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La clarification du débat

La dynamique du premier tour de la primaire de la droite et du centre en faveur de François Fillon s’est confirmée hier soir lors du second. L’ex Premier ministre de Nicolas Sarkozy a très largement battu Alain Juppé,  récoltant plus de 66% des suffrages des  8% de Français inscrits sur les listes électorales qui se sont déplacés pour participer à ce scrutin. Comme au premier tour, les sondages font ressortir qu’environ 15% d’électeurs de gauche s’étaient aussi mobilisés pour voter Juppé et faire barrage à Fillon. La défaite de l’ex ministre de Jacques Chirac  apparaît d’autant plus cinglante. Le New York Times l’a noté, et c’est une des clés de sa victoire,  M. Fillon est apparu plus droitier sur les questions liées à l’identité et à l’immigration, « avec ses promesses de restaurer l’identité de la France et sa grandeur nationale ainsi que son langage dur sur l’immigration et l’islam ». «  (ll) a clairement fait un appel du pied aux électeurs de Mme Le Pen ». En effet, il a beau s’être défendu d’être « réactionnaire » et « conservateur », le vainqueur de la primaire a multiplié les signaux en direction d’un l’électorat attaché à la conservation de notre identité.  

Il n’y a pas qu’à Cuba qu’une page se tourne. La mise à l’écart d’Alain Juppé acte aussi  un changement d’époque que  le chantre de «l’identité heureuse» et selon ses propres mots hier soir  (détournant une formule mariniste), de «la France apaisée» , comprendre dans sa bouche généreuse au détriment des Français, n’a pas vu venir.

Le rejet du maire de Bordeaux par le cœur de l’électorat de sa famille politique lui a été signifié de manière très brutale.  Pour autant, à bien y regarder les programmes défendus par les deux hommes, à quelques détails près, étaient extrêmement proches, reprenant des promesses formulées déjà en 2007 par M. Sarkozy  (TVA sociale, 35 heures, baisse des charges et du nombre de fonctionnaires…).

Mais un candidat ou une candidate se présentant à la magistrature suprême est aussi jugé par les Français sur des critères plus subjectifs, liés  à  la perception de sa capacité à incarner la fonction. A cette aune un sondage Elab révélait que M Fillon avait été choisi par 45% des électeurs non pas tant sur son programme que sur sa personne.

Alain Juppé  a également payé à l’évidence le soutien de la majorité des grands médias à sa candidature  et les attaques contre François Fillon qui ont agrégé les électeurs de LR derrière son rival. A l’instar de cette sortie du trouble Pierre Bergé  déclarant que « Voter Fillon c’est voter pour la France réac, la Manif pour Tous, qui m’a menacé de mort (???). La France pétainiste. Quand va-t-on à Vichy» ?  C’est ce même M. Bergé qui avait retweeté le 17 mars 2013 le message suivant: «Vous me direz, si une bombe explose le 24 mars sur les Champs à cause de la Manif pour tous, c’est pas moi qui vais pleurer. » Il fallait toute la duplicité de M.  Fillon pour estimer suite à cette attaque que le «petit microcosme», «ces gens (qui l’attaquent) sont les meilleurs agents électoraux du Front National » !  Petit microcosme qui se ralliera sans mollir derrière sa candidature quand il s’agira d’affronter Marine le Pen.

A entendre certains commentateurs, M. Fillon serait un disciple de la droite anglo-saxonne, s’inscrivant dans la filiation de l’homme politique, philosophe  et  écrivain Edmund Burke (1729-1797), conservateur sur le plan sociétal, libéral dans le domaine de l’économie. Une manière d’appréhender le candidat de la droite eurolibérale que fait sienne le Daily Telegraph, qui comme CNN évoque un « Thatcher à la française », une « version française du thatchérisme mélangeant libéralisme économique et conservatisme social, un mélange que la France n’a encore jamais vu ».

Dans son discours qui a suivi l’annonce des résultats, François Fillon  s’est voulu martial:  « J’ai maintenant le devoir de convaincre tout un pays. J’ai le devoir de vaincre l’immobilisme et la démagogie. La gauche, c’est l’échec, l’extrême droite, la faillite. Je vais relever avec nos compatriotes un défi original en France: celui de la vérité et d’un changement complet de logiciel.» Le député LR Henri Guaino, invité hier d’Europe 1,  était pour le moins critique sur ce changement de logiciel,  fustigeant  le programme  filloniste,  dévastateur pour les classes moyennes et populaires, celui de « la droite de M . Thiers» qui n’a « aucune générosité », « aucune humanité ». Bref,  l’antithèse d’un projet voulant une  «nation unie par la solidarité », programme qui ouvre un boulevard à Marine Le Pen et au Front National.

Ce n’est pas la candidate  du FN  à la présidentielle  qui contredira M. Guaino. Elle  relevait hier  qu’ « On va se retrouver véritablement projet contre projet, et c’est sain ». « Jamais aucun candidat (M. Fillon, NDLR)  n’est allé aussi loin dans la soumission aux exigences ultralibérales de l’Union européenne (…). Je regarde le quinquennat de monsieur Fillon. Et pendant cinq ans, je vois qu’il a ouvert des mosquées salafistes et fermé des entreprises. » Marine défendra résolument  sa  « proposition patriote, avec la priorité nationale, avec la protection de nos entreprises face à la concurrence internationale déloyale» .

Bruno Gollnisch s’en félicite également, les mois à venir offriront l’occasion de clarifier le débat, de rappeler les mensonges, le passif de ce vieux compagnon de route de la  droite chiraco-sarkozyste, de pointer ses incohérences et ses faux-semblants… ça promet!

http://gollnisch.com/2016/11/28/la-clarification-du-debat/

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