Le Cercle Non Conforme : 1) Peux-tu nous expliquer brièvement pourquoi tu t'es engagé au M.A.S et pourquoi tu y as pris des responsabilités ?
Frédéric : Le choix de mon engagement au MAS depuis 2012 est le résultat d'un long parcours politique.
Engagé sous le drapeau de la 3V fin 80 début 90, j'ai gravité autour de la sphère NR au lycée, pour m'engager quelques années plus tard dans la dite « droite nationale » où j'ai pris quelques responsabilités de cadre local dans le Sud Ouest, tout en étant responsable local des Cercles de résistance du réseau Unité Radicale.
Petit à petit j'ai fait le constat que les orientations de cette mouvance (au sens large) correspondaient de moins en moins à ma vision du monde et à ses réalités. J'ai donc décidé de partir en 2002. J'ai participé à plusieurs aventures durant quelques années, jusqu'à l'apparition du Mouvement d'Action Sociale où j'ai pris la responsabilité de la section Sud Ouest jusqu'à ce jour.
Ce qui a été fondamental dans le choix de mon engagement au MAS, c'est sans aucun doute la volonté d'un mouvement d'allier la parole à l'action, ce qui est malheureusement chose très rare dans le paysage de la dissidence actuellement.
Le C.N.C. : 2) Quelles sont les activités et les actualités de ta section ?
Frédéric : Elles sont diverses et variées, mais toutes recentrées sur l'aspect social. Cela va du militantisme de terrain (collage de banderoles, boitage, tractage) aux actions sociales et écologiques ( nettoyage de quartiers laissés à l'abandon par les services locaux) en passant par le sport et la formation politique.
Au MAS, nous ne concevons pas une action sans qu'elle ait un but social que nous puissions retranscrire dans le réel et sur le long terme. Nous préférons les actes aux belles paroles, c'est pourquoi nous demandons à nos militants de s'impliquer au sein de notre réseau en rapport avec leur expérience professionnelle. Pour exemple, lors de nos sorties Trace nous proposons des cours de secourisme, de premier secours sur blessés, d'évacuation de blessés en milieu hostile (montagne, forêt) le tout encadré par des professionnels urgentistes et des militaires réservistes tous militants dans notre réseau. Ces sorties, outre l'aspect pratique, sont souvent l'occasion de rencontrer des personnes pour qui le militantisme peut prendre plusieurs aspects, et d'échanger entre camarades dans un esprit festif lors des veillées.
Le C.N.C. : 3) Récemment les militants du M.A.S. Sud-Ouest ont mené une action remarquée sur les berges du canal du Midi à Toulouse ? Peux-tu nous en dire plus sur la genèse, la réalisation puis les retours de cette action ?
Frédéric : Le point fort du Mouvement d'Action Sociale, est sans aucun doute la volonté d'allier l'action à la parole. Nous partons du principe que toute contestation est veine si elle n'est pas accompagnée de gestes forts, de concret, et d'une lutte sur le long terme.
Nous sommes pour certains habitants du quartier de la gare Matabiau à Toulouse où les opérations « berges propres » se déroulent depuis quelques mois. Nous avions, quelques temps avant le début de l'opération en janvier, en collaboration avec une association locale, alerté les services publics sur l'état de délabrement de notre quartier. Nous n'avions reçu comme réponse qu'un article de la Dépêche du midi, annonçant que le quartier subirait d'important travaux de réaménagement pour la construction de la nouvelle gare LGV Toulouse Paris a l'aube des années2020, donnant au quartier une nouvelle image, avec un secteur d'hôtels de luxe et d affaires. Nous sommes donc partis du constat que ce quartier souffrait depuis plusieurs années de l'abandon des services de la mairie droite & gauche confondus. Effectivement notre quartier était livré à la prostitution, à l'insécurité, et à la toxicomanie sans que la mairie ne prenne ses responsabilités. Cela n'était plus supportable pour bon nombre de Toulousains.
Face à l'incompétence et au silence des services de la voirie de la mairie, nous avons donc décidé de prendre les choses en mains et de participer à la vie de notre quartier en lançant la campagne « opération berges propres » entre les deux écluses de Bayard Matabiau. Une dizaine de militants du MAS se sont donnés rendez-vous en Janvier pour inaugurer l'opération qui fut un succès tant sur le plan pratique (plus de 700 kilos de déchets en tout genre récupérés) que sur le plan humain, puisque nous avons reçu un accueil très favorable des résidents totalement résignés au devenir de leur quartier. En une matinée nous avons nettoyé 200 mètres de berges, récupéré 700 kilos de détritus en tout genre, et récolté pas loin d'une centaine de seringues usagées à même le sol, que nous avons envoyé au maire de Toulouse avec les précautions sanitaires requises. Nous n'avons pour l'heure reçu aucune réponse ni demande de rencontre. Cela nous importe peu puisque nous œuvrons pour le bien de notre quartier et de ses résidents, et nous continuons régulièrement à faire des interventions sur ce secteur. En ce qui concerne les retours, nous recevons toujours un très bon accueil lors de nos interventions. Nous ne nous cachons pas derrière une association bidon, nous nous réclamons du MAS. Nous n'avons aucune honte à dire que nous sommes des patriotes défendant leur quartier face au laxisme des pouvoirs locaux. Le quartier Bayard Matabiau est une Zone à Défendre au même titre que Sivens. Nous avons d'ailleurs pris comme devise « ton quartier c'est ta vie, défend ton quartier ».
