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La décadence de la République

Maxime Tandonnet s'inquiète de la prolifération du nombre de candidatures à la présidentielle :

"[...] Cette explosion du nombre des candidatures est un signe supplémentaire, un symptôme patent, de la vertigineuse désintégration de la vie politique française.

Tout d'abord, elle est le signe de la banalisation de la fonction présidentielle, qui n'a jamais cessé de s'aggraver depuis la mort de Georges Pompidou. Le président a perdu le prestige souverain qui s'attachait à sa personne au début de la Ve République et faisait de lui le guide de la France. Désormais privé de l'autorité morale, de l'image de sagesse et de visionnaire qui faisait jadis de lui un monarque républicain, il est devenu un personnage public comme un autre, une sorte de «super député» dont le territoire national est l'unique circonscription. Loin d'être perçu comme le chef de la Nation, il se présente aujourd'hui bien davantage comme le réceptacle des frustrations et des échecs, un symbole d'impuissance publique et une sorte de bouc émissaire français. Le chef de l'Etat incarne aujourd'hui «Monsieur Tout-le-monde». Il est logique que le poste attire tant de vocations : chacun se sent la capacité à assumer une fonction publique ressentie comme banale, ou à tout le moins, «normale»...

Ensuite, cet appétit présidentiel reflète un néant politique croissant. La fonction élyséenne, tout en étant banalisée, se retrouve hyper médiatisée. Le chef de l'Etat est présent du matin au soir dans la presse et les caméras de télévision. Toute la vie publique semble se concentrer dans ses faits et gestes, à l'image d'un régime d'opérette. Et quand on ne parle pas de lui, il n'est question que de ceux qui convoitent sa place... Ce culte de la personnalité à outrance sert à masquer le vide et l'absence de projet, d'idées, de volonté, de sens d'un destin collectif. Il exprime aussi la perte de tout esprit du bien commun. Jadis, sous la IIIe, la IVe, la Ve à ses débuts, servir efficacement et utilement la France comme Premier ministre ou ministre, voire député ou sénateur, prendre une part dans l'oeuvre collective d'un gouvernement ou d'une majorité, constituait un immense honneur et suffisait à combler la carrière d'un homme ou d'une femme politique. Désormais, il faut être président de la République à tout prix; étinceler sous les dorures de l'Elysée, ou rien. Pourquoi ? Parce que l'obsession narcissique d'être «numéro un» n'en finit pas d'écraser le sens de l'intérêt général et de contribuer au décrochage de la France, en Europe et dans le monde."

Michel Janva

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