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La recomposition du paysage politique français

À l’image des élections départementales, les toutes récentes élections régionales ont été d’une grande surprise lorsdu premier tour, et un désabusement le second tour. Néanmoins, loin des commentaires de bistrot que nous avons retrouvé sur les grands médias, il est intéressant de voir qu’avec le Front National, est en train de se recomposer le paysage politique français. 
Alors qu’au premier tour des élections régionales, le Front National était en tête dans de nombreuses régions de France, il n’a pu n’en gagner aucune lors du second tour. Il faut néanmoins relativiser cette défaite. 
Premièrement, parce qu’elle montre la faiblesse idéologique des partis au pouvoir, à savoir les libéraux (communément séparés entre socialistes et droite d’affaires mais convergeant autant sur le plan des mœurs, de l’Union européenne, de l’immigration que de l’ensemble des politiques publiques). La critique récurrente du Front National portant sur l’UMPS – ou LRPS – est bel et bien effective quand le Premier ministre d’obédience socialiste appelle à voter pour son prétendu rival afin de faire barrage au Front National. Surtout, elle montre la peur des partis dits « traditionnels » à ne pas pouvoir gagner seuls contre un « outsider » qui lui l’est bien (même s’il réunit jusqu’à 40% des votants), et s’obligeant ainsi à des alliances officiellement contre-nature afin de faire bloc. Ce n’est ni le PS ni LR qui a gagné seul mais bien une coalition de petits partis affidés qui permettent de faire la différence grâce au cumul des différents électoraux réunis. 
La seule victoire observée est celle de blocs soit total gauche, soit total droite, et même dans le cadre de deux régions, d’un total gauche-droite (et cela avec seulement dix points de plus que le Front National en bloc uni, ce qui n’est pas une victoire écrasante à l’image du 80/20 pour le second tour de l’élection présidentielle entre Chirac et Le Pen en 2002, mais bien une victoire relative). 
En second lieu, et malgré la propagande médiatique, il ne faut pas oublier que le Front National, même sans avoir la présidence d’une région, aura des conseillers régionaux dans toutes les régions de France métropolitaine, c’est-à-dire que sa représentation territoriale sera plus complète que pour celle du Parti Socialiste. 
Premier constat, entre les conseillers municipaux, départementaux et régionaux, le Front National, n’aura aucun mal à réunir les 500 signatures pour les élections de 2017. Ce score en progression montre aussi que la représentation territoriale de ce parti diabolisé est véritable, amenant jour après jour l’adéquation entre les intentions de vote et la représentation politique locale : gage d’enracinement et de structuration du vote, et non pas du vote contestation comme certains journalistes naïfs ou de mauvaise foi aiment à nous le faire croire
Mais alors pourquoi le Front National, premier parti de France dans ces différents scrutins (sans compter les élections européennes) n’arrive pas à franchir le cap du second tour ? Plusieurs éléments : il y a trop de variables dans le vote entre ceux qui votent seulement au second tour ou inversement, ceux qui s’abstiennent puis votent ensuite ou inversement, ceux qui n’ont pas de choix rationnel (PS puis LR par exemple), etc. 
Surtout, c’est la prise en compte du fait majoritaire qui entre en jeu ici : l’espoir né des élections régionales est lié au scrutin à la proportionnelle : l’idée même d’un scrutin à la proportionnelle est de représenter les petits partis, qui n’existeraient pas dans un scrutin majoritaire (comme Les Verts, le Modem ou d’autres listes marginales électoralement). C’est d’ailleurs la proportionnelle aux législatives de 1986 qui a permis d’obtenir 35 sièges pour le Front National, idée que Mitterrand va vite modifier pour revenir au fait majoritaire. Ce scrutin, s’il permet une meilleur représentation politique, est légitimement écarté pour éviter une instabilité ministérielle : le régime parlementaire se nourrit d’une assemblée stable liée à une forme de coalition (caricaturalement : les Britanniques ou les Allemands, pour des raisons différentes), et l’idée n’est pas de revenir à une IVème République. 
Aujourd’hui, le Front National n’est pas encore prêt pour gagner lors d’un fait majoritaire, ce que leurs rivaux ont bien compris. Mais ce qu’ils comprennent aussi, c’est que le Front National progresse élection après élection, et que la recomposition du paysage politique se fait à ce niveau-là notamment : le système du fait majoritaire amène à un système bipartisan : qui dit scrutin majoritaire dit en effet deux partis prépondérants. Ces élections (avec les élections départementales, puisque les européennes ont leur explication propre) mettent en avant le fait que – quoi qu’en disent les détracteurs – le Front National est en train de s’imposer dans le fait majoritaire. Dans ce système bipartisan, avec un « outsider » comme le Front National, c’est le jeu des chaises musicales, et ce sera nécessairement soit le PS soit LR qui sortira de ce jeu à deux partis majoritaires. Pour le moment, il semblerait que les socialistes soient à bout de course, mais rien n’interdit de penser que la recomposition du paysage politique se fasse de manière complète à droite. 
Revenons à notre idée de fait majoritaire, si l’entre-deux tours a été un choc pour les droitards comme pour les socialistes-libéraux, ils ont donc dû « s’associer » et faire bloc. Marine le sait. Nous pouvons donc nous attendre à un phénomène de coalitions pour les présidentielles. Marine Le Pen sait qu’elle devra récupérer un électorat supplémentaire (le Rassemblement bleu marine est plus que nécessaire), élément décisif dans la course du pouvoir. Là encore, rien n’interdit de penser que LR finisse sa course en 2017 en raison de probables défections dans son camp : entre ceux qui rallieront Marine, et ceux qui, désabusés par un Nicolas Sarkozy droitiste de circonstance, voudra « flirter » avec les idées FN pour maintenir un électorat de droite et donc perdre son électorat centre droit, qui sera légitimement dragué par les socialistes. De ce point de vue, on peut prêter cette stratégie aux socialistes de détruire LR afin d’amener aux présidentielles un second tour Marine Le Pen / François Hollande et rejouer la carte de 2002, seul moyen – aujourd’hui – pour Hollande d’être réélu… 
Cette recomposition se fait déjà dans le cadre du discours politique : quand Hollande et Valls parlent de l’immigration et Schengen, dans l’utilisation des mesures sécuritaires et liberticides, dans la rhétorique droitiste de manière globale au PS comme à LR, cette recomposition via une communication de façade est bien la transcription d’une opinion publique qui ne voit plus dans le FN un diable nazi-facho-antisémite mais bien un parti capable de répondre aux aspirations et aux inquiétudes du peuple français face à l’immigration, la sécurité, la précarité, l’Europe et la mondialisation
En conclusion, c’est bien sûr une déception de voir le FN être à deux doigts de remporter une région, mais cela laisse seulement augurer des jours meilleurs pour certes la progression électorale de ce parti, qui en cinq ans a doublé, voir dans certaines régions tripler son score, mais surtout la progression des idées patriotes. 
Il est à noter qu’aujourd’hui un tiers des français n’hésite plus à dire ouvertement non à l’immigration et au diktat européen. Le vote front national qui en est aujourd’hui la plus concrète expression, ne doit en aucun cas laisser place à des illusions. 
Même si le Front National arrive demain au pouvoir, la recherche du bien commun pour le peuple français est encore un long chemin à parcourir.

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