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Fascisme et Kémalisme

Comme exemples de régimes modernistes, soit l’adaptation au XXe siècle du despotisme éclairé, l’on peut considérer deux systèmes qui eurent leurs décennies de gloire, avant d’être abandonnés, le premier – après une inutile guerre perdue – pour la pratique du capitalisme échevelé, mâtiné d’intense corruption politico-maffieuse, le second lors d’un retour en force de l’islamisme politique.

Le Fascisme

C’est l’exemple-type (« l’archétype ») du mouvement moderniste, né juste après la Grande Guerre, composé et dirigé par des Anciens Combattants, frustrés dans leurs espoirs d’expansion territoriale (l’armée italienne a été lamentable durant la guerre, même si les fascistes prétendent le contraire ; à la Conférence de la Paix, les politiciens italiens n’ont pratiquement rien obtenu de ce qu’on leur avait promis, en 1915, pour qu’ils entrent en guerre : Fiume et la côte dalmate, Albanie, extension coloniale à partir de la Somalie et de l’Érythrée) et dans leurs espérances de justice sociale.

Depuis 1870, l’Italie est une ploutocratie « radicale », c’est-à-dire de type capitaliste et anticatholique, où Juifs et Francs-maçons font la loi, où les salaires sont faibles et la protection sociale minime.

Le régime ploutocratique est menacé dès 1919 par les agitateurs anarchistes et marxistes, à l’italienne… soit dans des combats de rue où l’on s’expose assez peu aux armes de l’adversaire : des coups de matraque et de l’huile de ricin du côté des fascistes, qui sont presque tous des anciens combattants ; des armes à feu mal manipulées par les marxistes, qui ont en général évité l’incorporation durant la guerre (les ouvriers ont été « mobilisés » dans leurs usines.

Il y aurait un livre (politiquement très incorrect, cela va sans dire) à faire sur la véritable injustice sociale de la Grande Guerre, durant laquelle les paysans et employés sont massivement partis au front, tandis que les ouvriers devenaient des « affectés spéciaux » dans les ateliers (étant bien payés, tandis que les familles des combattants devaient subvenir à leurs propres besoins, le « prêt du soldat » étant ridiculement faible ; ce sont les hauts salaires des ouvriers des industries de guerre qui ont fait monter les prix à la consommation… et les ouvriers mâles, planqués et bien payés – ce n’était pas le cas des dames, mal payées -, ont parfois osé se mettre en grève !)… aucun honorable universitaire n’a osé, jusqu’à présent, aborder cette épineuse question. Toute l’histoire du XXe siècle est à réécrire… quand la Loi le permettra !

Benito Mussolini, futur Duce (chef) du mouvement puis parti fasciste, est né dans un foyer misérable (comme « Staline »-Dougashvili, alors que presque tous les autres chefs marxistes sont nés fils de bourgeois ou de gros agriculteurs). Instituteur puis enseignant du secondaire, il devient journaliste, membre en vue du Parti socialiste italien (et jugé marxiste prometteur aussi bien par « Lénine » que par « Trotski »). Francophile et germanophobe, il fait campagne pour l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés des Alliés et s’engage dans l’armée. 

Comme exemples de régimes modernistes, soit l’adaptation au XXe siècle du despotisme éclairé, l’on peut considérer deux systèmes qui eurent leurs décennies de gloire, avant d’être abandonnés, le premier – après une inutile guerre perdue – pour la pratique du capitalisme échevelé, mâtiné d’intense corruption politico-maffieuse, le second lors d’un retour en force de l’islamisme politique.

Il est trop connu comme politicien pour être envoyé au front ; c’est en manipulant un lance-mines, à l’arrière, qu’il est blessé en 1917 (et tout le petit monde de la politique et de l’état-major général défile devant le lit de souffrances du « politicien-héros », nanti d’une demi-douzaine de médailles).

Le 23 mars 1919, Mussolini fonde à Milan (la capitale économique du royaume d’Italie) les Fasci di combattimento (faisceaux de combat – par analogie aux faisceaux de fusils des unités au repos), pour rétablir l’ordre dans le pays. Il publie le 6 juin le Manifeste du mouvement, qui compte environ un millier d’Aniciens Combattants à l’automne, échouant totalement aux législatives du 15 novembre 1919 (le maestro Toscanini, candidat sur la liste fasciste, n’est pas élu et se fâche avec Mussolini : il deviendra le « symbole de la lutte Antifa » !!!). 

