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Entrevue #21 : "Adriano Scianca, responsable culturel de CasaPound Italia"

1) Le Cercle Non Conforme : Merci Adriano d'avoir accepté cet entretien. Pouvez-vous présenter votre parcours militant et intellectuel à nos lecteurs? Comment êtes-vous devenu le responsable des affaires culturelles au sein de Casapound et en quoi consiste cette fonction?

Adriano Scianca : Mon parcours militant est très simple, car avant d'entrer à CasaPound je n'ai eu absolument aucune autre expérience politique. J'ai commencé à fréquenter ce mouvement en tant que simple sympathisant, en prenant immédiatement conscience de sa force, de son énergie ainsi que de la clairvoyance de son programme et de son idéologie. Ensuite j'ai  amplifié au fur et à mesure mon engagement et mon implication. 
Mon parcours intellectuel est évidemment plus complexe, je suis passé par une forte identification de jeunesse à la doctrine de Julius Evola et puis, dans un second temps, par une découverte des thèses de la Nouvelle Droite française et de celles de Giorgio Locchi, ce génial intellectuel italien qui a longtemps vécu à Paris.

Être le responsable culturel de CPI [CasaPound Italia] consiste à superviser l'organisation des conférences de notre section principale, à Rome, mais aussi à coordonner celles qui se déroulent dans toutes les sections d'Italie, et enfin à s'occuper de tout ce qui à trait à la formation, à l'information et à la communication entre les militants de CPI.

2) Le C.N.C. : Comment a été reçu l'ouvrage Casapound, une terrible beauté est née en Italie et en Europe ? A l'heure actuelle peut-on dire que cet ouvrage a contribué à fortifier l'image et la doctrine de Casapound ?

A.S. : J'espère en effet que le livre a contribué à l'image et à la doctrine de CasaPound. Quant à sa réception, je dois dire qu'en France elle a été plus marquée qu'en Italie. Chez nous il a été beaucoup lu surtout par les militants, et du reste j'ai fait des présentations dans quasiment chaque section de CPI. Il n'y a toutefois qu'en France que ce livre a généré un véritable débat, parfois de manière assez virulente. C'est parce que votre pays a un rapport différent à la culture et aussi parce que les milieux identitaires donnent une grande importance aux discours doctrinaux.

3) Le C.N.C. : Casapound est perçu en France comme un mouvement social adossé à un projet métapolitique (radio, musique, esthétique, …). ZetaZeroAlfa et son leader, Gianluca Iannone, sont pour beaucoup dans cette impulsion initiale. Quel bilan tirez-vous de l'action culturelle du mouvement depuis son origine ?

A. S. : Je crois que l'activité culturelle de CasaPound est sans aucun doute un succès. En peu d'années nous avons organisé une centaine de conférences rien qu'à Rome (auxquelles il faut ajouter toutes celles faites dans le reste de l'Italie), et certaines d'entre elles ont occupé les premières pages des journaux nationaux. Nous avons été les premiers en Italie à recevoir et à donner la parole aux Grecs d'Aube Dorée, hélas ostracisés comme d'autres mouvements nationalistes européens. Nous avons été l'unique mouvement nationaliste en Europe à faire face – tout en restant fermes sur nos positions – à un ancien terroriste communiste comme Valerio Morucci (auteur de l'enlèvement et de l'assassinat de l'homme d'Etat démocrate chrétien Aldo Moro) ou aux associations homosexuelles. Nous avons accueilli dans notre local des parlementaires de tous les partis, des intellectuels de toutes opinions. Nous avons fait des conférences sur des auteurs surprenants comme Kerouac ou Bukowski. 
En plus du mien, je renvoie aussi aux deux livres (un essai et un roman) que Domenico Di Tullio, notre avocat et ami, a dédié à CPI. Et enfin aux livres sur CasaPound, écrits par des étudiants, des sociologues, des journalistes, quasiment toujours de gauche.

4) Le C.N.C : Lors du colloque de l'Institut ILIADE, vous êtes intervenu pour vous exprimer au sujet du mont Palatin, un « haut lieu européen ». Y a-t-il pour vous d'autres lieux dans la ville de Rome où vibrent l'âme européenne et notre plus longue mémoire ?

A. S. : Étant à tout point de vue une ville sacrée, Rome est parsemée de lieux de ce type. Si l'on doit en citer un, nous pouvons parler de l'Ara Pacis, l'autel dédié à Auguste en 9 av. JC à la déesse de la Paix, originellement situé dans une zone du Champ de Mars consacrée à la célébration des victoires. Monument évocateur, aujourd'hui malheureusement mis en cage dans une horrible architecture moderne, qui démontre de façon plastique l'incapacité de notre époque à  sauvegarder son meilleur héritage. D'un point de vue profane, j'ai plaisir à rendre hommage aux quartiers entiers qui portent l'empreinte du style fasciste : de l'EUR au Forum Italique jusqu'à la Cité Universitaire.

5) Le C.N.C. : Le futurisme est une référence qui revient fréquemment dans l'univers de Casapound de même que l'esprit d'avant-garde. Comment définiriez-vous l'avant-garde culturelle pour le XXIeme siècle ?

A. S. : Il est difficile de fixer les contours exacts d'une avant-garde avant qu'elle ne prenne corps. Mais nous pouvons déterminer certaines de ses caractéristiques possibles. L'avant-garde du XXIeme siècle devra être caractérisée par une pensée forte, elle devra être en lien avec l'élémentaire, avec l'essentiel. Ce sera une pensée vitaliste et constructive. Son objectif principal sera de repenser l'identité européenne, qui ne peut plus se limiter aux seules images de Stonehenge et du Parthenon grec, elle doit dire quelque chose aux jeunes d'aujourd'hui et surtout de demain.

6) Le C.N.C. : Dans le parc du Pincio, nous pouvons admirer de nombreux bustes de personnages célèbres de l'histoire italienne et européenne, si vous deviez vous référer à un seul des personnages présents dans ce parc, lequel serait-il et pourquoi ?

A. S. : Si je dois en choisir un seul je parlerai de Nicolas Machiavel, qui est aujourd'hui dépeint comme le théoricien d'un cynisme politique à la House of Cards, alors qu'il fut en réalité un bon patriote, partisan des forces (virtù) républicaines (romaines NDT) et de l'héritage romain. Machiavel a parlé de la necessité de reconnaître l'autonomie du politique plusieurs siècles avant Carl Schmitt, et a rêvé d'une Italie libre et souveraine bien avant que notre nation trouve l'unité et l'indépendance.

7) Quels seraient pour vous les dix livres incontournables de la bibliothèques idéale de tout européen ?

Étant donné que les listes de ce type sont toujours arbitraires et dans une certaine mesure « symboliques », je vais essayer d'établir avec une liste qui reflète en quelque sorte ma sensibilité :

1) Homère, l'Iliade et l'Odyssée ; 2) Virgile, l'Enéide ; 3) Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra; 4) Martin Heidegger, L'auto-affirmation de l'université allemande ; 5) Giorgio Locchi, Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste ; 6) Jean Raspail, Le camp des Saints; 7) Alain de Benoist, Comment peut-on être païen ?; 8) Filippo Tommaso Marinetti, Mafarka le futuriste ; 9) Ezra Pound, Cantos; 10) Dominique Venner, Un Samouraï d'Occident.

Traduction : Aymeric

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

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