Julius Muzart, essayiste, contributeur de Polémia.
♦ Cette étude pertinente sur la politique du logement, menée par la gauche en France, se décompose en deux dossiers indissociables que le lecteur trouvera à la suite:
La gauche française et le logement : retour sur 25 ans d’imposture (1/2)
La gauche française et le logement : retour sur 25 ans d’imposture (2/2).
La gauche a-t-elle une « politique du logement » ?
Elle devrait. N’est-elle pas le porte-flambeau autoproclamé du « social » ?
Elle le dit : à toutes les tribunes et sur tous les tons, y compris sur celui de l’injure à tout ce qui ne pense pas bien.
Pour un observateur « technicien », la réponse passe par un détour sémantique. Par exception à la précision habituelle de notre langue, nous disposons du seul vocable « Politique » pour désigner deux réalités bien différentes. Les Anglais, moins idéalistes peut-être, en utilisent deux :
Policy, qui désigne un projet politique d’ensemble censé avoir une cohérence et se situer dans la durée ;
Politics: c’est ce que nous appellerions la politique politicienne, l’électoralisme.
On pourrait dire que, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la gauche française fait beaucoup de « politics » sur le thème du logement. En revanche, lorsqu’elle est aux commandes, on ne voit pas vraiment en quoi elle aurait une « policy ».
Le spectacle qu’elle offre aux yeux effarés des citoyens ressemble à celui d’un acteur en panique, qui s’agite dans tous les sens avec une égale inefficacité, faute de savoir que faire et pris dans d’insurmontables contradictions.
Il en résulte, lorsqu’il est question de mise en œuvre concrète (de passer du dire au faire, exercice où la gauche perd en général ses moyens), une politique du logement tenant en une formule algébrique très particulière : 3i + 2a = di.
Définissons, à titre introductif, les termes de l’équation. Nos développements viseront à en démontrer l’exactitude.
Les 3 i : Idéologie, incompétence, irresponsabilité
L’idéologie : « ça DOIT être comme ça, donc ne me dites pas que C’EST autrement ». Et dans les équipes d’élaborateurs de textes, c’est l’ultra-gauche qui régnait.
L’incompétence : des dispositifs soit inutiles, soit inapplicables, soit dispendieux, soit les trois à la fois. La question de la compétence réelle ou de l’aveuglement des créateurs de textes se pose sérieusement.
L’irresponsabilité : un seul credo, un seul objectif : faire des voix. A tout prix. Et l’argent public ne coûte pas cher à ces gens-là. Donc si « ça ne marche pas », ce n’est pas grave, on essaie autre chose, c’est le même prix.
Les 2 a : Amnésie, autisme
Amnésie : les exemples d’échec abondent (loi de 1948, réquisitions) mais ils les ont oubliés. Même leurs propres échecs, récents et patents, même leurs propres reniements, ils les oublient au fur et à mesure, et recommencent.
Autisme : qu’ils ne disent pas « on ne savait pas » car, toutes les informations utiles, ils les ont eues. Mais ils n’en ont pas tenu compte ; ils n’entendent que ce qui les conforte dans leurs fantasmes.
Le rapport résultant (di) : Dispendieuse (et désastreuse) inefficacité
Il nous reste à présent à le prouver. C’est ce à quoi nous nous emploierons, sans trop de peine.