La politique du "ni PS ni FN" prônée par Nicolas Sarkozy pendant les dernières élections départementales ne fédère pas les candidats Les Républicains dans les régions où le Front national a des chances de s'imposer.
"Ni-ni" ou front républicain ? Après de premières crispations au sein de l'ex-UMP dans l'entre-deux tours des élections départementales en mars dernier, la question revient déjà sur le tapis chez Les Républicains à quelques mois des élections de régionales des 6 et 13 décembre prochains. Entre la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie et la région PACA, où le Front national a de réelles chances de l'emporter, Les Républicains (LR) ont du mal à accorder leurs violons.
Dans la nouvelle région Nord Pas-de-Calais-Picardie, la liste du FN emmenée par sa présidente Marine Le Pen risque de faire un score bien supérieur au 18,3% remportés en 2010. Jean-René Lecerf, le président LR du Conseil départemental du Nord, a déjà suggéré une fusion des listes LR et PS si le FN réalise un score important au premier tour. Alors que la liste socialiste emmenée par Pierre de Saintignon est à la peine et que les sondages ne donnent qu'une maigre avance à Xavier Bertrand (LR) sur la présidente du FN, la victoire de Marine Le Pen est un scénario "non seulement envisageable mais probable", selon Jean-René Lecerf, contacté par RTL.fr.
Xavier Bertrand tente de rattraper son retard sur Marine Le Pen
Si la droite est sortie victorieuse des élections départementales dans le Nord, l'affaire s'annonce beaucoup plus compliquée en décembre prochain face à un poids lourd comme la présidente du FN. "Au deuxième tour, il est plus que possible que Xavier Bertrand ait besoin des voix de la gauche ou que Pierre de Saintignon ait besoin des voix de la droite. Ensemble, nous pourrons ramener les électeurs dans le giron républicain", espère l'élu LR. De son côté, Xavier Bertrand reconnait que celle qu'il se plait à appeler "la fille de Jean Marie Le Pen" fait la course en tête. Mais il refuse toute main tendue vers les représentants d'un pouvoir "qui fait grossir le Front national". Face aux positions du candidat LR, Jean-René Lecerf philosophe : "C'est ce qu'on dit à quelques mois des échéances, ce qu'on fait sur le moment est souvent différent".
A gauche, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti socialiste, accuse Xavier Bertrand et Christian Estrosi (candidat LR en PACA) d'avoir franchi un point de non-retour en "droitisant" leur discours pour faire jeu égal avec le FN. Dans un entretien à Libération, il dénonce des "déclarations extrémistes sur les réfugiés qui empêchent désormais le front républicain". La liste Front national menée par Marion Maréchal-Le Pen est pourtant au coude-à-coude avec Les Républicains dans le Sud-Est. La petite-fille de Jean-Marie Le Pen pourrait même arriver en tête au premier tour avec 32% des votes. Les Républicains ne possèdent qu'une infime avance au second tour avec 35% des voix contre 33% pour le FN, selon un sondage Ifop du mois d'août.
"Christian Estrosi a été très clair, il n'y aura pas d'alliance avec la gauche ou le FN", prévient Renaud Muselier, tête de listes des Républicains dans les Bouches-du-Rhône. L'ancien secrétaire d'état aux Affaires étrangères est persuadé que le soutien du MoDem et de l'UDI permettra à la liste de Christian Estrosi de l'emporter en décembre. Mais si le candidat assure que la droite est unie dans la perspective des élections régionales, les ralliements de certains membres des Républicains vers l'extrême droite pourraient rebattre les cartes.
Dans les Bouches-du-Rhône, l'influent maire des Saintes-Marie-de-la Mer, Roland Chassain, n'a pas été retenu sur la liste LR en raison de ses vues trop conciliantes avec le Front national. En 2012, il s'était d'ailleurs désisté au second tour des élections législatives pour provoquer la défaite du PS dans sa circonscription au profit du FN. Malgré l'annonce de sa suspension après le scrutin, le maire des Saintes-Marie est toujours présent dans l’organigramme des Républicains et soutient, pour l'instant, Renaud Muselier dans son département. "Je ne vais pas empêcher des personnes qui ont fait des bêtises de me soutenir", tempère le candidat LR lorsque l'on évoque l'homme qui avait appelé à créer "des passerelles avec le FN" dans un entretien à Minute en 2012.
Renaud Muselier se félicite même d'avoir rallié certains élus du FN sous sa bannière depuis le lancement de sa campagne pour les régionales. Les véritables adversaires de la droite en PACA, selon lui ? Le "système Guérini" et l'équipe sortante du président du Conseil régional, Michel Vauzelle (PS). "Ici le ni-ni, c'est ni ostracisme, ni angélisme.", conclut Renaud Muselier.
source : rtl.fr :: lien