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Sur le prétendu modèle social français

L'un des points forts du dernier débat de la primaire de droite, le 24 novembre, fut l'échange pendant 4 minutes à partir de 21 h 28, entre Alain Juppé et François Fillon sur le prétendu modèle social français. Rappelons-en ici la teneur :

Interrogé sur la rénovation du modèle social français, le futur vainqueur du débat s'en était pris à cette référence que l'on a coutume de situer, faussement mais non innocemment, en l'an 1945. "De quel modèle social parlez-vous ? Vous parlez d'un modèle social qui génère six millions de chômeurs, deux millions de jeunes sans formation, un modèle qui se traduit par le déclassement des classes moyennes, qui n'arrive pas endiguer l'explosion de la pauvreté (...), ce modèle social français n'existe plus dans la manière dont il est décrit".

"Ce modèle social français n’existe plus. On n’est plus en 1945. On est dans un monde ouvert, et on a besoin de changer ce modèle pour qu’il soit plus juste, qui puisse venir en aide aux plus défavorisés", a-t-il ajouté, observant que ce modèle "prend l'eau de partout".

"La meilleure politique sociale, c'est l’emploi", a-t-il souligné en conclusion.

Au contraire, Juppé déclarait souhaiter "consolider" le modèle social français : "La principale menace sur le modèle social français, considérait-il, c'est la politique menée depuis 5 ans et l'incapacité à maîtriser le chômage."

"Le modèle social français existe, déclarait alors Alain Juppé et j'ai l’intention de le consolider. Il faut le conforter et pas le casser, le consolider en y introduisant un principe de responsabilité".

L'ex-premier ministre proposait à ce titre de "décaler l'âge de départ à la retraite progressivement à 65 ans", "d'aider tous ceux qui sont dans une situation difficile : veufs, veuves, retraités agricoles" et "d'attacher une importance particulière aux chômeurs de longue durée avec un pacte de retour à l'emploi."

Une fois déclinée cette liste de cautères sur des jambes de bois, Alain Juppé a tenu à bien marquer son désaccord avec son rival François Fillon. "Je ne toucherai pas au taux de remboursement dont bénéficient les Français", a-t-il ajouté. Le maire de Bordeaux imagine plutôt possible "d'agir sur la gestion des caisses d'assurance-maladie, de lutter contre la fraude et de recadrer l'aide médicale d'État".

Volant immédiatement au secours de Juppé, une Christiane Taubira n'a pas manqué de qualifier le projet de Fillon comme un "cocktail ultralibéralisme-régression sociale".

Dans la pratique, les électeurs de droite n'ont pas hésité le 27 novembre en plébiscitant François Fillon et son projet.

Dès les déclarations du président "normal" dans le cadre de son discours de renoncement du 1er décembre, confirmées par les intox de ses partisans on a pu comprendre la gauche imagine possible de sauver sa propre unité de façade en se battant sur ce terrain.

  1. Juppé est sorti de course. Nous ne le regretterons pas. Ses propositions de nouvelle "consolidation" de la sécurité sociale iront aux poubelles de l'Histoire, du moins sous la forme qu'il suggérait le 24 novembre.

Dans le contexte actuel la seule "consolidation" qui s'impose sera celle des propositions de la droite, en commençant par une meilleure information sur ce que son candidat désigné par la primaire peut envisager s'il entend vraiment "désétatiser la protection sociale" et "donner la liberté à la liberté". On a entendu ces heureuses formules dans son grand discours du 18 novembre au Palais des Congrès. Il va devenir nécessaire de les préciser, de les documenter et de les confirmer.

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

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