Le rapport de la Cour des comptes, particulièrement accablant pour le gouvernement Hollande, pointant son insincérité, est tombé. Les résultats de cet audit des finances publiques auraient surpris nos dirigeants (même Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie d’août 2014 à août 2016???). « Nous héritons d’un dérapage de 8 milliards d’euros. C’est inacceptable » a réagi le Premier ministre Edouard Philippe, jouant la partition de l’indignation douloureuse devant cette découverte inattendue…. Les magistrats financiers exhortent le gouvernement à prendre « des mesures de gestion rigoureuses », à procéder à « un effort d’économies sans précédent », si la start-up France sur laquelle entend régner la nouvelle équipe entend baisser le déficit. Faute de quoi celui-ci ne passera pas sous la barre des 3% du PIB, comme l’exige Bruxelles. Il a été rappelé ces dernières heures que l’ex gouvernement, aux échecs duquel M. Macron a pris toute sa part, avait promis de ramener ce fameux déficit à 2,3%. Déjà résonne dans les allées du pouvoir la petite musique expliquant aux Français que dans ces conditions, mille fois hélas, c’est ballot ma pauvre dame, les promesses de campagne du candidat Macron seront certainement reportées à un avenir meilleur… Le Premier ministre a donc promis « des mesures d’économies» mais pas de hausses d’impôts. Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, annonçait lui d’ores et déjà jeudi sur France 2 une « décision difficile »: il n’y aura « pas d’augmentation du point d’indice » pour les fonctionnaires. Toutes choses qui seront certainement évoquées par le Président de la République le 3 juillet devant le Congrès, le parlement réuni à Versailles, « une communication qu’il veut comparable au discours sur l’état de l’Union du président américain » nous explique Le Monde
Tropisme américain qui n’est plus l’apanage des années présidentielles bling-bling d’un Nicolas Sarkozy, comme le démontre de manière éclatante et très symbolique, la photo officielle du nouveau Président. Elle a été réalisée par Soizig de la Moissonière, présente comme photographe lors de sa campagne, qui fut aussi l’auteure de la photo de la présidentielle de François Bayrou en 2012. Un cliché, dans tous les sens du terme, qui emprunte autant au portrait officiel de Barack Obama qu’aux visuels des séries hollywoodiennes comme l’a noté le Huffington Post … qui en connaît un rayon dans ce domaine.
Le Figaro s‘est arrêté sur la symbolique des objets qui ont été disséminés sur ce portait immortalisant le successeur de François Hollande, lesquels bien sûr n’ont pas été placés au hasard. Ceux d’un « président-littéraire-maître-du-temps-connecté-à-son-époque»… mais pas seulement. «Les livres qu’il a choisis ont été disposés sur le bureau. Les mémoires de Guerre du général De Gaulle est ouvert à sa droite. Un recueil des œuvres de Stendhal, dont Le rouge et le noir, et un autre d’André Gide, dont Les nourritures terrestres - plus consensuel que le Corydon !, NDLR - , sont posés sur sa gauche. Tous dans les éditions de la Pléiade. Il y a aussi un encrier surmonté d’un coq qu’Emmanuel Macron a trouvé là (sic) en prenant possession du bureau. Il y a enfin l’horloge du Conseil des ministres, celle qu’il regarde tous les mercredis pour vérifier s’il est dans les temps ou s’il prend du retard.» Ajoutons, pour rester dans le domaine d’une symbolique lourde de sens, que l’horloge en question a été posée devant le drapeau européen, lequel a été placé à droite de l’image, c’est-à-dire spatialement dans le sens de l’avenir; manière de démontrer que la maîtrise du temps n’appartient plus vraiment au gouvernement élu par les Français mais à Bruxelles, et que l’heure de l’effacement de la France a (définitivement?) sonné.
La droite républicaine accompagnera-t-elle ce déclin français programmé par les élites mondialisées, comme elle l’a fait ces dernières années, ou aura-t-elle le courage, le sursaut intellectuel et moral, d’en finir avec les trahisons constantes de sa base électorale depuis l’ère Giscard? Une partie de cette droite là a au moins clarifié la situation en se ralliant à M. Macron. Les autres républicains crient aujourd’hui au scandale après l’élection des trois questeurs à l’Assemblée nationale. Il est en effet d’usage qu’un des trois postes soit réservé à l’opposition. Eric Ciotti devait l’obtenir, mais c’est Thierry Solère, membre du groupe (scissionniste?) des LR-UDI dits constructifs, macron-compatibles, qui en a hérité. Christian Jacob, président du groupe LR canal historique, a manifesté sa colère : « jamais dans l’histoire de notre Assemblée les droits de l’opposition n’ont été piétinés comme ils ont été piétinés » a-t-il déclaré. « Je souhaite que ceux qui ont décidé de ne pas siéger dans notre groupe quittent notre parti ou en soient exclus», nous assistons «une rupture dans l’équilibre des pouvoirs» et «un hold-up démocratique a affirmé de son côté ce jeudi M. Ciotti.
Déséquilibre antidémocratique qui certes, note Bruno Gollnisch, ne gênait pas Eric Ciotti quand il affirmait au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC en mars dernier, qu’il « veillera toujours à ce qu’il n’y ait pas d’élus Front National » dans son conseil départemental. Mais bon, sous la pression des événements et des électeurs, nous voulons bien croire que cette affirmation-là ne sera peut-être pas définitive…