dette, la Grèce va renoncer à sa souveraineté et à une participation active dans le processus européen de décision politique commet une erreur ” (10) ».

Comment le gouvernement grec peut-il peser sur les pourparlers face à un gouvernement allemand plus que jamais atlantiste, arrogant et psychorigide ? Angela Merkel, cette grosse calamité politique, a, dernièrement, critiqué avec une rare violence les manifestants de P.E.G.I.D.A. hostiles à l’islamisation de notre Europe. De nombreux Teutons bien lobotomisés par sept décennies de rééducation psychologique made in U.S.A., contre-manifestèrent en faveur d’une mirifique ouverture à l’Autre. Que ces petits-bourgeois d’outre-Rhin, décérébrés, mettent leurs intentions en conformité avec leurs actes, cessent leur pingrerie et ouvrent largement leur portefeuille aux Grecs. L’euro faible, le rachat par les banques centrales nationales des dettes nationales et le nouveau contexte politique grec font que les Allemands paieront sinon, plutôt que la sortie de la Grèce de la Zone euro et/ou de la pseudo-U.E., il devient envisageable que Berlin abandonne une fois pour toutes l’actuelle armature européenne et s’aventure à reconstituer un Zollverein américano-germanique mitteleuropéen, un club Mickey pour retraités nantis.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Gerassimos Moschonas, « Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, reste le leader d’un parti démagogique », dans Le Monde, le 30 janvier 2015.

2 : Seul le Parti communiste de Bohème – Moravie (P.C.B.M.) en République tchèque conserve un positionnement politique identique.

3 : Le nouveau vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, participa ainsi au gouvernement d’union nationale du gouverneur de la Banque de Grèce, Xénophon Zolotas (novembre 1989 – avril 1990).

4 : Une fois encore, il importe de consulter régulièrement l’excellent blogue de Lionel Baland qui traite souvent de la situation politique grecque.

5 : Thierry Vincent, « Un espoir tempéré, la crainte des coups tordus », dans Le Monde diplomatique, février 2015.

6 : Sur la « Grande Idée » et la Mégali Hellade (Grande Grèce), cf. Georges Prévélakis, Géopolitique de la Grèce, Complexe, coll. « Géopolitique des États dans le monde », Bruxelles, 1997, p. 50.

7 : D’autres mouvements nationalistes se présentaient tels un Front solidaire orthodoxe radical, un Mouvement national de résistance, voire un Mouvement blanc grec pour une idéologie actuelle à l’éloquente dénomination.

8 : Georges Prévélakis, op. cit., p. 127.

9 : Isabelle Lasserre, « La Grèce veut se rapprocher de la Russie pour mieux peser sur l’Europe », dans Le Figaro, le 30 janvier 2015.

10 : Idem.

http://www.europemaxima.com/?p=4181

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