Le C.N.C. : 4) Des actions de nettoyage ont également été réalisées par les sections Nord et Méditerranée. La section Auvergne, quant à elle, a participé aux mobilisations contre la ferme des mille veaux. Que penses-tu de cette dynamique ?
Frédéric : Je trouve toutes ces actions très constructives, et je ne peux qu'encourager les patriotes sincères à multiplier ce genre d'actions sociales et de militer dans ce sens.
Plus globalement, il faut pouvoir sortir d'un militantisme de base qui serait juste d'aller coller des autocollants, dire qu'il faut que le peuple se prenne en main, le tout derrière son écran ou sur le papier, et continuer comme cela à rester dans l'incantatoire. Il faut que les patriotes pour qui les mots France communauté et solidarité ont encore un sens, reprennent tout les vecteurs qui fondent notre société, et reprennent pied dans le réel.
Nos actions sociales telles que solidarité populaire, le projet entraide famille, l'entraide calaisienne (nouveau projet social de Calais dont je salue l'initiative) doivent être le moteur de la révolution sociale que nous appelons de nos vœux. Il est primordial pour nous d'être sur ces terrains de luttes.
Le C.N.C. : 5) Le M.A.S. a été régulièrement cité ces dernières semaines à propos d'une prétendue « infiltration » de l'extrême-droite dans le combat écologique. Ne penses-tu pas, au contraire, que ce sont les forces de gauche, donc les forces « progressistes », qui ont récupéré l'écologie qui leur est philosophiquement opposée ?
Frédéric : Absolument, et certains occupants de Sivens l'ont bien compris. J'en veux pour preuve ce pauvre Mélanchon qui s'est fait bousculer par quelques Zadistes courageux qu'il a rapidement dénoncé comme étant de dangereux militants d'extrême-droite infiltrés sur la ZAD. Nous voyons donc que d'un côté la gauche de Mélenchon est désavouée sur son propre terrain de lutte, et d'un autre côté l'extrême gauche antifasciste pille le centre ville de Toulouse lors de samedis d'émeutes suite à la mort de Rémi Fraisse. A ceux qui nous accusent de récupérer tel ou tel combat, nous leur répondons que ce n'est pas en cassant un dab, ou en taguant une banque qu'ils vont faire tomber le capitalisme, et qu'ils vont donner les moyens au peuple de reprendre son destin en main. Au milieu de ça, nous nous plaçons comme étant la véritable alternative. Si nous avons tant été décrié par des journaux comme les inrocks ou sur les blogs de l'extrême-gauche antifasciste, ce n'est pas anodin. Ils commencent à comprendre doucement qu'ils n'ont plus le monopole des luttes, tant ils sont totalement coupés des réalités du peuple.
Plus sérieusement et pour couper court a tout délire, comment pourrions-nous être taxé de récupérer le combat écologiste par cette gauche, qui justement s'arrache les cheveux depuis des décennies quand nous parlons de la terre de nos ancêtres, de sauvegarde de la nature, de sauvegarde de notre patrimoine? Quand nous clamons haut et fort que cette terre est la nôtre et que nous voulons la préserver face au rouleau compresseur libéral? Quand enfin nous faisons nôtre l'adage de Dominique Venner « la nature comme socle, l'excellence comme but, la beauté comme horizon »?
Pour nous ce combat n'est pas nouveau. Il nous a d'ailleurs assez longtemps été reproché.
Nous ne récupérons absolument rien. Nous sommes la nature qui se défend, nous nous battons face aux oligarques, aux promoteurs immobilier, aux élus du PS locaux qui votent les travaux de construction d'un barrage qui n'a aucun sens, face aux délabrements de nos lieux de vie, etc..
Nous n'avons de cesse de dénoncer quotidiennement les attaques du capitalisme sur la nature, sur nos vies, sur la santé, sur les animaux etc.....
En ce sens nous ne nous contentons pas de dénoncer ces méfaits, nous sommes sur le terrain des luttes et nos actions sociales le prouvent chaque jours
- Construction et participation aux AMAP, contre les politiques empoisonnements des terres par les grands trust comme Monsanto, Bayer, etc...
-Actions écologiques pour la sauvegarde de notre patrimoine telles que les opérations berges propres à Toulouse, les actions de nettoyage des cours d'eau dans le Gard, le Nord etc...
-Bénévolat dans les animaleries
-Actions de solidarité populaire pour les plus nécessiteux de nos compatriotes dans les grandes villes comme Nancy, Paris
- Création du micro crédit a taux 0, contre le pouvoir des banques véritable bras armé de la dictature du capital.
Notre réponse à ceux qui nous accusent de faire de la récupération tous azimuts est dans nos actes. Nous sommes ce que nous faisons, et beaucoup comprennent notre démarche. En ce sens notre présence sur les terrains de lutte comme Sivens est tout à fait légitime, elle est le résultat d'une prise de conscience de l'enjeu vital de l'écologie radicale que nous appelons de nos vœux dans nos textes fondateurs, ni plus ni moins.
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