Chômage, déception amoureuse, passage en prison, frustations... Les raisons qui conduisent à la radicalisation islamiste sont diverses. Voici le parcours de plusieurs personnes radicalisées, signalées notamment grâce au numéro vert « anti-djihad ».
Les profils ci-dessous, auxquels Le Figaro a eu accès, sont des cas de personnes radicalisées ou en voie de radicalisation de moins d’un an, signalés aux services de police, au numéro vert « anti-djihad » et/ou aux professionnels de la déradicalisation travaillant sous l’égide du ministère de l’Intérieur
Désoeuvrement professionnel
R.C., né en 1987. Français né à Colombes vivant à Gennevilliers.
Fin 2014, S., l’épouse de R.C., alerte les autorités de la radicalisation de son mari qui s’apprête à repartir pour la Syrie - il y est déjà allé en janvier 2014 pendant trois mois. Elle est terrifiée : il veut l’emmener avec lui et leurs deux petites filles de 5 et 7 ans. Le profil de R.C. est étonnant mais pas singulier chez les radicalisés. « Il ne fait pas la prière ni le ramadan mais il affirme que le djihad remplace tout cela », dit S. Il est « obsédé par le djihad et regarde des vidéos sur le sujet ».
S. n’aurait jamais pensé que R.C. allait se convertir à l’islam car « il n’avait pas du tout l’esprit religieux, il fumait et buvait beaucoup et ne connaissait rien à la religion musulmane ». Quand l’épouse alerte les autorités, il est converti depuis deux ans, radicalisé depuis un an. Il estime désormais que « le djihad est le 6e pilier de l’islam ». S. attribue la radicalisation religieuse de son mari à son « désoeuvrement professionnel et personnel ». Son activité principale consiste à fréquenter la grande mosquée de Gennevilliers (92), lieu de culte que fréquentaient les frères Kouachi, auteurs des attentats du 7 janvier 2015, avant d’en claquer la porte la jugeant trop modérée. RC est très violent, « verbalement et physiquement », confie sa femme, et « considère Mohamed Merah et Ben Laden comme ses idoles ».
Quand il rentre de Syrie, elle ne le reconnaît plus du tout : longue barbe, cheveux longs, habits en lambeaux et surtout une haine contre la France qu’il qualifie de « pays de profanateurs et de mécréants ». Il considère la Syrie comme « le paradis ». Il essaie de convaincre S. de repartir avec lui et leurs deux petites filles en Syrie. Face à ce projet, elle dépose une main courante en octobre 2014 à la vigie de la gare de l’Est, afin d’obtenir une interdiction de sortie du territoire de ses deux filles de 5 et 7 ans. Il tente de repartir à deux reprises mais échoue. La deuxième, il est même arrêté et placé en garde à vue. Puis il est convoqué le 16 décembre 2014 par la PJ qui lui retire ses papiers. Mais il continue à préparer son départ : il récupère les numéros de téléphone de deux passeurs irakiens à la frontière turque. Et essaie toujours de convaincre sa femme de partir avec lui : ils auront une maison, de l’argent. Notamment une prime d’arrivée de 8 000 euros pour lui et 2 000 pour elle. En Syrie, ils seraient dans la ville d’Al Bab mais devraient être séparés durant un mois. Elle toucherait une indemnité de 400 euros mensuels et pourrait même s’entraîner au combat si elle le désirait. Samira se sent en extrême danger. Elle craint le jour où il va comprendre qu’elle ne partira pas avec lui. [...]
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