Le rétablissement d’un minimum d’ordre au Proche-Orient passe par le retour de l’Iran dans le concert des nations. Obama l’a compris.
À l’heure où ces lignes sont écrites, l’accord nucléaire permettant la fin des sanctions contre l’Iran est encore incertain. En le rendant possible, comme il l’a déjà fait pour Cuba, Barack Obama donne une leçon de réalisme géopolitique que Conflits ne peut qu’apprécier.
Encore faut-il distinguer deux avatars du réalisme. Soit la retenue de la puissance, soit l’aveu d’échec. Le réalisme de Barack Obama relève de la seconde catégorie.
Dans le premier cas, la puissance, consciente que sa manifestation débridée serait déstabilisatrice, fixe des limites à son action. Telle est la position que prônait le jeune Kissinger (voir la recension de l’ouvrage que Charles Zorgbibe lui consacre, page 76). Elle se fixe des objectifs précis, comprend et reconnaît les intérêts des autres puissances au point de leur faire une place dans l’ordre international. On pourrait dire qu’elle est apollinienne et qu’elle redoute plus que tout les débordements de Dionysos, dieu de la transe et de l’errance.
Il est une propension américaine à la démesure dionysiaque. La certitude d’une totale supériorité morale et matérielle l’explique. La « nation indispensable » qui incarne le bien et possède la force ne peut se retenir : ce serait abandonner les autres peuples à leur sort misérable – du moins les États-Unis en sont-ils persuadés. Cela n’empêche pas les manœuvres, cela n’interdit pas les arrière-pensées inspirées par les intérêts. L’ancienne secrétaire d’État Condoleezza Rice parlait d’« idéalisme pragmatique ». Dans sa bouche, c’est l’idéalisme qui vient en premier, au risque d’une véritable fuite en avant comme on l’a vu depuis les années 1990. [....]
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