Il est un fait que l’élite de la droite subit ce dictat de la gauche. Voyez Juppé, NKM, Estrosi et consorts… Pourquoi ? Parce que la gauche est propriétaire du système politique et la droite n’en est que locataire. On entend par système politique ce que Gramsci appelait le métapolitique ou tout ce qui participe au combat politique : éducation nationale, médias, culture, monde artistique.
Dans sa vision noble et traditionnelle de la politique, la droite d’après 1945 a cru pouvoir gouverner en délaissant des pans entiers de la société à la gauche qui, elle, capitalisant sur ses expériences du passé (1789, 1848, 1871) et ses théoriciens (Proudhon, Marx, Gramsci), comprit qu’il fallait massivement investir ces domaines qui constituent de puissantes caisses de résonance sociétales pour ses idées : un prof auprès de ses élèves ou un artiste auprès de ses fans influence plus efficacement les masses populaires qu’un politicien. Or, considérant que l’éducation et les milieux artistiques étaient les hochets d’amusement de la gauche, la droite les a délaissés et abandonnés à l’entrisme de la gauche qui a lentement mais sûrement utilisé ces puissants relais d’opinion. Avec ses cohortes de professeurs inféodés aux syndicats, la gauche manipule les futurs citoyens pour en faire les Homo republicanus dont elle a besoin. Par les médias et les artistes largement acquis à ses idées, elle distille sa propagande pour faire accepter ses propositions les plus folles.
Propriétaire du système métapolitique, la gauche avance par petits pas en se cachant derrière des promesses mensongères ou trop faciles pour être vraies et accepte même de reculer parfois d’un pas pour mieux avancer sous une autre forme. Et à chaque avancée, il y a la certitude qu’on ne reviendra pas en arrière car la droite n’est que locataire du système et n’osera donc pas s’attaquer au propriétaire et à toute sa puissance de frappe sociétale. C’est l’effet cliquet. Syndicats, médias, artistes et intellectuels constituent le cliquet de la gauche qui pousse la roue toujours dans le même sens et l’empêche de revenir en arrière.
C’est en vertu de ce système que la gauche instaura le PACS en 1999 comme une union pour les homosexuels en jurant qu’il était hors de question de leur donner le mariage. On connaît la suite. La même démarche est en cours avec la GPA et l’euthanasie. Il ne reste plus qu’à Juppé – le plus brillant de sa génération, le « meilleur d’entre nous », néanmoins intellectuellement soumis à la gauche – qu’à déclarer qu’il ne reviendra pas sur le « mariage pour tous » car la roue ne tourne jamais en sens inverse. Ou que la droite n’est pas revenue sur les 35 h. Toujours aller de l’avant en subissant l’influence de la gauche…
Caisses de résonance sociétale et effet cliquet vers « toujours plus » sont les deux mamelles de la gauche dans sa religion républicaine qui lui permettent de progresser, même quand elle n’est pas au pouvoir.
Philippe Rodier
source : Boulevard Voltaire