Lu dans Minute :
"[...] Les policiers ont obtenu du ministère de la Justice d’être les seuls à mener les enquêtes dès lors qu’il y a suspicion de terrorisme. La circulaire de Chris- tiane Taubira du 18 décembre 2015 «relative à la lutte contre le terrorisme » est claire: «Lorsque la nature terroriste des faits, bien que probable, mérite d’être confirmée, il appartient alors au parquet territorialement compétent d’initier une enquête sous une qualification de droit commun et de saisir la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) de la poursuite des investigations. » De fait, les unités de gendarmerie, brigades de recherche et Blat, Bureau de la lutte anti-terroriste, sont exclues de ces enquêtes, sans aucun doute les plus intéressantes et les plus avantageuses pour l’image du moment. Les gendarmes n’ont pas digéré la chose et ils le font savoir.
Autre objectif pour le général Favier, directeur général de la Gendarmerie nationale (et ancien patron du GIGN) : en finir avec la compétence territoriale de la gendarmerie nationale, qui cantonne la gendarmerie dans les petites villes et les campagnes. C’est cet objectif qui explique l’installation d’antennes régionales du GIGN dans des villes où sont déjà présentes des antennes Raid ou des BRI (Brigades de recherche et d’intervention). C’est ce qui explique également pourquoi le patron de la gendarmerie a râlé quand il a su que le Raid allait s’installer à Toulouse, ville où le GIGN est déjà présent.
Comme toujours dans ce genre de bagarre, on ressort les sujets qui fâchent. Et notamment le plus récent d’entre eux, l’assaut donné par le Raid le 18 novembre à Saint-Denis contre l’appartement où s’étaient réfugiés Abdelhamid Abaaoud et ses complices. A cette occasion, 5000 cartouches avaient été tirées. Dans la presse, Jean-Michel Fauvergue, le patron du Raid, avait expliqué cela par les « tirs nourris » et les « rafales » de kalachnikov des terroristes. Malheureusement, une fois l’assaut terminé, les enquêteurs n’ont trouvé sur place qu’un pistolet automatique...
C’est ce à quoi vient de faire allusion Henri Martinez, le président de l’UNPRG, avec une ironie mordante. « Il est vrai que des prétendus experts, des mal pensants assurément, se sont émus du bilan des munitions tirées par le Raid lors de l’assaut à Saint Denis: de l’ordre de 5 000 cartouches pour réduire trois terroristes et blesser deux étrangers en situation irrégulière » [...]"