Près de neuf mois séparent encore les sympathisants de la droite et du centre de la primaire qui déterminera leur champion pour la prochaine présidentielle. En cette fin d'hiver, la campagne pour le scrutin des 20 et 27 novembre connaît pourtant un sérieux coup d'accélérateur.
Bien sûr, la dizaine de candidats candidats potentiels ne sont pas encore déclarés; Nathalie Kosciusko-Morizet doit le faire mardi 8 mars (sans doute sur TF1) et Nicolas Sarkozy n'envisage pas d'officialiser sa candidature avant l'été.
Mais qu'ils soient déjà sur la ligne de départ ou pas, tous ont tenté d'avancer leur pion au cours de cette semaine qui s'achève. Retour sur les quatre épisodes marquants.
C'était LE rendez-vous incontournable de la semaine. De Nathalie Kosciusko-Morizet dimanche à Jean-François Copé ce vendredi, le salon de l'Agriculture a vu défiler tous les candidats déclarés ou pressentis à la primaire. La palme est revenue à Bruno Le Maire et ses 25 heures réparties sur trois jours. Pourquoi une telle bousculade? Tout simplement parce que le vote des agriculteurs (une cible fidèle à la droite mais qui flirte de plus en plus avec le FN) comptera forcément en novembre.
Et même si porte de Versailles, aucun n'a vraiment parlé du rendez-vous de novembre, celui-ci était dans les têtes de tous, chacun draguant cet électorat à sa manière. Ce qui marque cependant, c'est l'accueil cordial réservé à tous ces prétendants par des agriculteurs qui n'ont pas été tendres avec François Hollande ou Manuel Valls. Aucun des ténors Les Républicains n'a été hué, et Nicolas Sarkozy a pris soin de marquer sa différence avec l'actuel locataire de l'Elysée en multipliant les poses et les selfies.
Il en a profité aussi pour vanter son plan Marshall de 10 milliards d'euros en faveur de la ruralité. Mais même sur ce sujet, le chef de l'opposition ne jouit plus d'une autorité totale. Ses deux principaux rivaux, François Fillon et Alain Juppé ont en effet moqué cette proposition.
Dans Le Parisien, mercredi, Nicolas Sarkozy a confirmé qu'il n'était pas l'heure pour lui d'annoncer sa candidature à la primaire. "Autour de l'été", a répondu le président du parti Les Républicains quand on lui demandait quel était le bon timing pour le faire. La veille pourtant, il s'est invité pour la première fois à une réunion hebdomadaire organisée par ses lieutenants en vue de la primaire.
Initiées par Brice Hortefeux et Luc Chatel, ces rencontres doivent permettre à l'ex-chef de l'Etat de bénéficier d'un réseau déjà bien tissé quand il se lancera à quelques semaines seulement de l'échéance. Il ne s'agissait que d'un "passage à l'improviste pour saluer ses amis", a confié un proche à un journaliste de France 2. Mais alors que sa popularité peine toujours à remonter auprès du peuple de droite, ils sont plusieurs à réclamer une accélération du calendrier. Roger Karoutchi aimerait par exemple qu'un signal plus clair soit donné "au plus tard au mois de mai".
Troisième homme de l'élection à la présidence de l'UMP en novembre 2014 (6,3% derrière Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire), le député de la Drôme est désormais candidat à la primaire. En parallèle de la recherche des parrainages indispensable pour pouvoir concourir, le parlementaire médiatisé durant le débat sur la mariage pour tous a dévoilé son programme pour "libérer l'activité économique" et "permettre à la société civile de reprendre son destin en main".
Il reprend plusieurs propositions faites par ses rivaux: baisse des charges des entreprises, réduction du nombre de fonctionnaires, suppression des 35h et de l'ISF. Mais le député ose aussi des propositions rarement entendues: mettre fin aux HLM parce que "les trois-quarts des familles défavorisées n'habitent pas" dedans ou proposer aux étudiants un système de prêts différés leur permettant de rembourser s'ils trouvent un emploi. Le volet sécuritaire n'est pas absent. S'il est peu friand du régime d'état d'urgence et de la déchéance de nationalité, il propose l'introduction d'un "serment d'allégeance aux armes de la France" pour que les jeunes s'engagent à défendre le pays en cas de menace extérieure.
Le tout est consigné dans un ouvrage, Le printemps des libertés publié aux éditions L'Archipel et qu'il a offert à Alain Juppé croisé jeudi dans les travées du salon de l'Agriculture.
Le dernier événement de la semaine sera le premier épisode d'une longue série. Candidat déclaré depuis une dizaine de jours après la publication de son livre Ne vous résignez pas (ed. Albin Michel), Bruno Le Maire organise son meeting de lancement de campagne. Après avoir passé trois jours au salon de l'Agriculture, l'actuel troisième homme des sondages franchit une étape supplémentaire.
Son équipe veut faire de ce rendez-vous "une démonstration de force" au cours de laquelle tous ses soutiens parlementaires devraient être présent. L'identité visuelle et la musique de sa campagne devraient également être dévoilés. Histoire de prendre un peu d'avance sur tous ses rivaux.
Alexandre Boudet
Le HuffPost :: lien