L'apparatchik post-brejnevien Pierre Laurent va donc conduire, en Ile-de-France, la liste du Front de gauche au scrutin régional qui s'approche à grand pas.
Les élections régionales, comme leur nom le suggère, comportent une part très importante de facteurs locaux et d'équilibres politiciens décentralisés. Nous en tenant à l'Ile-de-France on constatera aussi, comme dans pas mal de régions, que les sondages à deux mois du scrutin donnent des écarts très serrés.
Ceci confère aux dirigeants des formations marginales, celles qui ne peuvent pas espérer gagner une seule présidence, un poids très supérieur à celui de leurs impacts populaires respectifs dans l'opinion. Ils ont dès maintenant commencé à l'exercer aussi bien en vue des négociations qui se dérouleront entre les deux tours, que dans le cadre du kriegspiel de préparation de la présidentielle 2017.
Que tout cela comporte un grand potentiel d'écœurement du citoyen, voilà qui ne devrait plus échapper désormais aux politologues toujours prompts à dénoncer pêle-mêle ce sentiment avec son exploitation par les formations qu'ils exècrent.
Qu'on en juge au fait que "d’Odoxa à l’Ifop en passant par BVA, tous les récents sondages donnent Valérie Pécresse (Les Républicains) largement en tête du premier tour (31 à 34 %), devant le socialiste Claude Bartolone (24 à 25 %) et le frontiste Wallerand de Saint-Just (20 à 25 %). Échoueraient à se qualifier le communiste Pierre Laurent (7 à 9,5 %), Nicolas Dupont-Aignan (7 à 8 %) et Emmanuelle Cosse pour EELV (6 % à 9 %)" (1)⇓
Ceci vaut à la date des études par sondage, mais on peut présumer aussi que les tactiques électorales respectives tendront à rehausser au-delà de 10 % ceux qui se situent actuellement en-deça.
C'est en juin que Pierre Laurent, chef quelque peu besogneux du PCF a annoncé sa candidature en tant que chef de liste aux régionales. Ce moteur à gaz pauvre s'était autopropulsé et les commentateurs agréés feignaient de ne pas y croire. Ils avaient tort.
Il s'en était suivi une levée de bouclier au sein des petits partis associés au sein du fameux pâté d'alouette appelé front de gauche. Celui-ci reste composé, comme on ne devrait pas l'oublier de 90 % d'un cheval paléo-communiste et de 10 % agglomérant les petites formations associées. Outre son manque de charisme, on lui reproche son siège de sénateur et son refus de combattre le cumul des mandats.
Avant de conclure par le fait, jugé jusque-là improbable que, finalement, ce sera bien Pierre Laurent, et personne d'autre.
Observons que ça s'est passé en deux temps, décrits par Libération.
1. Premier temps: "le PCF invente une tête de liste virtuelle en Ile-de-France" (…) "Le parti communiste a proposé un trio Clémentine Autain - Eric Coquerel - Pierre Laurent avec pour candidature officielle Pierre Laurent. Nouveau refus des intéressés." (2)⇓
2. Deuxième temps et conclusion : Le 5 octobre 2015 à la Bellevilloise, dans le 20e arrondissement de Paris, Pierre Laurent, Clémentine Autain et Eric Coquerel se retrouvent pour lancer une campagne où, finalement, après quatre mois de manœuvres le chef du PCF conduit la liste. Ah ! proclament-ils : "ça fait du bien de faire de la politique avec des gens qui nous ressemblent"
Certes le PCF a quelque chose d'un dinosaure. Mais depuis Jurassik Park, œuvre de fiction sans soute, noue devrions nous représenter qu'il existe aussi, dans la réalité politique mondiale et particulièrement dans notre Hexagone, des dinosaures méchants.
Apostilles
- cf. Le Monde du 6 octobre ⇑
- (2) cf. Libération du 14 septembre article "Régionales : le PCF invente une tête de liste virtuelle en Ile-de-France" par Rachid Laïreche. ⇑
JG Malliarakis
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