Les amis de la liberté, quand ils en ont pris connaissance, auront tous aimé l'indignation exprimée le 28 janvier sur Europe N°1 par Jean-Michel Apathie. Voici le script exact de son intervention :
"C'est le printemps des dictateurs. Après le président iranien Hassan Rohani qui vient nous acheter des avions, des voitures et des frigos, la France va accueillir la semaine prochaine Raùl Castro président dictateur de Cuba. Un phénomène ce Raùl Castro avec son frère Fidel il est au pouvoir depuis le 1er janvier 1959 et il n'a jamais rencontré un électeur de sa vie. L'histoire des frères Castro est minable. Derrière un socialisme de branquignols, de façade, ces deux frères martyrisent leur peuple 11 millions de Cubains depuis 57 ans. Ceux qui vivent libres, libres, libres d'aimer, si vous êtes homosexuel vous êtes en prison aujourd'hui à Cuba, ceux-là doivent franchir le bras de mer qui les sépare, qui sépare l'île de Miami, et ils le font au péril de leur vie. Les autres restent à Cuba où ils vivent et meurent dans l'ennui et la tristesse. Nous recevrons Raùl Castro le 1er février prochain. À lui aussi nous vendrons des avions, des voitures et des frigos et il est triste, très triste que, finalement, la France s'abaisse à tout cela."
Précisons quand même que l'argument de l'utilité économique, et même la comparaison stricte, de ce point de vue, avec l'Iran n'est pas tout à fait convaincant. C'est presque à double tranchant.
La chaîne de télévision "France 24", filiale à 100 % d'un organisme public français, sert le même argument. Mais elle le retourne en faveur des démarches de Hollande qui aime se mettre en scène comme un négociateur de contrats commerciaux internationaux, sans que le public puisse faire vraiment la part de l'esbroufe. Pour reprendre le propos de JM Apathie on aimerait ainsi savoir combien d'avions, combien de voitures et combien de "frigos" seront vendus respectivement à l'Iran et à Cuba. On pourrait ajouter aussi : à quel prix, sachant par exemple qu'en 2015 Michel Sapin a effacé une dette de 11 milliards de dollars
"France 24" fait ainsi appel à un spécialiste de l'Amérique latin qu'elle baptise "chercheur", Jean Ortiz. Or, ce "chercheur" a trouvé et depuis longtemps. "Fils de la République espagnole et de l'antifascisme" indique "L'Humanité" il chronique dans ce quotidien avec l'honnêteté intellectuelle et l'objectivité scientifique que l'on devine.
Du reste, "l'Huma" définit ainsi sa démarche : "les chroniques latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains", etc. Insoupçonnable il croit pouvoir lui aussi souligner l'habile manœuvre du président que le monde nous envie, car l'île communiste, toujours à en croire France 24 via son "expert" Ortiz serait à la fois un client intéressant et une porte d'entrée en direction de l'Amérique latine.
Or s'il est exact qu'un groupe de pays "bolivariens" a été contaminé par le "chavisme" du Venezuela, lequel finança longtemps le régime des frères Castro, – Fidel ayant désigné Chavez pour son successeur à l'échelle du continent – les récentes élections en Argentine le 22 novembre et au Venezuela le 6 décembre ont marqué le désaveu massif du chavisme et du castrisme à l'échelle de toute l'Amérique latine. De plus part la ruine du régime vénézuélien, aggravée par la baisse du prix du pétrole, est de nature à couper les vivres de Cuba.
On doit donc s'interroger sur les vraies motivations des relations franco-cubaines. Elles ne sont pas économiques. Il semble dérisoire de les présenter comme de nature à court-circuiter la diplomatie américaine sachant que c'est Obama, et non Hollande, qui a lancé le processus de fin de l'embargo en décembre 2014. En 2015, Sapin a effacé la dette de Cuba qui restait impayée depuis 30 ans.
Présentées sous l'angle "culturel" on est en donc en droit de penser que ces manœuvres tendent surtout à compenser sur la gauche les sympathies perdues par Hollande ces derniers temps. Faisant l'impasse sur les libertés bafouées, elles aboutissent à rendre la gauche française à sa vielle complaisance pour les dictatures rouges, dont celle des frères Castro demeure l'une des pires au monde.
JG Malliarakis