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La Conférence internationale de Chisinau, à la portée prometteuse

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Nicolas Tandler

A Chisinau, capitale de la Moldavie, république située entre la Roumanie et l’Ukraine (plus connue des amateurs d’histoire contemporaine sous le nom de Bessarabie au XXe siècle), il s’est tenue à la mi-décembre 2017 une conférence internationale. Avec la participation d’orateurs français de qualité, sur le thème redoutable du « capitalisme financier », pour le moins esquivé en Occident. Les retombées de cet événement indiquent que son but a été atteint, et justifient de revenir sur le sujet, aux incidences multiples.

Les Français conviés à s’exprimer à Chisinau : Ivan Blot, qu’on ne présente plus, Valérie Bugault, juriste spécialiste en matière financière, Hervé Juvin, économiste de réputation internationale, Emmanuel Leroy, analyste politique combatif bien connu. Ces intervenants ont illustré leur pays à cette occasion, atteignant la même cible, sans se recouper. Ils n’ont pas déparé dans un aréopage de spécialistes aussi pointus que clairs.

Le pari réussi des autorités moldaves

Les autorités politiques de la jeune république (fondée en août 1991) de 3 700 000 habitants, à la création dramatique, le Président Igor Dodon et le Premier ministre Paul Filip, avaient pris le risque de lancer un non-événement. Non seulement cela n’a pas été le cas, mais une pierre fondatrice a été posée, pour un combat de longue haleine, essentiel pour l’avenir du genre humain.

On ne nous en voudra pas de devoir nous limiter à un compte-rendu des intervenants français, un numéro entier d’hebdomadaire ne suffirait pas à rendre la richesse des prises de position. Mais la conférence aura des suites, n’en doutons pas.

Valérie Bugault a fait preuve une fois de plus de sa parfaite maîtrise des circuits et de l’esprit des groupes financiers en démontant les éléments du « Nouveau Ordre Mondial », accapareur de richesses. Elle n’a pas hésité à remonter à Montesquieu pour bien appréhender la situation présente, et les procédés des détenteurs de l’économie.

Un éclairage de l’actualité récente

Sa dissection du secteur bancaire n’a rien laissé dans l’ombre, et elle a dégagé la signification réelle de bien des termes en usage, de fait incompris. Elle n’ a pas laissé d’illusions aux éternels optimistes, le salut ne viendra pas de l’Occident, tout en évoquant la seule arme efficace, le droit. Ivan Blot, pour sa part, a tranché le nœud gordien, n’hésitant pas à éclairer l’actualité la plus récente en France. Tout en revenant à Adam Smith comme à Lénine, et en se confrontant aux contradictions idéologiques.

Il s’est référé à l’exemple helvète, le prenant par ses côtés si évidents que personne ne les voit plus. Et loin de désespérer, il a évoqué la fin de la tyrannie des sectateurs de Mammon, de la manière la plus plausible. Lui aussi a envoyé aux auditeurs une bouffée d’espérance.

Hervé Juvin s’est interrogé sur la recherche de la survie par l’entrée dans un quatrième monde, celui du retour à la politique. Il a exploré le potentiel des ressources naturelles, sous tous leurs aspects. Et il a dévoilé les mensonges fondamentaux attachés présentement à cette question. Dans un second temps, il s’est dressé face à un autre mensonge, celui du “développement” permanent. En guise de conclusion, il a dévoilé l’effondrement politique de l’individualisme, tant prôné en ce moment, au travers du système libéral.

Des solutions à cette tragédie

Avec lucidité, il conclut sur la fin de l’ego, et démasque « le moyen subtil d’employer le travail forcé » grâce au « mouvement de la fin des frontières ». Ne se contentant pas de dénoncer, il recherche les solutions à cette tragédie, dans l’immédiat, et il nous prie de ranger au musée les figures tant prônées de Milton Friedman ou de Friedrich von Hayek.

Le rejet du matérialisme, la recherche de la diversité, voilà la voie du salut. Même s’il faut pour cela se remémorer la Conférence de La Havane de 1948-1949. Quant à Emmanuel Leroy, parlant au nom du Comité Jean Parvulesco, il a condamné le troupeau de ceux qui sont élus pour « servir les intérêts, dans tous les sens du terme », et qui ont érigé « la dictature de la dette ».

« remettre les marchands du temple à leur place »

Soulignant les étranges analogies entre les expériences américaine et soviétique, il réclame la libre entreprise, oui, « mais au service de la collectivité ». « L’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux banquiers », et demande le contrôle de la puissance régalienne. Et il revient sur l’essentiel : « trancher le nœud gordien de l’argent-dette », en énumérant les multiples mesures à prendre en ce sens. En peu de mots comme en cent, « remettre les marchands du temple à leur place ».

Il s’interroge sur l’initiative suisse, dite de la monnaie pleine, la démonte, la salue. Oui, il faut que le secteur financier soit au service de l’homme et non pas l’inverse. Sa conclusion respire un optimisme clair : le basculement du monde s’enclenche.

Oui, la Conférence de Chisinau constitue un signal dans les ténèbres du système qui nous enserre. Venu d’un petit pays, son appel est promis à l’avenir des prophéties irrésistibles. Moins l’Occident y fera attention, plus son destin sera catastrophique. Il n’y aura pas à attendre des décennies, oh que non.

Lu pour vous dans Rivarol,

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