La double étude que l'Académie Nationale américaine des Sciences, la NAS, a publié en février concerne donc l'élévation du niveau des mers. La première, réalisée par des chercheurs de l'Université Rutgers, prend en compte le rebond post-glaciaire - ou soulèvement de masses terrestres consécutif à la fonte des calottes glaciaires. On peut lire dans le communiqué de l'Université de l'Etat du New Jersey : « Le niveau global des mers s'est relevé plus rapidement au cours du XX° siècle qu'il ne l’a fait durant n’importe lequel des 27 siècles précédents ». Correspondant à l'idéologie globale cette observation a aussitôt fait le tour des cénacles de décision. D'autant que, est-il affirmé, « sans le réchauffement climatique, le niveau global des océans se serait relevé de moins de la moitié de ce qui a été observé au cours du XXe siècle et même aurait pu baisser. Cette élévation, tout à fait substantielle sur les côtes basses susceptibles d'être inondées aura atteint 14 centimètres entre 1900 et 2000 ». Le responsable de l'étude, Robert Kopp, directeur associé de l'Institut de l'Energie de Rutgers, ajoute même : « L'augmentation du XX° siècle a été extraordinaire dans le contexte des trois derniers millénaires et fut encore plus rapide au cours des deux dernières décennies ».
Au cours de leurs travaux les chercheurs observent par ailleurs que lors de la petite période glaciaire, entre 1000 et 1400 de notre ère, les températures fraîchissant de 0,2°C et que le niveau des mers aurait baissé de 8 cm. Ce qui renvoie au dernier Grand Maximum Glaciaire d'il y a 24500 ans BCE (Before Common Era) suivi d'une déglaciation qui se poursuivît jusqu'en 12500 BCE lorsque les températures s'accrurent de 3 à 5°C avec brutale montée des eaux d'une quarantaine de mètres. Il est tout de même important de noter qu'alors aucun gaz à effet de serre anthropique et aucune activité humaine ne pouvaient être tenus pour responsables d'un tel phénomène. C'est pourquoi on s'efforce de nous persuader de l'importance de la rapidité de l'actuel réchauffement. Même s'il est admis qu'il ne s'agira jamais que de 14cm sur 100 ans.
Obsédés par le C02, qui conditionne la révolution mondialiste en cours, les auteurs de l'étude, indifférents à l'action des tâches solaires sur le climat de la terre, ont ainsi calculé qu'au cours du 21° siècle le niveau des océans s'accroîtrait de 50cm à 13 mètre. Et de 20cm à 60cm si la consommation d'énergie fossile était réduite.
Le second rapport, publié par l'organisation Climate Central est encore plus intéressant. Il émane de sources similaires. On y retrouve le Professeur de l'Université de Rutgers Robert Kopp qui s'est spécialisé dans l'interaction entre risques économiques et Changement Climatique et fait partie du Giec. Un vrai fonds de commerce, en somme. Avec la sienne voisine la signature du Pr. Benjamin Strauss, grand spécialiste américain du niveau des mers et des vagues déferlantes. Invité de toutes parts, largement financé et partout célébré. Il n'est pas par hasard vice président de Climate Central. Cette organisation, bien qu'elle se défende d'être un groupe de pression, sert de base de données sur les risques supposés résultant du Réchauffement Climatique. On peut lire dans un de ses documents « qu'il y a de fortes chances pour que des inondations centennales ou pires surviennent aux Etats Unis, à plusieurs reprises avant 2030. Causant des dégâts considérables. Près de 5 millions de personnes vivent dans 2,6 millions de maisons qui se trouvent à moins de 1,2 mètre des marées hautes quand les scientifiques tablent sur une montée des eaux de 60cm à 2 mètres ». Evidemment selon l'institut tout dépendrait de l'efficacité de la lutte contre le changement climatique. Ont participé également à ces travaux, Klaus Bitterman, un Allemand qui a étudié dans le cadre du NOAA, le service de la météorologie US (National Oceanic and Atmospheric Administration), et William Sweet, océanographe auprès du même NOAA.
