Il est frappant, dans notre monde moderne, d’observer combien nos contemporains semblent peu heureux, peu épanouis. Peut-être pas plus qu’à n’importe quelle autre période, c’est évidemment une chose impossible à mesurer, mais ce qui en rend le sentiment si palpable aujourd’hui, c’est que nous vivons une époque qui se croit la plus heureuse, non seulement parce qu’elle a atteint un confort matériel inégalé avec un « progrès » technique époustouflant, mais surtout parce qu’elle se vante d’une liberté individuelle et d’une autonomie incomparables, au point qu’il n’existe plus rien susceptible de s’opposer à la volonté humaine, l’homme ayant en quelque sorte atteint son rêve : devenir Dieu… et donc se passer de lui !
Le cinéma et les séries télévisées, qui sont un assez bon reflet de l’esprit du temps, sont révélateurs du mal-vivre de nos contemporains. On n’y voit quasiment jamais un héros heureux en ménage qui a une famille stable, un conjoint et des enfants unis, dans 95 % des cas, on a affaire à des personnes dont le couple vacille ou vivant seules, souvent divorcées, n’envisageant les relations sexuelles que comme un plaisir passager n’engageant à rien, et n’ayant finalement qu’un grand vide en dehors de leur travail. La raison de cette situation ? Nous voulons le beurre et l’argent du beurre, comme on dit ! Nous voulons la liberté maximum en toute chose, nous ne voulons dépendre de rien ni de personne, nous voulons « profiter » de la vie, de ses plaisirs, mais cette mentalité conduit inévitablement à un individualisme égocentré qui se sert des autres et qui est incapable de tout engagement sérieux et durable, de fidélité, d’effort, de discipline, de don de soi, de sacrifice même… nous refusons la notion même de péché qui culpabilise l’homme émancipé de toute tutelle et capable de décider par lui-même du bien et du mal. Cette mentalité ne peut mener finalement qu’à la solitude que tous les réseaux sociaux du monde ni la technique ne peuvent combler. Le malheur de la solitude est inscrit dans la mentalité moderne que l’on nous vante sans cesse, à commencer par l’insupportable et omniprésente publicité.
Quel rapport avec le synode ? Simplement ceci : tous ceux, parmi nos bons prélats, qui s’inquiètent à juste titre de la souffrance de personnes qui peuvent se sentir « exclues » de l’Église ou qui jugent sa discipline trop « sévère », parce qu’elles sont divorcées remariées ou de tendance homosexuelle, parce que Madame prend la pilule, etc., tous ces bons prélats, dis-je, cherchent en fait à corriger des effets négatifs au lieu de s’en prendre aux causes des maux dont ils s’offusquent. [....]
Christophe Geffroy
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