Devant l’afflux de clandestins, le Danemark va rétablir des contrôles aux frontières. Un accroc de plus aux accords de Schengen, déjà mis à mal la France ou la Bavière.
La crise migratoire n’en finit pas de bousculer la construction européenne. Loin du discours sur « l’irréversibilité » de tous les traités européens seriné par les eurocrates, le réel reprend ses droits. Ainsi, après le rétablissement de contrôles frontaliers entre la France et l’Italie (de manière officiellement temporaire), entre la Bavière et l’Autriche (de façon permanente), c’est le Danemark qui compte rétablir un contrôle frontalier avec l’Allemagne et la Suède pour lutter contre l’immigration clandestine et la contrebande. Cela se passera en coordination avec lesdits voisins, donc officiellement conformément aux règles mises en place dans les pays membres de l’espace Schengen.
Mais c’est bien l’esprit de Schengen qui une fois de plus, ne résiste pas à une vision pragmatique de la situation. Les arrivées de clandestins ont bondi en Europe de 870 % entre avril 2014 et avril 2015 ! Frontex et les pays de la ceinture extérieure de l’espace Schengen sont complètement débordés par cet afflux. La libre circulation entre membres de cet espace supposait que ses frontières extérieures ne fussent pas des passoires. En l’état, le rétablissement des frontières nationales est la seule option viable pour tenter de contrôler un minimum les flux migratoires.
C’est ce qu’a fait valoir en substance le Parti populaire danois au gouvernement de minorité de Lars Lokke Rasmussen. En effet, le Parti populaire danois, qualifié de populiste, eurosceptique, et anti-immigration par les médias officiels, est devenu le premier parti du pays avec 21 % des suffrages aux élections législatives de juin. Il a cependant refusé de prendre part à la coalition gouvernementale, préférant visiblement peser de l’extérieur sur la politique de l’équipe dirigée par le parti libéral Venstre.