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Le vrai visage du sans-frontiérisme ! Tribune Libre de Vincent Revel

Quand les élites trahissent leur peuple au profit des firmes transnationales, quand les défenseurs des travailleurs promeuvent aussi la mondialisation sauvage et défendent les sans-papiers, c’est que nous sommes dans le règne de la trahison sans-frontiériste.

À l’heure où l’Europe vit selon les volontés allemandes, des technocrates bruxellois et de ceux du FMI, les mots : mobilité, reconversion, disponibilité, délocalisation, chômage, concurrence déloyale, austérité sont, aujourd’hui, devenus courants. Le travailleur doit sans cesse savoir se remettre en cause, mais aussi s’adapter à des changements parfois violents et difficiles. Chaque semaine qui passe nous donne des exemples de ce qu’est un monde sans frontière où les hommes sont devenus de simples marchandises, assujettis aux besoins des marchés selon l’offre, la demande et les intérêts des oligarques mondiaux et des grands groupes internationaux. La suppression de 50 000 emplois par la Banque HSBC, alors que cette institution de la finance enregistre tout de même un bénéfice de 13 milliards de dollars, est devenue un évènement presque ordinaire dans notre monde progressiste et néo-libéral.

Comme dans une tragédie grecque, nos responsables politiques continuent à jouer leur rôle d’hypocrites sans réellement se soucier de savoir s’ils sont crédibles et efficaces. En Occident, comme le disait Cornélius Castoriadis, il y a longtemps que le clivage gauche-droite ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques radicalement opposés.

Plus rien ne les émeut tellement ils sont déracinés de la terre de leurs pères. En caste privilégiée, ils se font seulement les relais des grands de ce monde pour qui l’objectif premier du capitalisme n’est pas de produire des valeurs d’usage, mais uniquement « de produire toujours plus de marchandises » au coût de production le plus faible. Même les grands fleurons de notre industrie ne sont plus à l’abri de la trahison de nos élus.

Prenons l’exemple d’Air France qui connaît, depuis le milieu des années 2000, des soucis d’ordre structurel, des difficultés avec ses courts et moyens courriers face à l’arrivée des compagnies Low Cost et une concurrence plus que déloyale sur ses longs courriers avec certaines compagnies asiatiques et les compagnies du Golfe persique (Qatar Airways, Emirates…).
Pour lutter contre cette dure réalité, la compagnie française a eu la désagréable surprise de voir accorder par l’État français « des droits de trafic supplémentaires entre le Qatar et la France et des vols supplémentaires vers la France aux compagnies Qatar Airways, Emirates et Etihad » avec comme condition la vente d’avions militaires à l’État du Qatar et aux Émirats Arabes Unis.

Sauf que dans cette drôle d’histoire, à ce jour, les avions militaires n’ont toujours pas été vendus alors que les nouvelles lignes fonctionnent un peu plus chaque jour ! Légitimement indigné, l’un des syndicats d’Air France a osé parler d’un véritable coup de poignard dans le dos de la part de l’État français, pourtant encore actionnaire au sein de notre célèbre compagnie aérienne. Comment expliquer ce comportement suicidaire de nos responsables ?
Comment peuvent-ils justifier une telle compromission avec des pays susceptibles de causer la perte de nombreux emplois français et de fragiliser de grands groupes français ? Comme le dit Alain Finkielkraut dans son livre L’identité malheureuse, à l’inverse de l’ancienne bourgeoisie du début du XXe siècle, « les nouvelles élites, surbookées et hyper-connectées, se sont, quant à elles, délestées de l’héritage des siècles. Bourgeoises, elles ne le sont que par leur goût du confort. Le reste est passé à la trappe. »

Ce visage-là est le reflet de notre temps où le sans-frontiérisme domine les esprits. En citoyens du monde aisés d’un « village-monde », nos élites rêvent, à l’image des idiots utiles que l’on rencontre dans l’univers gauchisant des groupes et des associations militants pour les clandestins et une immigration de masse sans réglementation, d’un multiculturalisme où le droit à la consommation serait le seul paramètre à prendre en compte. Contre cette logique utopiste et mortifère, les frontières sont les seuls remparts pour préserver les véritables différences et richesses de l’humanité tout en appliquant un protectionnisme adapté, seul moyen pour garantir la dignité des individus. Immigration de masse et libre circulation des marchandises ne sont que les deux faces d’une même réalité, l’avers et le revers d’une même médaille. C’est bien pour cette raison que nul ne peut prétendre vouloir défendre les travailleurs européens en militant activement pour la régularisation des sans-papiers. Ceci, à l’image des actions incohérentes, dangereuses et inadaptées de nos élites et de nos politiques face à la situation dramatique des migrants, peut être aussi considéré comme une trahison.

Vincent Revel.

http://fr.novopress.info/191671/vrai-visage-du-frontierisme-tribune-libre-vincent-revel/#more-191671

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