Gros succès électoral le 15 mai 1921 (le mouvement compte alors 200 000 membres et Mussolini en est le Duce – soit le chef civil et militaire ; en 1922, le PCI ne comptera que 43 000 membres). En novembre 1921, le mouvement devient Parti National Fasciste. Le 29 octobre 1922, les chefs du parti organisent la Marche sur Rome de quelques milliers de fascistes pour chasser les marxistes qui saccagent la ville et chasser les députés corrompus. Le Duce est désigné par le roi pour diriger un cabinet de coalition, avec le centre gauche. En 1924, le Parti fasciste remporte la majorité absolue aux nouvelles législatives et le Duce se fait octroyer les pleins pouvoirs par la Chambre en janvier 1925 (il les gardera jusqu’en juillet 1943). En 1943, pour un pays de 38 millions d’habitants (non comptées les ex-colonies, alors perdues), le Parti comptera encore 4,77 millions de membres (dont 1,22 million de femmes). 

Contrairement à la réputation de férocité qu’a faite au fascisme la propagande du Komintern (l’organisation moscovite d’agitation et de financement des Partis Communistes en dehors de l’URSS), on relève 12 000 arrestations d’antifascistes de 1925 à 1943 et 26 exécutions pour raison politique de 1922 à 1943 (dont 17 durant les années de guerre, 1940-43)… à comparer avec les 12 millions d’hôtes du GOULAG en 1939, le million de morts chez les Cosaques en 1920-21, les 6 à 10 millions de morts de l’Holodomor (l’Holocauste ukrainien de 1930 à 1932), les 2 millions de morts des purges staliniennes de 1936-38 !

L’idéologie fasciste est floue (le Duce est un phraseur, pas un penseur original) : anticapitalisme et lutte contre l’esprit bourgeois ; culte de la jeunesse et des sports ; exaltation de la communauté nationale et refus de la lutte des classes ou de la haine des castes ; modernisme (voire « futurisme artistique », mais dans une optique figurative) ; quête de la grandeur et sens de l’épopée… avec une population de grands causeurs, très peu combatifs ! C’est ce qui fait sourire les observateurs français et allemands ; curieusement, les Britanniques croiront longtemps au danger italien (jusqu’aux piètres prestations de l’armée italienne durant la guerre d’Espagne).

La propagande fasciste exalte les souvenirs de l’Empire romain (le faisceau des licteurs devient emblème national) et on entreprend d’énormes fouilles archéologiques (notamment sur le forum de Rome, alors totalement enfoui) ; la Méditerranée doit redevenir Mare nostrum (notre mer)… conflits prévisibles, croit-on, avec la France et la Grande-Bretagne (la Marine italienne est riche de superbes navires de combat et d’une centaine de sous-marins et très pauvre en hommes de guerre… seuls quelques dizaines de plongeurs de combat sauveront l’honneur, de 1941 à 1944).

L’impérialisme colonial est à l’ordre du jour : pacification de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque de 1928 à 1939, réunies sous le nom antique de Libye en 1935 ; conquête de l’Éthiopie (torts partagés par le négus esclavagiste et belliqueux) en 1935-36 ; conquête de l’Albanie (en état permanent de guerre civile et riche en gisements de pétrole) au printemps de 1939 ; conflit larvé avec la Grèce depuis 1925 (les Italiens occupent, dès avant la Grande Guerre, les îles du Dodécanèse et Rhodes) ; le Duce réclame Nice, la Savoie et la Corse… pour obtenir un condominium en Tunisie où sont installés davantage de colons italiens que de colons français.

Le régime lance une politique de grands travaux, dès 1923, qui multiplie les emplois (700 km d’autoroutes construits de 1923 à 1939 et 7 000 km de routes, en plus de 500 ponts ; agrandissement des ports ; extension du réseau ferré ; édification d’aéroports ; défrichements et assèchements de marécages ; logements sociaux). Les récoltes de céréales doublent entre 1920 et 1940. On multiplie les barrages pour produire davantage d’électricité (la production triple entre 1923 et 1934). Le Duce exploite les « réserves de productivité » de fonctionnaires, nombreux et jusque-là peu zélés. On constate un essor remarquable de l’architecture et de l’urbanisme à la périphérie de Rome. Parallèlement, le régime lutte contre la corruption administrative et le gaspillage des fonds publics.

Les salaires sont mieux adaptés au coût de la vie (jusqu’à la crise économique du milieu des années trente). Une Charte du Travail sert de loi cadre au règlement des conflits du travail, pour éviter grève et lock-out.

Surtout, le régime lutte contre l’émigration et favorise la natalité par une politique sociale d’allocations familiales, la traque des avorteurs et avorteuses, et un encadrement médical gratuit des femmes enceintes et des nourrissons. On lance d’énormes campagnes de lutte contre le paludisme (« malaria »), la tuberculose, l’alcoolisme, les maladies vénériennes et la toxicomanie. Dès 1925, le Duce a entamé une guerre impitoyable contre la mafia et la camora (qui seront des alliés de l’envahisseur US en 1943-44).

Le régime entreprend une grande campagne de lutte contre les dialectes et d’alphabétisation : jusqu’en 1925, 80% des adultes du Sud de la botte et des îles (Sicile – Sardaigne) étaient illettrés. En 1925, le droit de vote est accordé aux femmes (1945, pour la France).

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