Un risque de piraterie plane sur la Méditerranée. Menacés par l’État islamique et ses affidés, les États européens peinent à s’entendre pour répondre à ce défi sécuritaire.
Si j’avais « un yacht et l’intention de naviguer cet été en Méditerranée, je serais inquiet pour ma sécurité ». Ces mots, empreints d’un certain humour, sont ceux du contre-amiral britannique Chris Parry, faisant suite aux récents événements survenus au large des côtes libyennes et italiennes. En effet, l’attaque organisée par l’État islamique à l’encontre d’un navire marchand égyptien, en novembre dernier, ne restera pas un cas isolé. La Méditerranée est en passe de devenir le théâtre d’actions terroristes nouvelles, celles d’une piraterie djihadiste qui, bien que mue principalement par des raisons vénales, s’en trouverait autrement plus dangereuse que celle déjà pratiquée dans l’océan Indien, le golfe de Guinée ou le détroit de Malacca : les stocks d’armes, en quantité confortable, hérités du gouvernement de Kadhafi au profit de l’État islamique, permettent d’armer efficacement des embarcations rapides et de prendre d’assaut des objectifs économiques majeurs. Ainsi, au-delà des risques encourues par
le trafic maritime, les îles et les côtes italiennes risquent également de devenir la cible des fondamentalistes qui, assassinant les vingt et un otages coptes en février dernier, menaçaient de « conquérir Rome par la volonté de Dieu ».
L’État islamique fait du chantage
La situation s’envenime, et les gouvernements européens semblent avoir perdu tout contrôle. L’hypothèse d’une nouvelle intervention militaire en Libye semble improbable : la réussite du chantage humanitaire exercé par l’État islamique, qui menace désormais de déporter manu militari près de cinq cent mille réfugiés en direction des plages de l’Europe, est indéniable. La marine italienne, qui gère actuellement la majeure partie des opérations de sauvetage en haute mer, est déjà débordée par les flux de migrants qui tentent de fuir l’étendard noir qui s’implante, peu à peu, dans le paysage de l’Afrique du Nord. Pire, les garde-côtes de l’opération Triton, censée prendre le relai du Mare nostrum italien, semblent faire face à de nouvelles menaces venant des passagers de ces embarcations de fortune, dont certains, armés, n’attendent que d’être débarqués pour commettre leurs méfaits. À quelques mois seulement d’existence, l’opération Triton est donc déjà dépassée par la réalité de la situation en Méditerranée. Avec seulement vingt et un navires, dont certains ne sont même pas de haute mer, quatre avions d’observation et un hélicoptère, la solidarité européenne brille, une fois encore, par son absence, renforçant les tropismes Nord-Sud et démontrant l’abysse existant entre les vœux pieux du président de la Commission européenne pour la création d’une armée fédérale et les aspirations réelles des différents gouvernements. Concernant cette gestion collective de nos forces armées, le général Faupin, en novembre dernier, déclara : « Les Européens de l’Union européenne n’en sont pas capables. Non [parce] qu’ils manquent des moyens nécessaires, mais parce qu’ils n’ont pas de politique étrangère, de sécurité et de défense commune opérante, et qu’ils ne sont pas près, au train où vont les choses, d’en avoir une. » La remise en question de l’Otan n’est donc pas à l’ordre du jour.
L’Italie prend les devants
Une fois encore, l’Italie prend les devants de l’Europe et renforce ses moyens militaires en Méditerranée. Le sommet de Caen, le 21 mars dernier, entre Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et leurs homologues italiens, semble avoir conclu à la nécessité de demander l’assistance des marines tunisienne et égyptienne, afin de favoriser les contrôles à l’embarcation des bateaux de réfugiées. Cette collaboration salutaire, contrastant avec l’inaction de l’UE, conduit l’Europe du Sud à regarder de nouveau vers le pourtour méditerranéen, et non plus vers ses voisins du Nord qui, par leur histoire et leur géographie continentale, ne se sont jamais sentis réellement concernés par les invasions et les migrations opérées depuis le continent africain, et ce malgré les accords de Schengen. Pendant ce temps, les islamistes gagnent déjà l’Afrique du Nord et risquent de mettre en danger, cet été, les millions de touristes faisant escale sous le soleil de la Méditerranée.
Claude Virville
http://eurodefense.fr/2014/11/22/le...
http ://www.lepoint.fr/editos-du-poi...
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Menace-islamiste-en-Mediterranee