La proposition Laborde sur la laïcité, présentée par les radicaux de gauche, suscite une certaine polémique et inquiète les évêques de France dont la Conférence vient de publier un communiqué de mise en garde contre son esprit profondément antireligieux. La proposition est fondée sur la jurisprudence Baby-Loup : la Cour de cassation avait donné raison en juin 2014 à cette crèche associative qui avait licencié une salariée après que cette dernière eut refusé de retirer son voile.
Le texte vise à étendre « le principe de neutralité des crèches publiques aux structures éducatives privées recevant des financements publics ». Il devait être présenté ce jour à l’Assemblée Nationale mais le sera finalement la semaine du 11 mai, après les élections départementales… Pas de vague. Car les oppositions sont nombreuses.
Le président de l’observatoire de la laïcité comme les évêques dénoncent un« dévoiement de la laïcité »
Le président de l’observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, y voit un« dévoiement de la laïcité ». Un constat partagé par la Conférence des évêques de France qui a exprimé à l’occasion sa « très vive inquiétude », décelant dans cette proposition de loi « l’inspiration manifeste d’une méfiance vis-à-vis des religions dont il faudrait protéger les mineurs ».
La Conférence des évêques de France, dans son communiqué signé par Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, et président de la CEF, « dénonce fermement une nouvelle attaque qui cherche non plus seulement à reléguer les religions dans la sphère privée mais dorénavant à les cacher en les faisant disparaître progressivement de tout lieu de vie sociale. En minant ainsi peu à peu, insidieusement, notre modèle de laïcité, ce n’est pas un Etat laïc qu’on veut garantir mais promouvoir une société vidée de toute référence religieuse. Nous ne pouvons l’accepter ; cela ne correspond en rien à la réalité de notre société ».
Les évêques s’acharnent à défendre la laïcité quand l’attaque antireligieuse est faite en son nom…
Les évêques orthodoxes de France ont également réagi, tout en réaffirmant leur« attachement au principe fondateur de laïcité, socle républicain du vivre ensemble ». Ils ont en outre précisé qu’il ne fallait pas « se tromper de débat » : « Ce n’est pas la présence du symbole religieux dans l’espace public qui pose problème mais plutôt son instrumentalisation à des fins autres que spirituelles. Il s’agit là davantage d’une question de maintien de l’ordre public que d’un problème de laïcité, concept essentiel pour le vivre ensemble mais qui est de plus en plus malmené au gré des conjonctures ».
L’inquiétude est légitime, la défense acharnée du modèle laïc imposé à la France dans une période profondément anticatholique nettement mois : quand toutes les attaques antireligieuses se font au nom de la « laïcité », c’est précisément ce concept qu’il faut remettre en cause…