Eric Letty, journaliste, et Guillaume de Prémare, ancien président de la Manif pour tous et nouveau délégué général d’ICHTUS, viennent de faire paraître un ouvrage, Résistance au Meilleur des mondes. Eric Letty explique à Présent :
Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html"[N]ous sommes convaincus, Guillaume de Prémare et moi, que la loi Taubira dite du « mariage pour tous », contre laquelle une grande partie des Français s’est mobilisée, n’est qu’une étape de la construction d’une société totalitaire mondialisée, qui ressemble sous de nombreux aspects auMeilleur des mondesdécrit dans le célèbre livre d’Aldous Huxley, publié en 1932. Dans notre essai, nous comparons d’ailleurs l’univers d’Huxley avec l’émergence d’une humanité unisexe, annoncée par exemple par Jacques Attali : le parallélisme est frappant.
Vous dites de l’ouvrage L’Evangile face au désordre mondial qu’il est prémonitoire. Pouvez-vous nous préciser en quoi ?
Mgr Schooyans, professeur à l’université catholique de Louvain, qui a publié ce livre en 1997, y montrait déjà comment se mettait en place, sous l’égide des Nations unies, ce système mondialisé, par l’effacement des nations et la destruction de la famille. Il consacrait en outre – voilà près de vingt ans ! – un chapitre à l’idéologie du genre, dont on parlait très peu à l’époque. L’ouvrage était préfacé par Mgr Ratzinger, futur Benoît XVI, qui dénonçait la « nouvelle anthropologie, qui devrait être la base du Nouvel Ordre Mondial ».
Quelles sont, selon vous, les étapes de la mise en place du « Meilleur des mondes » ?
La conception du Meilleur des mondes remonte au lendemain de la deuxième guerre mondiale et sans doute même avant : on y rencontre des personnages comme la théosophe Margaret Sanger, raciste et eugéniste, qui fonda le Planning familial international et fut à l’origine de l’invention de la pilule contraceptive. Les étapes de sa mise en place suivent deux voies parallèles : celle de la destruction des nations au bénéfice du mondialisme, qui vise à déraciner l’individu, et celle de la destruction de la famille, qui tend à l’esseuler.
En France, ces étapes correspondent notamment, dans le premier cas, aux abandons successifs de la souveraineté nationale au bénéfice d’une Union européenne fédéraliste, et au choix politique d’une immigration de peuplement. Et dans le deuxième cas, à l’adoption de législations qui ont favorisé l’effacement du modèle familial traditionnel au bénéfice des nouveaux modèles : familles recomposées, pacs, concubinage, aujourd’hui « mariage » homosexuel, mis sur un pied d’égalité avec le premier dans le but de casser la norme, et l’idée même de la norme. [...]
La famille est, certes, fragilisée, mais c’est un maillon fort et le principal lieu de résistance aux totalitarismes, parce qu’elle transmet naturellement un patrimoine linguistique, culturel, coutumier, etc. Elle est le premier terreau, vital et nourricier, dans lequel les personnes – j’oppose cette notion à celle d’individus – s’enracinent. Dans le Meilleur des mondes d’Huxley, les enfants sont fabriqués en flacon et l’idée même de la maternité est devenue obscène… La famille constitue donc l’enjeu principal d’une bataille depuis longtemps engagée ; face au projet inhumain qui nous menace, elle reste le rempart de nos libertés."