A quelques jours du grand rassemblement de Villepinte pour le 1er mai, Marine était hier soir à Nice, ville à l’étymologie de bon augure!, pour une réunion publique qui a rassemblé les foules, dans un palais Nikaïa chauffé à blanc. Une nouvelle occasion de marteler le caractère diamétralement opposé des deux projets portés pas les candidats de ce second tour. Celui d’un côté de la renaissance patriotique, d’un peuple protégé de la violence de la mondialisation, d’une nation qui fait de ses racines, de sa richesse humaine une force. De l’autre l’enterrement de première classe de 15 siècles d’identité française, le règne du libéralisme sans frein ni conscience, celui de la liberté du renard dans la poulailler, du déclin mondialiste, d’un monde gris, désincarné et sans âme, celui des salles de marché. La candidate national a beaucoup insisté, et c’est heureux, contre la marchandisation du monde, le règne de l’argent roi comme unique horizon qui est celui du poulain de MM. Minc et Attali. Un thème capable de fédérer autour de la candidature de Marine aussi bien un électorat de droite qui n’a pas oublié les enseignements véhiculés par les valeurs helléno-chrétiennes qui structurent notre civilisation, qu’un électorat de gauche qui refuse la dictature des banques, l’ordo-libéralisme. Selon un sondage Odoxa pour France info diffusé ce matin, après le passage des deux candidats à l’usine Whirlpool, Marine Le Pen est jugée plus sincère par 49% des sondés contre 45% qui jugent que c’est le candidat de l’UOIF, de la Commission européenne et des fonds de pension anglo-saxons.
Car la peur du grand méchant loup Le Pen que les privilégiés du Système essayent de réactiver pour sauver leurs fesses, ne fonctionne plus avec la même efficacité qu’avant, même dans les quartiers a priori les plus hostiles. Dans Le Monde, Yves Dormagen, professeur à science-po Marseille, constate le regard différent porté sur le FN à quinze ans d’intervalle, par les habitants de la cité des Cosmonautes, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : .« En y retournant j’ai été très surpris. Il n’y a plus la peur du FN qu’il y avait (en 2002) où il faisait l’objet d’un rejet radical. La méfiance persiste, d’autant qu’il y a beaucoup d’électeurs d’origine étrangère, mais il y a beaucoup de passivité vis-à-vis du FN. Les gens se disent “est-ce que ce serait vraiment pire ? ». « Macron leur fait peur. Beaucoup de ménages sont à 100 euros près. La suppression de l’APL [aide au logement] ou d’autres aides sociales les ferait basculer dans la pauvreté. Or, Macron est perçu comme le candidat des riches – de ce point de vue, son dîner à La Rotonde est une catastrophe. Dans la cité, les gens sont peu politisés, mais ils craignent le Macron banquier et libéral, poursuit le chercheur. Une aide-soignante l’appelle “Macron les grandes dents”. Alors que vis-à-vis de Le Pen c’est paradoxal : il y a à la fois une méfiance, et une sympathie parce qu’elle s’affiche comme celle qui défend les petits. »
Bien sûr, et comment pourrait-il en être autrement, une quarantaine « d’associations et syndicats de la culture » vivant de prébendes diverses et variées, dans l’orbite de la gauche socialo-communiste ou socialo-trotskyste (CFDT Culture, CFTC, CGT Culture, etc.) ont appelé avec le même élan pavlovien, à « participer au scrutin du 7 mai, à voter pour faire barrage au FN » et à « ses idées antidémocratiques de rejet de l’autre et de repli sur soi ». Elles organiseront avec une Ligue des droits de l’homme et une Ligue de l’enseignement du même mauvais métal une manifestation le 2 mai. Pour autant, preuve de la pression de la base sur les dirigeants syndicaux, les organisations syndicales (moins de 6% des salariés en France…), ont été incapables de parler d’une seule voix sur les consignes de vote et d’organiser une manifestation unitaire le 1er mai…
Dans cette mauvaise farce, les rôles sont bien distribués, le très suffisant mélenchoniste, toujours en retard d’une guerre, Gérard Miller, votera Macron, bégayant sur les plateaux son vieux couplet sur la lutte prioritaire contre le fascisme, suivant en cela le comédien-homme-de-gauche Philippe Torreton qui , après avoir fait les yeux doux au candidat de la France Insoumise, le conspue aujourd’hui. « Dimanche soir, a-t-il déclaré, j’ai vu Benoît (Hamon) appeler à faire barrage au Front National sans ambiguïté, mais nous avons été des millions à constater que La France insoumise est mauvaise perdante : elle boude et fait la gueule et se retrouve incapable d’appeler à voter Macron, comme son leader délégué général avait appelé du temps où il était cadre sup au PS à voter Chirac ». « Pourtant, en termes de probité et de batterie de cuisine aux fesses, entre Chirac et Macron, il y a un monde. Jean-Luc, ça fait quoi de voir ses électeurs dragués par l’extrême droite ? ». Comme quoi, être un (bon) acteur ne donne pas les clés pour comprendre le théâtre politique…
Il n’est pourtant pas dur de comprendre que les amis de Jean-Luc Mélenchon, l’aile gauche du PS incarnée par Benoit Hamon et Martine Aubry, exposent au grand jour, chacun à leur manière, toute la duplicité qui est la leur. Ils apparaissent déchirés entre leur idéologie immigrationniste – elle sous-tend leur haine assez pathologique de l’Opposition nationale, populaire et sociale – qui les conduisent à affirmer que pas une voix ne doit se porter sur Marine le 7 mai, et leur volonté de ne pas apparaître dans la perspective des législatives et de la recomposition à gauche pour ce qu’ils sont vraiment. A savoir les éternels idiots utiles d’un mondialisme qui matraque les classe moyennes et populaires.
Ce qui explique le choix d’un Mélenchon, de ne pas appeler explicitement au vote Macron, comme l’ont annoncé sans barguigner Gattaz, Raffarin, Valls, El Khomry ou Estrosi, tout en exigeant de faire barrage à la candidate désignée comme l’ennemi à abattre par une oligarchie qu’il a conspué tout au long de sa campagne. Pas sûr que tous les électeurs de Mélenchon, du moins les plus conscients, ceux qui entendent vraiment renverser la table, suivent les consignes des révolutionnaires d’opérette et autres alliés de revers du Medef qui forment l’Etat-major de la France insoumise que sont un Manuel Bompard, un Eric Coquerel, un Alexis Corbière, une Danielle Simonnet…
Il n’est pas étonnant de la même façon, souligne Bruno Gollnisch, qu’une trentaine de sociétés de journalistes, par ailleurs employés des médias aux mains des sept milliardaires soutiens d’Emmanuel Macron et/ou travaillant pour le service public – BFMTV, Les Échos, Le Figaro, France 2, France 3, France 24, France Culture, France Info, France Inter, L’Humanité, Libération, M6, Mediapart, Le Monde, L’Obs, RFI, RMC, RTL, Télérama, TF1… -, les élus du SNJ-CGT et de la CFDT de La Voix du Nord, aient attaqué le FN qui mettrait en danger la liberté de la presse. Il fallait oser ! Ils osent d’ailleurs tout, mais quel crédit possède encore cette caste journalistique dont le tropisme de gauche, le grégarisme intellectuel et l’hostilité militante aux idées nationales (à d’heureuses exceptions près) n’échappent pas aux Français ? Le vote du 7 mai sera aussi une occasion de le mesurer.