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Au bal des faux-culs, les énarques sont rois

Hollande s’en est ému et aurait passé un savon à Fleur Pellerin. Bruno Le Maire est monté sur ses grands chevaux en pourfendant les fonctionnaires qui font de la politique. Mais de qui se moque-t-on ? Après l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal à l’INA, l’affaire Saal recasée au ministère de la Culture a agité le Landerneau politique, probablement pour que Marine Le Pen ne puisse s’en saisir la première, sauf que le scandale n’est pas là où on croit.

Rappelons que Hollande et Le Maire sont passés par l’ENA, et qu’ils connaissent les règles d’affectation de la fonction publique. M. Hollande ayant profité toute sa vie du privilège exorbitant de faire de la politique sans risques, avec la garantie de retrouver son poste de conseiller à la Cour des comptes. Quant au vertueux M. Le Maire, sa démission du ministère des Affaires étrangères ne date que de 2012, et son premier mandat d’élu à 2007, son retrait ostentatoire ayant beaucoup à voir avec les ambitions présidentielles caressées par ce brillant surdoué.

Mme Saal est énarque, elle n’a jamais eu de mandat d’élu ou fait de politique comme telle. Il est fort normal (le statut de la fonction publique l’y autorise) qu’un haut fonctionnaire en position détachée ou en disponibilité puisse revenir à son ministère d’origine une fois terminé son mandat dans un établissement public tel que l’INA. Si Mme Saal n’avait pas été reclassée à la Culture, elle serait restée chez elle, payée à ne rien faire !

Ce que Hollande reproche à Pellerin, dans l’attribution à Agnès Saal d’un poste de chargé de mission à la Culture, c’est la maladresse du procédé. Il aurait fallu un placard à la dame, sans publication au JO, comme cela se fait quand l’impétrant doit se faire oublier pour quelque temps. Dans l’administration, on case et on paye des émoluments quoi qu’il advienne, c’est le statut qui veut ça. Là est le premier scandale.

Qu’Agnès Saal eût été outrageusement politisée, jouant cul et chemise avec les huiles du Parti socialiste et en se livrant à des ripailles de prébendes, de réseautage et de renvoi d’ascenseur pendant vingt ans, soit. Sauf que cela est l’ordinaire des hauts fonctionnaires qui gravitent autour du pouvoir, entre les postes des cabinets ministériels, ceux à la nomination du gouvernement et même les emplois de ministères, et là est le deuxième scandale.

Le troisième motif d’énervement tient au fait que nos hauts fonctionnaires bénéficient d’une impunité à toute épreuve. Jamais de sanctions, même pour faute grave ou de concussion ou de prévarication. Les notes de taxi de Mme Saal ou les « ménages » d’Aquilino Morelle pour une firme pharmaceutique, c’est du pipi de chat, c’est le 0,1 % d’une administration incapable de faire régner un semblant d’État de droit et de punir ses fonctionnaires indélicats.

Dans les quatre « grandes » écoles de la fonction publique (ENA, X, ENM, ENS), l’allégeance politico-syndicale prime désormais sur la compétence, la conformité sur l’originalité, la souplesse de caractère sur la rigueur et la droiture. Nous avons une haute fonction publique très corrompue : moralement, financièrement, politiquement.

Michel Debré, qui a créé l’ENA en 1945, et de Gaulle, qui a fait des énarques les grands commis de son État, ont été trahis. Il faut lire le chapitre au vitriol de Zemmour sur Louis Schweitzer, énarque et ancien patron de Renault puis de la Halde, dans Le Suicide francais.

Stephan A. Brunel

Boulevard Voltaire :: lien

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