L'offensive conjointe de Jean-Christophe Cambadélis et de Nicolas Sarkozy contre la participation de Marine Le Pen à l'émission politique de France 2, avant son annulation, a provoqué des critiques chez les Républicains.
L'offensive conjointe de Nicolas Sarkozy et de Jean-Christophe Cambadélis contre le traitement réservé à Marine Le Pen par France 2, avant même l'annulation de l'émission Des paroles et des actes, a semé l'incompréhension à droite. Le président des Républicains avait appelé le premier secrétaire du PS mercredi pour répondre de vive voix à sa lettre. Cambadélis lui écrivait notamment que l'invitation de la chaîne publique à la patronne du FN introduisait «une distorsion dans l'équité médiatique, qui plus est au profit de l'extrême droite». Le numéro un du PS a été «très surpris», rapporte son entourage, que Sarkozy prenne son téléphone et encore plus qu'il approuve sa démarche. En mai, l'ex-chef de l'État disait de lui dans une interview au Figaro «un dirigeant du PS dont j'ai oublié le nom…».
Les deux hommes ont pris soin de saisir séparément le CSA, mais cette précaution n'a pas suffi à désarmer les critiques chez les Républicains. «Je ne commente jamais les choix des journalistes, nous a affirmé Bruno Le Maire. Ayons des propositions fortes et répondons aux préoccupations des Français, mais ne laissons pas croire que nous voulons empêcher Marine Le Pen de parler!»
«(Marine) Le Pen remercie les Républicains et les socialistes d'avoir assuré la promotion de l'émission de ce soir… et France 2 pour sa complaisance», a tweeté jeudi Lionnel Luca. «Cette réaction conjointe est débile, se désole le député LR des Alpes-Maritimes. On accrédite la thèse FN de la collusion entre les socialistes et Les Républicains et on fait de Marine Le Pen une martyre. C'est comme si on s'ingéniait à lui distribuer toutes les bonnes cartes.»
Luca considère cependant que France 2 n'est pas exempte de reproches. Selon lui, la chaîne «crédibilise Marine Le Pen comme seule opposante». «Moi, je combats le FN, mais je trouve totalement normal qu'elle soit invitée à ce genre d'émission», rétorque Thierry Mariani, d'accord en revanche avec Lionnel Luca, son collègue de la Droite populaire, pour juger «maladroites» les démarches «de nature à renforcer l'idée que le débat politique français se réduit à “tous contre Le Pen”».
Pour Éric Ciotti, l'affaire est d'autant plus malencontreuse qu'elle intervient dans un contexte favorable au Front national. «Entre les flux non contrôlés de migrants, les atteintes à l'autorité de l'État, que ce soit à Air France ou à Moirans, qui restent sans réponse, tout est de nature à nourrir chez les Français un sentiment de colère qui profite au FN», se désole le député des Alpes-Maritimes.
Judith Waintraub
source : Le Figaro :: lien