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Ce que civilisation veut dire

Priez pour Paris ! Ce fameux hashtag crée une polémique chez nos confrères de Libération. Les Français n’ont toujours pas compris dans qu’elle guerre ils sont : non pas d’abord une guerre avec des blindés et des avions, mais une guerre de civilisation.

Nos énarques sont en pleine panade, leurs méthodes se trouvent manifestement dépassées par ce qui arrive. Suivant le conseil du Comte de Saint Simon, ils avaient voulu substituer au gouvernement des hommes l'administration des choses.Tout le monde avait l'impression rassurante que ce pays se gouvernait avec des mesures techniques et des circulaires administratives. Et voilà qu'une situation inédite se manifeste : parmi la population musulmane que nos fonctionnaires avaient ordre de faire rentrer dans notre pays sans même avoir le droit de les compter, une partie, une petite partie, quelque chose comme 10 % des entrants adhèrent à une version littérale de l'islam, celle qui ordonne, selon la lettre du Coran, de « tuer les infidèles jusqu'à ce qu ils aient payé tribut ». Le fait est sans précédent dans l'histoire de la République. Les migrants d'hier et d'aujourd'hui, cela fait des millions de musulmans en France... 10 %, quand cela porte sur des millions, c'est énorme. Quant au profil du musulman dit radicalisé, il provoque aussi quelques surprises : on nous le décrit régulièrement comme poli, gentil, toujours prêt à rendre service. Et puis il a fait un voyage en Syrie, un aller-retour bien sûr, et là il s'est radicalisé. Il passe à l'attaque, ce n'est plus le même homme.

S'agit-il d'une guerre classique ? Non, n'en déplaise à M. Hollande, qui depuis qu'il a mené la guerre au Mali se prend pour un stratège. Il ne suffira pas d'envoyer des avions rafales en Syrie, ni même notre unique porte avion pour gagner cette guerre, c'est trop tard. Maintenant la guerre a lieu à Saint-Denis. Comme l'explique une coiffeuse de la ville dont la boutique comporte une pièce spéciale pour les femmes voilées : « Ici on n'est pas à Oran. Les gens vont jusqu'au bout de leur foi ».

Que peut-on faire contre cette foi musulmane d'un peuple, plus forte en France terre de conquête qu'au Maroc, à Oran, terre d'islam ? Déclarer qu'elle n'est pas dangereuse et que la France est accueillante, voilà la politique menée indistinctement par l'UMP (en ce temps-là) et par le PS (aujourd'hui). Mais y a-t-il une autre politique possible ? Le problème désormais échappe aux politiques issus de l’énarchie. On ne réglera pas la question avec des techniques de gouvernements ou de gestion des hommes. Le drame est spirituel. C'est l'Église qui doit prendre position. Surprise : alors que d'habitude, la Conférence épiscopale prend la parole sur tout, cette fois, depuis le sinistre vendredi 13, on n'a pas entendu nos évêques.

Pas un communiqué commun. La réalité, si longtemps évitée à coup de langue de buis, ne peut plus être niée. Le réel a eu lieu, plus personne ne peut prétendre le contraire : nous sommes dans une guerre de civilisation que nous n'avons pas déclarée, mais qui nous est faite en silence depuis des années et désormais dans la pétarade des kalachnikovs et dans les explosions des hommes-bombes. On pourra désamorcer telle ou telle action, en laissant des blessés de chez nous sur le terrain, comme à Saint-Denis, et bientôt sans doute des morts. Cela ne changera rien à la configuration générale et à la guerre qui a lieu. Dans cette guerre, nos évêques ne s'en rendent pas compte;, ils sont en première ligne. En effet, le seul moyen, je ne dis pas de convertir les musulmans comme un seul homme mais de leur faire oublier cette pente à la radicalisation qu'ils montrent si souvent, c'est, pour la France, de revenir à ses racines chrétiennes, pour les chrétiens, pratiquants ou non, de reprendre conscience de l'importance de leur foi dans la guerre de civilisation qui est la nôtre, pour l'ensemble du corps social de retrouver ses valeurs.

Les valeurs françaises ne sont pas laïques ; c'est lorsque l’on parle avec des "laïcs" convaincus que l'on s'en aperçoit : les valeurs des laïcs sont des valeurs chrétiennes, respect du prochain, de la création etc. Mais c 'est le laïcisme français, qui, lui, est historiquement antichrétien et qui continue imperturbablement dans ce registre. Comme le montre la récente histoire des crèches, qui, à en croire l'AMF, devraient désormais être proscrites systématiquement de tout bâtiment public, le laïcisme militant fait désormais le jeu de l'islam. En contribuant à faire disparaître les crèches, ces images de Noël dans notre société, le laïcisme favorise le véritable grand remplacement, le grand remplacement culturel : l’Aïd pourra prendre la place du 25 décembre. Les fêtes de rupture de jeune, après le mois de Ramadan, remplaceront le Premier de l'an (qui, par parenthèse, marque que je sache le calendrier chrétien).

Dans le combat culturel avec l'islam fondamentaliste, les chrétiens ont une véritable avance intellectuelle. Mais ils sont ralentis par deux inventions de Vatican II : la repentance (au début de Gaudium et spes) et le dialogue interreligieux (qui mène au refus d'évangéliser). Il faut des autorités spirituelles dignes de ce nom, pour mener aujourd'hui un combat qui a dépassé les politiques et qui devient un combat spirituel, mental, civilisationnel.

Abbé G. de Tanoûarn monde&vie 23 novembre 2015

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