Dans son rapport, au titre édifiant - « Inondations côtières non naturelles - l'augmentation du niveau des mers et l'empreinte humaine sur les inondations US depuis 1950 », Climate Central souligne le nombre des destructions causées au cours du dernier siècle par l'augmentation du niveau des eaux. Et il en précise clairement les causes : « En gros les trois quarts des journées d'inondation dues aux marées survenant dans les villes de la Côte Est, ne surviendraient pas s'il n'y avait pas augmentation du niveau des mers causée par des émissions anthropiques ».
La preuve ? Entre 1955 et 1984 le nombre de jours d'inondations relevés à Boston, Atlantic City, Philadelphia, Washington, Charleston, La Jolla (San Diego), and San Francisco ont été de 51, 83, 96, 265, 132, 32, and 169 respectivement. Entre 1985 et 2014, pour les mêmes villes, ils ont été de 90, 414, 199, 568, 496, 133, and 286. Or entre les deux dates se seront écoulés 60 ans. Si l'on prend la station balnéaire de La Jolla près de San Diego la plupart des habitations n'existaient pas et se trouvent quasiment sur la plage. C'est également le cas d'Atlantic City. À Charleston, ils n'étaient que 70 000 en 1950. Entre 1990 et 2014 la ville est passée de 80 000 à 130 000. À l'évidence de nombreux faubourgs neufs ont été construits près des plages. Il en va de même de San Francisco, passé de 1985 à 2014 de 700 000 à 850 000. Ce phénomène existe dans toutes les agglomérations des côtes américaines où, au cours de la dernière décennie, les constructions se sont multipliées aux abords des plages, augmentant d'autant les risques liés aux conditions climatiques. D'autant que les derniers immigrés ont tendance à s'agglutiner dans les mégapoles du bord de mer. Le plus bel exemple en est la Floride dont la population est passée de 2,8 millions en 1950 à plus de 20 millions en 2015. Et cela fait des années que les compagnies d'assurance ont tiré la sonnette d'alarme : le bétonnage de la côte d'année en année devient un fardeau insupportable après le passage de chaque cyclone. Non pas qu'ils soient plus violents ni plus dévastateurs mais simplement parce qu'il y a dix fois plus de dégâts à indemniser à cause d'une population multipliée par dix.
C'est la même chose pour le Texas. En 1950 Houston n'atteignait pas 600 000 habitants. Ils sont aujourd'hui près de 23 millions. Alors 7,7 millions, les Texans sont aujourd'hui près de 28 millions.
« Une campagne d’anti-science »
Bien qu'émanant du plus important institut scientifique US expert en matière d'élévation anthropogénique du niveau des mers, un des chevaux de bataille du GIEC et de l'idéologie du Changement Climatique, faut-il néanmoins s'abstenir de toute réserve ? Sachant que tous les membres de la distinguée organisation sont cooptés et la direction élue par eux. La NAS appartient au Conseil International pour la Science dont le siège est à Paris et la devise est : « L'universalité de la science dans son sens le plus large est de développer une communauté scientifique véritablement mondiale sur la base de l'équité et de la non-discrimination ». En 2005 avec les académies nationales de la science des pays du G8 elle signa une déclaration sur une réponse globale au Changement Climatique, selon laquelle celui-ci était suffisamment prouvé par la science pour justifier une action rapide des nations.
Depuis quelques semaines cette étude fait le tour de toutes les revues scientifiques et de vulgarisation de la Planète. Une officine de propagande aussi percutante que France-Info n'a pas perdu de temps pour la faire connaître aux jeunes soumis au roulement de la pensée unique, invitant une scientifique française, experte en ce domaine, à apporter sa caution à cette manipulation manifeste. Parce qu'il s'agit bien d'une nouvelle imposture pseudo-scientifique. Aussitôt mise à mal par d'autres spécialistes de grand renom mais qui, eux, ne diffusant pas la vérité consacrée, n'ont droit à aucun porte-voix médiatique et doivent s'exprimer dans des organes marginaux, que les média de masse désignent comme "conspirationnistes"'.
