"Sounda" (nom d'emprunt) a 21 ans, ancien soldat de l'armée française, chrétien, et comme un nombre toujours plus important de jeunes Français (ils ont désormais leur page Facebook), il part bientôt rejoindre une milice chrétienne en Irak, la milice Dwekh Nawsha, à 30 km de Mossoul. Il expose ses motivations :
"Cela fait déjà plusieurs mois que je souhaite partir combattre Daesh. La communauté internationale ne fait rien pour défendre ces pauvres gens, et je me sens mal à l'idée de suivre ces événements tragiques sans agir. Moi et d'autres hommes nous engageons donc dans cette cause que nous trouvons juste. Il y a tout de même eu un élément déclencheur, qui m'a fait prendre conscience que j'allais réellement sauter le pas. Quand mon curé m'a donné son feu vert.
Malgré mon appartenance à la religion chrétienne, ce n'est pas pour une raison religieuse que je vais m'engager auprès de cette milice. Je pense simplement que j'aurai plus d'affinité avec les membres de ce groupe, qui se construit comme une vraie famille. Même si la France était plus impliquée dans le conflit, ça ne changerait en rien mon engagement.
"Dwekh Nawsha" signifie "futurs martyrs" en araméen. Cautionnez-vous ce nom ?
Je comprends parfaitement ce nom, qui ne me dérange pas. Mais à titre personnel je ne me rends pas en Irak pour devenir martyr. J'envisage de rentrer vivant en France, une fois que j'aurai le sentiment d'avoir été utile. J'espère pouvoir revenir au mois de septembre.
Comment s'est déroulé votre recrutement dans la milice ?
Le membre de la milice avec lequel je suis en contact m'a demandé de lui retranscrire mes motivations,pour juger de mon état psychologique en quelques sortes. Puis on m'a demandé mes compétences pour intégrer la milice.J'ai été accepté grâce à mon expérience des armes, par mon passage dans l'armée française. La milice cherche du personnel expérimenté, mais pas seulement dans le maniement des armes.Des personnes travaillant dans le domaine médical ou encore le génie civil sont également recherchées. Certains membres n'ont donc aucune expérience des armes avant de se rendre en Irak.[...]
Ressentez-vous de l'appréhension ?
Oui, bien sûr que j'ai peur. Je sais que je risque ma vie en me rendant en Irak, et qu'il y a un risque que je ne revienne pas. Et si je reviens, j'ai peur de l'accueil qui me sera réservé ici. Je pense même risquer la prison. Mais j'essaye de ne pas penser à tout ça, et de partir sereinement."
Marie Bethanie http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html