Georges Feltin-Tracol
Au début des années 2010, on aurait pu imaginer que la dislocation de la soi-disant Union européenne proviendrait du défaut de paiement de la Grèce, voire de Chypre, de l’Espagne, de l’Irlande et du Portugal en pleine crise de la dette de la monnaie unique. Ce ne fut pas le cas. L’éclatement de cette union supposée européenne pourrait-il être provoqué par la crise des « migrants » ?
L’arrivée d’un gouvernement Jaune – Vert (5 étoiles-La Ligue - NDLR) à Rome rebat en effet les cartes de l’équilibre politique intra-européen. Par des actes forts, le nouveau ministre de l’Intérieur et second vice-président du Conseil Matteo Salvini démontre qu’une ferme détermination peut endiguer une part, certes modeste, de la déferlante migratoire. Il y a un an, les cadres européens de Génération Identitaire affrétaientun navire, le C-Star, naviguaient au large des côtes libyennes et lançaient la campagne « Defend Europe » en suivant l’excellent exemple australien. Matteo Salvini s’inspire de leur démarche en lui donnant un caractère régalien incontestable.
L’attitude italienne déplaît à l’Espagne, à Paris et à Merkel. Cependant, si à la fracture Nord – Sud sur le sort de l’euro s’ajoute dorénavant une opposition Est – Ouest, il serait impropre de spéculer sur la formation rapide d’un « bloc mitteleuropéen ». En effet, cet ensemble se trouve par ailleurs divisé. L’accord de coalition Mouvement Cinq Étoiles – Ligue stipule une répartition obligatoire des immigrés dans tous les États-membres de l’Union pseudo-européenne. Or la Hongrie vient de rendre cette mesure inconstitutionnelle. Les États du Groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) ne veulent pas être solidaires des États en première ligne du flot migratoire (Italie, Grèce, Malte, Espagne) comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande et les pays baltes rejettent toute solidarité monétaire, économique et financière avec leurs partenaires méridionaux.
L’« axe Berlin – Vienne – Rome » évoqué par le chancelier autrichien Sebastian Kurz et le ministre fédéral allemand de l’Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer, reste une simple intention tandis que le moteur franco-allemand s’enlise vraiment malgré les tentatives répétées d’Emmanuel Macron de relancer le « Machin » eurocratique. Les élections européennes du printemps 2019 pourraient confirmer un phénomène déjà visible sur tout le continent. Le « dégagisme » anti-Système atteindra bientôt Bruxelles !
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• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°85. cliquez ici