L’Angleterre est une île, c’est pourquoi Napoléon et Hitler ont échoué à l’envahir. Ce qu’ils n’ont pas réussi à faire, des immigrés clandestins vont-ils y parvenir ? Il est vrai qu’avec le tunnel, l’insularité n’est plus ce qu’elle était. Le fait est que les deux grandes puissances militaires de l’Europe ne peuvent empêcher ces individus venus d’ailleurs d’y débarquer. Mais cela va changer. Foi de ministres ! Bernard Cazeneuve et son homologue britannique, Theresa May, ont publié une déclaration commune dans laquelle ils assurent être déterminés à « mettre fin à cette situation », et qu’arrêter le flot des « migrants » est pour eux « une priorité absolue. »
Faut-il comprendre que, jusque-là, ce n’était pas une priorité, ou qu’elle était relative ? Le texte qui commence ainsi nous pousse à le croire : « Depuis plusieurs mois, nous avons pris la pleine mesure du désespoir des migrants qui cherchent à franchir la trentaine de kilomètres séparant nos deux pays. » Depuis quelques mois seulement, alors qu’il y a vingt ans que ça dure ? Il leur a fallu du temps pour prendre la « pleine mesure » de ce scandale.
Le flot des clandestins est devenu fleuve puis torrent, l’opinion publique, des deux côtés de la Manche, est exaspérée, certains menacent de régler le problème eux-mêmes devant l’impéritie des autorités. Nos ministres, pressés par la nécessité, aiguillonnés par leurs concitoyens, ont dû réagir. Comme le chef de l’État : « Ce sont des gens qui sont à bout », a-t-il commenté. Mais il n’évoquait pas les riverains, les Calaisiens, ni les habitants de la région, envahis, menacés parfois ou agressés, comme les chauffeurs routiers, non, la compassion présidentielle n’est pas pour eux, mais pour les « sans-papiers ».
Que vont faire nos deux pays, désormais ? La même chose qu’avant : des murs plus hauts et davantage de policiers. Certes il en faut, mais il n’y aura jamais assez ni des uns ni des autres, puisque les clandestins sont chaque jour plus nombreux. Le résultat ? Ils osent s’en vanter : « Ensemble, nous assurons chaque mois le retour depuis Calais dans leur pays d’origine de 200 migrants. » 200, alors qu’ils sont des milliers et qu’ils arrivent par centaines tous les jours. Ce week-end, malgré la mobilisation policière, 400 ont essayé de pénétrer dans le tunnel. Cazeneuve et May conjuguent leur impuissance.
Le problème, c’est l’Europe passoire de la « libre circulation » qui permet, via l’Italie et la Grèce, d’échouer à Calais. Pourquoi la Grande-Bretagne ? Parce qu’ils y ont déjà de la famille, parce qu’on peut aisément y travailler clandestinement, les contrôles étant quasi inexistants. Que Cameron mette de l’ordre chez lui, au lieu de demander à notre pays d’assurer la police de ses frontières ! La frontière est à Douvres et non point à Calais. Mais il est vrai que cette situation résulte des accords du Touquet entre Nicolas Sarkozy et Gordon Brown, en 2003. Il faut les dénoncer, afin que les autorités britanniques assurent elles-mêmes sur leur territoire le tri parmi ceux qui veulent y pénétrer. Calais doit être à Folkestone.
Guy Rouvrais