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L'Europe jusqu'à Vladivostok

Histoire et géopolitique(1992)
L’histoire connaît les cités-états : Thèbes, Sparte, Athènes, plus tard Venise, Florence, Milan, Gênes.
Aujourd’hui elle connaît les Etats territoriaux : la France, l’Espagne, l’Angleterre, la Russie.
Finalement elle découvre les Etats continentaux, tels que les Etats-Unis d’Amérique, la Chine actuelle et l’URSS d’hier. [1]
L’Europe d’aujourd’hui subit une période de transformations.
Elle doit passer du stade plus ou moins stable des Etats territoriaux au stade de l’Etat continental.
Pour la majorité des gens, cette transition est entravée par l’inertie mentale, sans parler de la paresse de l’esprit.
Bien que n’étant pas plus grande qu’un morceau de tissu, Sparte avait une forte vitalité, d’un point de vue historique, vivant avant tout dans son aspect militaire. Ses dimensions et ses ressources étaient suffisantes pour contenir une armée capable de gagner le respect de tous ses voisins.
Nous approchons ici le problème basique de la vitalité des Etats. La cité-état historique fut supplantée par l’Etat territorial. L’Empire romain supplanta Athènes, Sparte, Thèbes. Et sans grand effort [2].
Aujourd’hui la vitalité historique de l’Etat dépend de sa vitalité militaire, qui à son tour dépend de sa vitalité économique ; ce qui nous conduit à l’alternative suivante :
Première hypothèse : les Etats territoriaux sont obligés de devenir des satellites des Etats continentaux. La France, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre ne représentent qu’une fiction d’Etats indépendants. Car depuis longtemps, depuis 1945, tous ces pays sont devenus des satellites des Etats-Unis d’Amérique.
Seconde hypothèse : ces Etats territoriaux se transforment en un seul Etat continental : l’Europe.
L’échec historique d’un Etat continental : l’URSS
La regrettable désintégration de l’URSS s’explique, en particulier, par l’insuffisante compréhension théorique de l’Etat par Marx, Engels, Lénine et à certains égards Staline. Déjà en 1984 mon disciple et collaborateur, José Cuadrado Costa, se basant sur les travaux de Ortega y Gasset et de moi-même, publia un essai brillant et prophétique sous le titre : « Insuffisance et obsolescence de la théorie marxiste-léniniste de la nationalité » [3].
Concernant la compréhension de l’essence de l’Etat, les Jacobins étaient manifestement bien plus avancés que les marxistes. Dans ce domaine, Marx resta toujours limité à la période romantique de la Révolution de 1848. Déjà à la fin du XVIIIè siècle, Siéyès parla de la manière d’obtenir un Etat-nation « homogène ». L’Etat-nation est le fruit d’une volonté politique.
Un autre exemple de l’idiotie marxiste, remontant au romantisme du XIXè siècle, est l’idée de la disparition de l’Etat. Il est difficile de penser à une plus grande stupidité. C’est un vieux rêve anarchiste. [4]
Ainsi Lénine préserva l’existence formelle des républiques. J’écris intentionnellement le mot au pluriel.
Du fait de l’application du principe du centralisme à l’intérieur du parti communiste et à la personnalité particulière de Staline, cette fiction ou cette comédie dura jusqu’en 1990. L’affaiblissement du Parti entraîna l’éclatement de l’URSS sur des problèmes remontant à l’époque 1917-1922.
La fiction devint réalité.
En 1917 les Jacobins russes créèrent la République des Conseils (j’attire votre attention sur le singulier). Lénine accepta cette fiction de l’Union des Républiques Soviétiques (j’attire votre attention sur le pluriel) et la toléra. De 1946 à 1949, à l’apogée de son pouvoir, Staline aussi préserva cette apparence d’Etats « indépendants », s’étendant de la Pologne à la Bulgarie.
Une imprudence théorique de plus.
L’Etat politique par opposition à l’Etat ethnique
Dans le dictionnaire « Le Petit Larousse », il est écrit que les conditions de l’uniformité d’une ethnie sont sa langue et sa culture.
Pour les besoins de cette analyse, je donnerai ma propre interprétation élargie de ce concept, ayant dit que l’unité de l’Etat ethnique a ses racines dans l’unité de race, de religion, de langue, d’imagerie commune, de mémoire commune, de frustrations ou de craintes communes.

Le concept d’Etat politique (en tant que système ouvert, en expansion) est complètement opposé au concept d’Etat ethnique (en tant que système fermé, fixé). L’Etat politique est l’expression de la volonté d’hommes libres d’avoir un avenir commun.
L’Etat politique, ou plus précisément l’Etat-nation politique – dont je suis considéré comme le théoricien moderne, après Ortega y Gasset [5] – permet aux individus de préserver leur individualité personnelle (veuillez excuser ce pléonasme barbare et grossier) à l’intérieur du cadre de la société. Il y a moins de deux mois [6], j’ai donné mon opinion sur l’importance des concepts d’Imperium et de Dominium. Depuis 1964 je n’ai jamais cessé de développer ces concepts d’origine romaine.
A un ami politique qui m’appelait « wallon » (ce n’était pas suffisant pour moi !), j’écrivis, comme d’habitude, que je ne suis ni wallon, ni flamand, ni allemand, ni belge, et pas même européen. Je suis moi. La personne de Jean Thiriart, c’est Jean Thiriart, lui écrivis-je. Je n’aime pas du tout être classé dans une catégorie avec d’autres gens, où il est dit qu’« ils me ressemblent ». Je veux constamment conserver mon ironie socratique. Partisan du totalitarisme quand on parle de l’Imperium, je deviens un anarchiste pour la question du Dominium.

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