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Marcher pour rester vivants !

La  Marche pour la vie a fait peau neuve. 2017 aura été l’année des grands changements, après l’interruption de 2016 pour cause de précaution sécuritaire à la suite des attentats de la nuit du  Bataclan.

Devenu une association à part entière, « En marche pour la vie » se trouve désormais sous l'égide de la fondation Jérôme Lejeune, Choisir la vie, Renaissance catholique et quelques autres. La communication s'est rajeunie, avec l'arrivée, notamment, des Survivants ces jeunes qui se perçoivent comme des survivants à un massacre qui a bien pu emporter un de leur frère ou une de leurs sœurs.

Au bout du compte, le message officiel a un peu changé. On demande que les hommes politiques rendent l'accueil de la vie plus aisé. L'abrogation de la loi Veil - avec ses 8 millions de victimes - n'est plus ouvertement affirmé dans les dossiers remis à la presse pour présenter les objectifs officiels de la manifestation, ce qui explique peut-être la présence de Sens Commun parmi les soutiens officiels de la Marche.

Des dissidents et des « survivants » pour la vie

Pourtant, les 50 000 marcheurs pour la vie n'ont pas de doutes à ce sujet. Ils ont applaudi à tout rompre Philippe de Villiers, qui a participé à la marche du début à la fin, en tête, et qui a clos l'événement avec un appel à ce que cette loi soit un jour enfin révoquée. Parce que l'avortement, il l’a dit, est un « crime ». Et que le rôle des pro-vie est désormais d'être des « dissidents ».

Des dissidents nombreux. Avec le soutien officiel, cette année, d'Alliance Vita et des Associations familiales catholiques, sans compter le message d'encouragement du pape François et de plusieurs évêques, la Marche pour la vie a certainement gagné en dimension. La veille au soir, Mgr Cattenoz d'Avignon présidait à la veillée de prières pour la vie...

Mais les choses ont donc un peu changé. La musique se fait plus forte, plus lancinante, plus rythmée que par le passé. Les pancartes et slogans officiels de la Marche répondent aux attaques actuelles contre les sites et organismes qui cherchent à dissuader les femmes d'avorter. « Information censurée = bébé en danger » ; « IVG : dire la vérité c'est dissuader » ; « Garder son bébé c'est la vraie liberté », clament des centaines de pancartes brandies par les marcheurs. « Protéger le faible, ça c'est fort », rappelle cette autre banderole à l'heure où plus de 96 % des trisomiques dépistés avant leur naissance sont éliminés par avortement dit médical, la Marche demandait notamment « la révision de la politique de santé qui conduit à l'élimination en masse des enfants trisomiques avant leur naissance ».

Musique et enthousiasme

Ce qui frappe, dans le froid de cet hiver glacial, c'est l'enthousiasme des marcheurs. Parmi les milliers de personnes venues de près et de loin - et combien de personnes ai-je revues, perdues de vue depuis des années et qui sont là sans doute pour la première fois -une belle majorité de jeunes. Le propre des pro-vie est précisément d'accueillir la vie et cela se voit. Il est plus facile de rassembler ce genre de troupes pour dénoncer FIVG que pour contester la politique « anti-femmes » de Donald Trump - cette manif-là a péniblement atteint les « quelques centaines » dénombrées par France Info, mais elle a bénéficié d'une incomparable couverture médiatique. Les lois démographiques vont faire le reste. Comme aux États-Unis, l'avenir est à ceux qui ont des enfants.

Une image reste gravée dans mes yeux et dans mon cœur : celle d'une ravissante jeune fille trisomique - elle avait participé à la bouleversante vidéo censurée par le CSA, Chère future maman - dansant seule, souriante et radieuse sur le pavé du boulevard des Invalides, au rythme de la sono. À elle seule, elle était un message, elle était même le message de cette marche. La vie, toute vie humaine est sacrée, et vaut la peine d'être vécue.

C'est ce qu'a déclaré Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour la justice et le droit (ECU) qui s'est exprimé sur le podium avant le départ de la marche, place Denfert-Rochereau : il appartient aujourd'hui aux jeunes et à tout homme de témoigner de « la sainteté de la vie ». Représentant la Marcia per la Vita de Rome dont elle et la présidente, Virginia Coda Nunziante a elle aussi déclaré qu'il est urgent de changer les lois. « La bataille contre la vie est une bataille mondiale, il est important d'être unis dans le combat, parce que nos adversaires sont unis pour détruire la vie, pour imposer une culture de mort », a-t-elle déclaré : « La loi Veil est une loi qui tue les enfants, elle a fait plus de victimes en France que les deux guerres mondiales. Les lois pour l’avortement doivent être abolies dans tous les pays, c'est notre but. »

L'exemple des États-Unis

Venu des États-Unis, le P. Shenan Bocquet, directeur de Human Life International, n'est pas d'un autre avis. Dans la foulée du déjeuner offert aux responsables des délégations étrangères avant la Marche, il m'a redit l'importance de revenir à des lois pour la vie. Aux États-Unis, le slogan des pro-vie lors des Marches pour la vie est limpide, et pour le P. Bocquet il n'y a pas d'autre moyen que celui-ci : « Il faut commencer par l'affirmation de la vérité, et appeler continuellement les gens à monter vers elle. Donc, "pas de concessions, pas d'exceptions " c 'est notre slogan, quelles que soient les circonstances qui ont amené cette vie à l'existence, et quel que soit l'état de maladie de l'enfant - pas d'exception ! Ce qui a permis à la Marche de Washington de vraiment fonctionner, c'est la persévérance - de garder le cap en portant toujours le même message. Notre objectif est défaire changer les lois, mais aussi les cœurs et les esprits. L'important, c'est de toujours rejeter clairement les exceptions. Pour toucher les gens, il faut leur faire comprendre qu'il s'agit d'une vie humaine, pour petite, fragile qu'elle soit. Aujourd'hui les gens se sont laissé convaincre que l’avortement est acceptable, parce qu'il est permis. À nous de faire comprendre qu'il n'est pas acceptable. » Aux États-Unis, on peut dire que cette stratégie est en train de porter ses fruits. L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche marque aussi un changement fondamental par rapport aux lois de mort qui ont cours outre-Atlantique. Le nouveau président est décidé à nommer un juge pro-vie à la Cour suprême, ce qui est un premier pas vers le renversement de la jurisprudence Roe v. Wade par laquelle l'avortement s'y est imposé. Mike Pence, le nouveau vice-président, devait se rendre en personne à la Marche pour la vie à Washington. Rien de cela n'aurait été possible sans l'obstination des militants pro-vie américains, qui ont toujours cru à l'importance de la moindre de leurs actions et manifestations, et qui ont su imposer le thème du respect de la vie dans la campagne.

Le P. Bocquet voit dans ce changement politique une véritable ouverture pour le mouvement pro-vie, surtout * en raison de l'équipe dont il s'est entouré » : « Ce sont des gens avec qui nous avons travaillé au cours des ans, parce qu'ils ont exprimé leurs positions pro-vie de manière très audible. » Et, m'a-t-il dit pour répondre à ma dernière question, « oui, c'est un fruit de notre engagement, de tout le travail que nous avons fait ».

Aux États-Unis, les pro-vie ont le vent en poupe sur le plan politique. On ne peut pas en dire autant de la France mais du moins l'exemple américain montre-t-il l'intérêt de la ténacité et de la clarté des objectifs. 

Jeanne Smits monde&vie février 2017

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