Le premier danger est s’abriter derrière des mots mal définis, rassurants, et de préférence en « isme ».
Après l’attentat dans le métro, vendredi dernier, M. Sadiq Khan, maire de Londres, a déclaré : « Nous ne nous laisserons jamais ni intimider ni battre par le terrorisme. »
Propos guerriers, et, certes, nous sommes en guerre, tout le monde s’accorde à le penser, même MM. Hollande et Valls l’ont proclamé. C’est dire qu’il y a là une évidence !
Mais M. de La Palice aurait pu le dire : si guerre il y a, il y a nécessairement un ennemi qui nous la fait, mais cet ennemi, est-ce le terrorisme ?
Le terrorisme n’est rien d’autre qu’un acte de guerre. Ce n’est pas l’ennemi mais seulement un de ses modes d’action. Imagine-t-on Churchill disant, en pleine bataille d’Angleterre, « Notre ennemi c’est le bombardement » ? Non, l’ennemi, c’était l’Allemagne. La Grande-Bretagne était en guerre contre l’Allemagne, rien de plus, rien de moins.
Il nous faut donc nous poser LA question : cette guerre actuelle, asymétrique, aux multiples modes et théâtres d’opérations (Europe, Amérique, Moyen-Orient, Afrique, Asie), qui donc nous la fait et à qui devons-nous donc la faire ?
Dans l’immense confusion des mots (terrorisme, islamisme, radicalisme, djihadisme…), plus personne ne s’y retrouve. Serait-ce un fait exprès ?
Nous le savons depuis Clauzewitz : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. » Alors, ce terrorisme – qu’il soit qualifié d’islamiste, islamique, musulman, qu’importe -, au service de quelle politique est-il ?
À les entendre, nos terroristes et djihadistes de tout poil visent à l’instauration de la charia et du califat qui la fera respecter par l’exercice de son pouvoir politique. Sont-ils les seuls ? N’ont-ils donc pas d’alliés servant la même cause mais « par d’autres moyens » ?
Sans même avoir à chercher bien loin, restons-en aux proclamations des uns et des autres :
– Les Frères musulmans proclament « Le Coran est notre Constitution ».
– Certaines personnalités musulmanes ne cachent pas leurs intentions conquérantes en Europe, tel le cheikh Youssouf al Qaradawi, de l’UOIE (Union des organisations islamiques européennes, dont la branche française est l’UOIF), qui déclarait en 2002 : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons. »
– Tariq Ramadan : La France est une culture maintenant musulmane. La langue française est une langue de l’islam. »
– Et Tareq Oubrou, vous savez, cet imam modéré, décoré par Alain Juppé et œuvrant à Bordeaux, qui déclarait dans les années 90 – déjà ! – qu’« en l’absence du califat – aboli par Mustafa Kemal “d’origine juive déguisé en musulman” (sic) – qui est le symbole de la force et de la réunion des musulmans, la Oumma se trouve en situation de péché, car le califat est une obligation. Sans califat, les musulmans sont pécheurs, sauf ceux qui luttent pour l’instauration du califat. »
En clair dans cette guerre nous percevons bien qui est l’ennemi : ce n’est pas l’islam religion, celle-ci comme les autres a sa légitimité, ses grandeurs et ses beautés, mais bien, quel que soient ses modes d’action, l’islam politique qui prétend régenter notre société. Le premier danger est de refuser de le désigner comme tel et de s’abriter derrière des mots mal définis, rassurants, et de préférence en « isme ».
Xavier de Boissard
Texte repris du site Boulevard Voltaire