Les favoris du scrutin sont sur le même créneau en économie. Pour eux, tout l'enjeu est d'arriver à se différencier.
« Je suis libéral et je l'assume ! » C'est le credo de tous les candidats à la primaire de la droite. Même Alain Juppé, qui a dégainé cette semaine ses propositions économiques, s'est converti. Résultat, les programmes se ressemblent furieusement (voir infographie).
« Il n'y a pas de schisme idéologique mais plutôt une différence de nuances », reconnaît le juppéiste Benoist Apparu. A charge pour les prétendants de faire entendre leurs différences.
Juppé se découvre en « libéral réformateur »
Certains lui reprochent son « flou » sur le terrain économique. Le maire de Bordeaux entend lever les ambiguïtés avec la sortie de son livre « Cinq Ans pour l'emploi » (Ed. Lattès) L'idée ? Créer une politique de l'offre pour restaurer la compétitivité des entreprises, plutôt qu'une politique de la relance par le pouvoir d'achat, comme le préconise Sarkozy. « C'est une vraie politique de droite », décrypte son entourage. Peu de mesures chocs, « mais un projet réaliste et applicable », assène Juppé, pour parvenir au plein-emploi en cinq ans. Durée légale du travail fixée à 39 heures, baisse des charges fiscales des entreprises et assouplissement des conditions de licenciement pour plus de flexibilité... L'entreprise est au cœur de son projet.
Le gros cadeau fiscal de Sarkozy
Un programme de baisse d'impôts et de charges sociales d'au moins 25 Mds€, voté dès l'été 2017, notamment 10 % de moins sur l'impôt sur le revenu. Rien que ça ! Voilà le « contre-choc fiscal » que promet l'ancien chef de l'Etat pour relancer l'économie... Sans préciser comment il le financerait. Nicolas Sarkozy veut sortir des 35 heures par des négociations au sein des entreprises, sans dire ce qu'il adviendra de la loi Aubry. Un piège pour celui qui avait déjà fait la promesse de s'attaquer aux 35 heures en 2007. Sur les retraites, le patron des Républicains est plus précis. « Dès l'été 2017, il y aura un projet de loi pour repousser l'âge légal à 63 ans dès 2020 et 64 ans dès 2025. Cela représente près de 20 Mds€ d'économies une fois la réforme montée en charge », a-t-il promis en février dans une interview aux « Echos », tout en précisant qu'elle s'appliquerait aussi aux régimes spéciaux.
Fillon, le Thatcher de la bande
En 2007, fraîchement nommé Premier ministre, il détonnait déjà avec son fameux « les caisses sont vides ». Candidat à la primaire, il est le premier à s'être positionné sur le terrain libéral. Depuis, tous les autres lui ont emboîté le pas. Mais Fillon reste celui qui va le plus loin. Réduire les dépenses publiques de 110 Mds€, développer le travail indépendant pour faire baisser le chômage ou encore court-circuiter les syndicats en instaurant des référendums en entreprise... le discours est résolument musclé. « Mais ce qui le différencie des autres, c'est son approche nationale économique. Il est en rupture avec la vision mondiale : il veut réorienter l'investissement des Français en France », résume le député filloniste Jérôme Chartier.
Le Maire, la méthode dure
Il ne veut pas imposer de « purge » aux Français. Contrairement à Fillon ou Juppé, qui prônent une hausse de la TVA pour baisser les charges des entreprises, il s'engage à ne pas augmenter les impôts des Français. Il leur propose même de petits cadeaux, tel un 13 e mois défiscalisé. Pas question pour autant, comme Sarkozy, de défendre une baisse de l'impôt sur le revenu. Mais le candidat du « renouveau » préconise aussi un traitement de choc. Il veut supprimer la fonction publique territoriale, revenir sur l'emploi « bureaucratique » à vie, privatiser Pôle emploi ou créer des « emplois rebonds », rémunérés en dessous du smic pour les allocataires du RSA très éloignés de l'emploi.
Olivier Beaumont et Valérie Hacot : Le Parisien :: lien
http://www.voxnr.com/cc/dep_interieur/EuyFkkAFkuGEBzPJCi.shtml