Nils-Axel Morner, par exemple, qui dirigea le département de Paléo-géophysique et de Géodynamique de l'Université de Stockholm. Il présida les commissions sur la néo-tectonique et sur les changements des niveaux des océans de l'Union Internationale pour l'Etude du Quaternaire. Or si celle-ci de façon parfaitement orthodoxe soutient la notion de réchauffement anthropique, il est lui totalement opposé aux thèses du GIEC. Momer a pendant des années étudié le soit disant envahissement
des îles Maldives par l'Océan indien, démontrant tout ce qu'il y avait de faux dans cette théorie utilisée par les responsables de cet archipel pour obtenir des aides internationales et la reconnaissance pour ses habitants d'un statut de « réfugié climatique ». Bien sûr ses affirmations suscitèrent une levée de boucliers de la part des "scientifiques" qui se trouvaient confrontés à une contestation dont ils prétendaient qu'elle ne pouvait exister. Il ne laissa donc pas passer la publication des universitaires de Rutgers sans la dénoncer : « L'article du NAS, vient-il de déclarer, est encore une triste contribution à la campagne démagogique d'anti-science menée en faveur des gaz à effet de serre. Elle va à l'encontre des faits observables et des principes éthiques... Ce texte est plein de violations très méprisables des faits observables... ».
Morner a plus publié sur cette question qu'aucun autre scientifique de renommée mondiale. Et pourtant il n'est cité nulle part lorsqu'il est fait état d'une élévation du niveau des océans entraînant, prétend-t-on, des millions de « réfugiés climatiques ». Et notamment lorsqu'il a souligné quatre points passés sous silence ou contestés par la doxa climatique :
« Les jauges des marées mondiales montrent des taux moyens modérés ».
« De nombreux sites clés et sites de test ne laissent apparaître que peu ou pas d'élévation ».
« On ne trouve nulle part de trace de véritable « accélération ».
« L’altimétrie satellitaire laisse apparaître une augmentation moyenne de 0,5+/-01mm par an après étalonnage »,
« Les oscillations du niveau des océans dans le passé ont été plus rapides et plus brutales qu'au cours du dernier siècle ».
La climatologue américaine Judith Curry occupe une place à part dans ce créneau.
Ancienne directrice de l'Ecole de la Terre et des Sciences Atmosphériques de l'Institut de Technologie de la Géorgie, bien qu'appartenant au NOAA et ne refusant pas la notion de changement climatique quoiqu'elle n'y voie pas de responsabilité humaine, elle est très méfiante quant aux positions défendues par le Giec. Se retrouvant souvent sur la même ligne d'attaque que les "climato-sceptiques". Sur la question de la montée des eaux océaniques, tout en reconnaissant qu'elle existe depuis la dernière période glaciaire, elle conteste néanmoins que les gaz à effet de serre anthropiques en soient la cause. Elle considère en effet que ce phénomène s'est à plusieurs reprises dans le passé déjà produit et qu'il s'agit souvent d'une manifestation très locale dont les causes sont multiples et pas forcément générées par une fonte de glace arctique.
« Le niveau des mers, écrit-elle, continuera à monter quelles que soient les émissions de C02. Le chiffre donné par le GIEC de 3,14mm suggère qu'il n'y a eu aucune accélération étant donné les forts taux d'élévation océanique dans la première partie du XXe Siècle. Tant que nous n'aurons pas compris les variations des niveaux d'élévation décennaux et multi-décennaux nous ne pourrons faire aucune déduction quant à l'accélération ». Ajoutant encore que « … comme "le changement climatique", l’élévation du niveau de la mer a été imputé aux Humains. Le niveau des océans est monté pendant des milliers d'années, néanmoins, ainsi que le rapporte le papier de Kopp, il y a eu des périodes pouvant aller jusqu'au siècle, durant lesquelles, au cours du dernier millénaire, les océans se sont abaissés ».
Mais ont-ils le droit de s'exprimer ceux qui échappent au consensus canonique ?
Jim REEVES. Rivarol du 17 mars 2016