Bernard Antony analyse l'exclusion de Jean-Marie Le Pen à la lumière de sa propre exclusion du FN en 2004 :
"Je ne puis guère regarder la manière dont on vient de l’éjecter du Front National sans me souvenir des conditions de ma propre éviction en 2004 par le secrétaire général du parti, Louis Aliot. Voyant bien que si j’avais été le premier sur la liste des « indésirables », je n’allais pas être le dernier (...)
Je regarde aujourd’hui le déroulement de sa propre élimination du partidont il a été, lui, pendant quarante ans, le créateur et le chef. Elle se fait au mépris de toute piété filiale par sa fille après qu’il lui en ait transmis l’héritage. Je trouve cela indigne.
Marine le Pen aurait pu en effet simplement et dignement exprimer sa ferme opposition aux regrettables déclarations renouvelées de son père, marteler qu’elles n’engageaient nullement le Front National. Cela lui aurait évité de perpétrer un parricide politicien qui demeurera sur elle, quel que soit son avenir, comme une tâche indélébile. Et le fait d’avoir fait exécuter son père en se gardant, avec M. Philippot, d’être présente à l’hallali, ajoute à la misère du procédé.
Comment Marine, qui fut avocate et qui n’est pas sans intelligence, a-t-elle pu concocter d’envelopper son acte sous les apparences d’un pseudo-procès de la pseudo-justice d’un bureau d’excécution servile ? Et comment l’avocat qui fut longtemps celui de Jean-Marie le Pen a-t-il pu se préter à cette sorte de jeu de rôle ? Triste spectacle d’une imitation heureusement non sanglante des us et coutumes judiciairement expéditives des régimes totalitaires nazis ou communistes.
Aussi, l’élimination sans élégance du père se retourne-t-elle déjà, inéluctablement, contre la fille. Egarée par sa passion, coûte que coûte, du pouvoir, Marine le Pen n’a pas maitrisé sa pulsion d’en finir avec celui contre lequel elle est d’autant plus rageuse qu’elle lui doit tout : sa naissance, son nom, son héritage, sa carrière politique, et même un fascinant mimétisme dans ses modes d’expression et sa gestuelle.
Toujours est-il que finalement c’est Jean-Marie le Pen qui est victimisé et Marine le Pen qui est flétrie. Notre conviction, c’est que dans l’électorat du FN et bien au-delà dans le peuple français, ils sont encore nombreux ceux qui pensent ou sentent qu’il y a des choses qui ne se font pas."